Il y a parfois des moments dans une vie où tout semble vous pousser à préférer le confort d'un chez soi à l'incertitude d'une sortie extérieure dans un lieu inconnu. Une semaine délicate, des températures à grelotter, un métro qui ne fonctionne pas (pléonasme lillois), autant d'éléments contraires à une pérégrination nocturne en ce vendredi d'automne. Nous concernant, l'appel de la musique l'emportera toujours sur ces contraintes et ce déplacement au cœur du quartier Moulins nous aura donné raison. Rendez-vous est pris avec Clio du côté de la Bulle Café aux alentours de 20h30 pour une soirée placée sous le signe de la belle (et jeune) Chanson Française. L'espace, déjà bien occupé, nous oblige à observer la scène en diagonale tout en slalomant entre les personnes de plus d'1m80. On a connu configuration plus adéquate, bien que l'esprit intimiste du lieu s'apprête pour le coup à la thématique du soir.
Paul Roman pour ouvrir les hostilités
A l'heure inscrite sur notre billet, Paul Roman ouvre les hostilités, le cheveu rebelle et la guitare sèche solidement harnachée. Durant une trentaine de minutes, l'artiste distille avec élégance les turpitudes amoureuses, entre moments de grâce et d'introspection et plus généralement de réflexions qui peuvent parler à chacune de nos âmes. Pour s'en convaincre, une plongée vers Demain suffit à illustrer le caractère classieux de la proposition du chanteur. De quoi ouvrir comme il se doit cette soirée avant de céder le passage à Clio.
Ce sera chose faite une poignée de minutes plus tard où nous retrouvons Paul à la basse, rejoint par Augustin aux claviers et aux chœurs sans oublier Emilie (si notre mémoire est bonne) à la batterie et autres boîtes à rythmes.
Clio se présente à son tour accompagnée pour l'occasion d'un invité mystère, enfant à naître ainsi déjà bercé par les bonnes ondes de l'esprit du live. Dans la douceur qui la caractérise, la chanteuse laissera durant 1h20 la part belle à son dernier opus Carambolages, faisant même l'impasse sur des hits tels qu'Amoureuse.
Clio, un authentique moment de poésie
Sans interdits, Clio navigue entre les titres comme dans autant de courts métrages que l'on se projette instantanément. Le récemment sorti Storytelling ne pouvant d'ailleurs mieux illustrer cette aptitude cinématographique.
Le public nous entourant semble des plus captivés à l'image de notre voisine, sorte de Siouxsie (sans les Banshees) mais dont l'habit ne fait pas le moine pour apprécier toute la saveur de cet authentique moment de poésie.
Pourtant pas gâtée par une lumière digne d'une boum de fin d'après-midi, la Bisontine sait malgré tout y faire pour nous embarquer avec elle dans son univers singulier qui a su convaincre par le passé autant Iggy Pop qu'Alex Beaupain. C'est d'ailleurs ce dernier qu'Augustin, régional de l'étape, remplace sur le titre ayant donné son nom au dernier album de la Belle. Un très bel instant de complicité (Clio n'hésitant pas durant toute la soirée à régulièrement vanner son camarade de longue date).
Clio, une pop à laquelle chacun peut s'identifier
Aussi bien quand elle fait L'imbécile, en Taxi, quand elle est saoule ou encore à Paris sans toi, l'artiste sait raconter avec justesse les tribulations d'une jeune femme de son temps à laquelle chacun peut s'identifier.
C'est sûrement par cette approche faussement simpliste mais en réalité bien plus profonde qu'il n'y paraît que la pop de Clio nous touche autant. Elle voudrait ou T'as vu illustrent bien cette magie de transformer des instants du quotidien en d'aussi jolies pièces artistiques. Et après une semaine plus que moyenne, c'était d'un moment suspendu comme celui-là dont nous avions besoin. De quoi repartir de la Bulle Café avec une respiration salvatrice.
Une chose est sûre ce soir, Clio sera loin d'avoir perdu le Nord puisqu'elle y aura trouvé un public largement acquis à sa cause et dont vous pourrez faire partie en mars 2025 si vous décidez d'aller du côté de Marcq-en-Baroeul. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire.
