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L’occasion fait le larron ou L’échange de la valise de Gioachino Rossini par l’Atelier Lyrique de Tourcoing

Orage, ô désespoir.
C’est ainsi que nous pourrions résumer la première partie, sur cette appropriation des vers de Corneille, la pièce issue du livret de L'Occasione fa il ladro / L’occasion fait le laron de Gioacchino Rossini, inspirée d’une pièce française à succès Le prétendu par hasard écrite par Eugène Scribe. Une oeuvre qui se veut dans la plus pure tradition du vaudeville, fondée sur le comique de situation, avec une action pleine de rebondissements.

L'histoire de cet opéra de Rossini

Ici, point de « Ciel mon mari », l’histoire ne parle pas d’adultère, Don Parmenione à la recherche de la sœur d’un de ses amis, et son serviteur Martino fuient une tempête et trouvent refuge dans une auberge. Ils y font la connaissance du Comte Alberto qui est en route pour rencontrer sa future femme qu’il n’a jamais vue. En repartant, Albert prend par mégarde la valise de Don Parmenione. Lorsqu’il découvre l’échange de valise, Don Parmenione tombe sous le charme du portrait de la promise.

Originellement, cette pièce est un intermezzo, intermède joué pendant les entractes d’une pièce jugée plus sérieuse. Toutefois la qualité de la mise en scène, des costumes et les prestations de haut-vol, tant de la part des chanteurs où des musiciens de La Grande Écurie et de la Chambre du Roy, font de ce dernier rendez-vous de l’année, un incontournable.

Les personnages

Jérémy Duffau propose une interprétation du Comte Alberto proche du personnage de Pierre Mortez / Thierry Lermitte dans "Le Père Noël est une ordure", a l’allure élancé, mais rigide, un peu naïf dans ses propos, légèrement couard mais finalement assez téméraire pour s’opposer à un Don Parmenione - Christian Senn, à l’allure d’un Casanova gominé, fier et sûr de lui et Martino - Sergio Gallardo, son serviteur. Ce dernier, dans cette acceptation d’une représentation comique, notamment par ses frasques, et l’exagération de certains traits (peur), se rapproche d’un jeu de Stan Laurel du duo comique Laurel et Hardy.

L’opposition entre les deux protagonistes à la recherche de la « sposa » est également franche, tant sur le caractère que sur la « philosophie », l’un priant les Dieux pour que l’Amour triomphe des éléments, le second, tiraillé par la luxure, se voue à Bacchus, au vin et au sexe.

Faisant d’ailleurs ses débuts à l’Atelier Lyrique de Tourcoing, Christian Senn dévoile ici une palette impressionnante et un jeu impeccable. Le baryton, habitué au salles importantes, figure très recherchée dans le répertoire belcanto, prouve a contrario de son personnage qu’il n’est pas une imposture ! Ses grandes qualités de jeu et vocale, collent parfaitement au personnage.

Une mention particulière est à attribuer a la scénographe et costumière, Anne Bothuon, qui nous propose une vision ancrée dans les années 70 avec les coupes de cheveux, les mini-jupes, les couleurs... Tout un univers qui colle à merveille avec la pièce présentée et qui dépoussière le thème, de l’Amour, universel, intemporel !

Ernestina – Pauline Sabatier, campe ici un personnage, nous oserions loufoque, savoureux mélange entre une Nicole Cruchot (Le Gendarme…) et les personnages féminins de Tim Burton, femme fatale, libidineuse mais en même temps loufoque, presque dangereuse, le passage où elle poursuit Martino avec un sécateur le démontre à merveille. Femme décomplexée, le récitatif devant la planche à repasser prouve qu’une fois de plus que Pauline Sabatier est capable de rôle plus sombre comme dans la Clémence de Titus comme de rôle plus théâtral et burlesque.

A ses côtés, Bérénice – Pauline Tilquin, comme son homologue masculin Alberto est bien plus nuancée. En prise avec la réflexion, sa peur d’être déçue l’emporte et elle reste au final, un personnage qui pourrait paraître plus effacé. Au fil de l’intrigue, Bérénice se dévoile, en finesse, comme un cœur à prendre avec élégance.

Quant à Donc Eusebio – Nicolas Rivenq, il est cette figure paternelle, protectrice. Le rôle est détonnant et son récitatif, fut un immense moment, redoublant d’applaudissement. La palette de jeu, le vaste répertoire couvert par Nicolas Rivenq, du Baroque au Comtemporain donne à ce personnage une allure de capitaine de navire et devient une solide assise, un arbitre dans ce duel hommes-femmes.

La fin de saison de l'atelier lyrique

Au final, un happy ending à l’américaine, tout est bien qui finit bien. Cette opéra de Rossini, peut donc, par la légèreté du sujet abordé, être une première approche de l’opéra, pour les novices, une belle mise en bouche et pour les connaisseurs, cela ne peut que confirmer le talent de l’Atelier Lyrique de Tourcoing à nous proposer des œuvres de qualité.

Nous avons hâte de découvrir la programmation de la saison 2019-2020.

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