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Thierry Amiel en piano-voix à la cathédrale Notre-Dame de La Treille

C'est dans un cadre majestueux que Thierry Amiel poursuit sa tournée après une première date très réussie à Strasbourg. Profitant de la porte ouverte aux visites, de nombreuses fans se sont déjà rassemblées quelques heures avant l'ouverture officielle et on a l'occasion d'échanger avec les membres du fan-club officiel et d'autres "thy-fans" suivant la carrière de l'auteur et interprète. Prolongeant les éloges déjà entendus lors de la mini-tournée 2023, les retours sont dithyrambiques - et il y a "-thy-" dedans, alors c'est valide (cette vanne est technique mais n'hésitez pas à la reproduire chez vous !). On va toutefois vite comprendre pourquoi, et l'ambiance est déjà aussi bienveillante que ce que Thierry Amiel nous avait expliqué attendre en interview.

Thierry Amiel de retour à Lille

Après un accueil institutionnel, la voix de Thierry Amiel résonne, sans qu'on ne le voie sur scène. En effet, on avait appris via les médias et les réseaux sociaux des artistes que le chanteur Izae, qui assure la première partie dans les autres villes, ne pourrait pas se produire. La conséquence de grognements de paroissiens visiblement gênés par son "allure androgyne", comme il l'a expliqué sur Instagram, et cela alors que ses textes avaient pourtant été validés par l'évêché. Thierry Amiel s'était exprimé sur le sujet et avait annoncé ne maintenir le concert que pour respecter les réservations. Il décide donc de prendre la parole pour réaffirmer son incompréhension : "Cette décision me questionne profondément. La musique a cette capacité unique de créer du lien et d'ouvrir des espaces de dialogue au-delà des apparences et des différences. Refuser à un artiste cette scène pour ce qu'il est, c'est renoncer à cette ouverture. Mon équipe et moi avons toujours veillé à respecter profondément les lieux dans lesquels nous jouons. Ce soir, j'aimerais que cette décision soit une opportunité de réflexion collective."

Gilles Erhart apparaît ensuite sur scène, très ému. Tout le public ne le sait pas, il se trouve qu'il est le père d'Izae. Il prend donc sa parole pour évoquer ses enfants qui sont le sujet de plusieurs titres de son album Histoire : "Mais chaque composition est dédiée à quelqu'un de ma famille ou à un événement déterminant de ma vie. Mes parents, mon frère, moi, enfant, ma compagne, mes enfants, mes trois enfants. [...] Donc ma fille a dit, ben maintenant moi c'est Mme Mimoute. Et elle montre son frère et elle dit, lui c'est Mr Tournisson. Donc je vais rendre hommage à Mr Tournisson en lui jouant le morceau que j'ai composé pour lui et je vais lui rendre hommage en lui disant surtout de ne rien changer, de rester celui qui au fil des années a su garder le cap contre l'adversité. Il est entouré d'amour et, s'il dérange certains, c'est qu'ils sont dans le jugement et montrent du doigt en rejetant ce qu'ils ne comprennent pas." Ému tout autant, le public applaudit à tout rompre.

Une formule épurée laissant beaucoup de place à l'émotion

Peut-être était-on déjà saisi avant que Thierry Amiel ne monte sur scène mais, sans transition, alors que démarre la nuit tombe, l'effervescence se transmet dans la foule alors que sa voix s'élève : "Bien avant que sonne la fin du monde, qui saura me lire les lignes qui s'embrasent, qui s'effacent, qui pourra m'aider à trouver ma place." Cette émotion est un peu contrebalancée par l'humour très présent ce soir de Thierry Amiel, très touchant, qui commente chaque morceau et présente également les conditions de la tournée. On ne le savait pas/plus si drôle, et il est si bon de le revoir à Lille. Malgré la solennité du lieu, il résulte de cet équilibre la vive impression d'être dans un salon, comme si l'on s'était retrouvés entre bons amis. Des regards s'échangent, on entend de brefs commentaires à voix basse. Une vive complicité s'établit, bien plus que dans de nombreux concerts.

Comme annoncé en promo, la setlist comporte notamment des reprises, ce soir "Sur un prélude de Bach" de Maurane dont la fin en "Ave Maria" est particulièrement adaptée, "Dans les bras de mon ange" qui fait partie de son répertoire depuis le 3e album, "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf et même "Bohemian Rhapsody", un pari risqué mais interprété avec justesse. La proximité de la soirée incite aussi aux échanges, "De là-haut" étant l'occasion d'évoquer les retours de fans, de plaisanter sur les chœurs ("Ils étaient meilleurs à Strasbourg !...") ou le fait qu'on lui aurait prédit une carrière d'humoriste ("peut-être qu'il a prédit ce moment-là ce soir").

Du côté de la setlist, des classiques comme "Fantôme", l'extraordinaire "Tes silences" qui n'est pas un single mais fait souvent l'objet de commentaires, et des classiques inévitables : "Je regarde là-haut", puis une pause : "ah oui vous attendiez 'Les mots bleus' ? Eh non, c'est pas ça !... Peut-être pour un rappel, s'il y en a un.", faisant la transition vers "Cœur sacré" avant "Les mots bleus" en rappel. Et puis des inédits. Et quels inédits ! Ce lien tangible qui unit ce soir prend tout le monde par surprise alors que résonne le premier extrait, le magnifique "Roméo" qui avance crescendo avant un refrain puissant et mélancolique. Il sera suivi par deux autres inédits, "Si tu savais", qui évoque la santé mentale, et "Points de suture". Au-delà du plaisir évident de retrouver Thierry Amiel sur scène, dans un format intimiste qui permet de profiter de la puissance émotionnelle de sa voix sublimée par les notes délicates du piano, c'est également la profondeur de ces nouveaux textes qu'on découvre ici, très bien écrit, et c'est un bonheur d'y avoir accès pour la première fois dans ce contexte. Après la traditionnelle séance de dédicace post-concert, on garde après cette parenthèse hors du temps un peu de chaleur avant la prochaine étape, autre concert et autre album, qu'on attend désormais avec un peu plus d'impatience.

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