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Le luxe de cet été : les vacances héroïques des touristes branchés…

Le luxe de cet été : les vacances héroïques des touristes branchés…

Un concept aux noms multiples se développe de plus en plus au point de devenir à la mode, appelons le « Vacances humanitaires ». Cette idée d’origine anglo-saxonne se diffuse par le biais d’agences, d’associations et d’organisations diverses. Quels sont leurs objectifs ? Quelles missions proposent-elles et surtout à quels prix ? Polémique sur le sujet ? Le concept en tous les cas fait couler de l’encre, y compris la notre. Lillelanuit.com ouvre le débat…

I) Les vacances humanitaires : origines, structures, tarifs... 
    ► Des vacances humanitaires à la carte… 
    ► Une addition salée !

II) Business humanitaire : la polémique fait rage 
    ► La philanthropie ponctuelle 
    ► Un concept nuisible ?

I) Les vacances humanitaires : origines, structures, tarifs... 

    ► Des vacances humanitaires à la carte…

« Vacances humanitaires », « tourisme responsable »... les expressions sont nombreuses pour exprimer cette nouvelle forme de voyage. Mais d’où vient ce concept au nom encore indéterminé. L’idée a germé aux Etats-Unis, puis en Angleterre avant de s’implanter en Europe. Ce concept serait devenu officiel en 1995 lorsque l’Organisation Mondiale du Tourisme a organisé sa 1ère conférence sur le « tourisme durable ».

Ces vacances humanitaires sont proposées par des associations mais aussi des agences de voyages, des entreprises privées… Quelques exemples :

 
L’association loi 1901 Planète Urgence née en janvier 2004

 Ses objectifs : - Lutter contre la destruction de la planète
                            - Lutter contre les inégalités entre le Nord et le Sud

 
L’association PassWorld

 Ses objectifs : - S’attaquer aux causes plutôt qu’aux problèmes
                            - Agir avec les acteurs locaux et non pas à leur place
                            - Intervenir dans la durée plutôt que dans l’urgence

L’organisation globale Projects Abroad composée d’une organisation mère, Teaching and Projects Abroad située au Royaume-Uni et des organisations nationales basées dans des pays européens notamment.
Ses objectifs : - Organiser des missions de volontariat dans le cadre d’une parenthèse utile 
                           - Permettre aux volontaires de progresser dans leur développement personnel

Associations, agences de voyage, entreprises privées explorent ce créneau… leurs programmes se recoupent :
Aide à l’éducation par des ateliers de lecture, des cours de français et d’anglais, des dons de matériel scolaire, des projets artistiques / informatiques ou encore sportifs…
Avec PassWorld, « préparer les élèves des collèges et lycées en Ouganda à devenir de futurs entrepreneurs. »
Développement d’une formation professionnelle
Avec PassWorld, « former les femmes et les jeunes Togolais afin qu’ils puissent créer leur propre emploi. »
Protection de l’environnement
Avec PassWorld, « protéger les tortues de Luth sur le site de Pongara au Gabon. »

    ► Une addition salée !

« Vacances humanitaires » : l’expression reflète un paradoxe que les plus sceptiques n’hésitent pas à souligner. L’humanitaire, lié au business ? Hé oui, ces vacances ont un coût important ! Alors un conseil : renseignez-vous et soyez vigilants !

Sur le site de Planète Urgence, les « missions sont ouvertes à tous » et sont basées sur le principe du « don-acteur » : chacun subventionne la mission pour laquelle il part.

« Le coût de revient d’une mission de terrain est de 2 175€ en moyenne (hors billet d’avion). » Répartition des coûts de mission (2175€) :
- Ingénierie du projet, organisation, coordination et évaluation de la mission : 21 %
- Formation, déplacements et frais de vie du volontaire et financement du projet : 62 %
- Participation aux frais de siège et de communication de l’association : 17 %
   
Quand la mission est financée par une entreprise, la contribution est de 2000€ (hors billets d’avion). Les autres volontaires bénéficient d’une déduction fiscale : par ex, 1500€ (coût initial) – 990€ (déduction d’impôts de 66%) = 510€ (coût de la mission).

La mission peut aussi être financée grâce à des initiatives individuelles (organisation d’un événement culturel, sportif… pour financer la mission), des collectivités (Conseils Régionaux…), des organismes…

Ex de la mission « Aflatoun, les enfants citoyens » proposée par PassWorld :
- Partie fixe : 600€ (frais d’ingénierie, de coordination, d’évaluation de la mission…)
- Partie variable (hébergement, nourriture, déplacement sur place…)
* Vue de Kampala (Photo: PassWorld)

Durée de la mission

Montant total

Montant réel après déduction fiscale

2 semaines

1 066 €

355 €

3 semaines

1 289 €

430 €

4 semaines

1 512 €

504 €

5 semaines

1 735 €

578 €

6 semaines

1 958 €

653 €

7 semaines

2 181 €

727 €

8 semaines

2 404 €

801 €

Les coûts de transport jusqu’au point de rendez-vous de la mission sont à la charge du volontaire mais feront également l’objet d’un reçu fiscal vous permettant ainsi de déduire de vos impôts 66% du prix du billet d’avion.

 
 Ex des missions en Inde proposées par Projects Abroad :

Inde

1 mois

2 mois

3 mois

Enseignement

1 245 €

1 545 €

1 795 €

Missions humanitaires

1 495 €

1 795 €

1 995 €

Environnement

1 695 €

1 995 €

2 345 €

Médecine

1 495 €

1 795 €

1 995 €

Journalisme

1 695 €

1 995 €

2 345 €

Encadrement sportif

1 245 €

1 545 €

1 795 €

Médecine vétérinaire

1 495 €

1 795 €

1 995 €

Le coût de revient comprend les repas, l’hébergement, le transfert de et vers l’aéroport, l’assurance de voyage…) Chaque mois de plus vaut 495€.

II) Business humanitaire : la polémique fait rage

      ► La philanthropie ponctuelle

Initiative bienveillante ? Admettons… mais quels sont les effets réels d’un tel tourisme ?
En s’appuyant sur une association sérieuse et implantée depuis des années dans le paysage des ONG françaises telle que « la croix rouge », observons les exigences requises pour ce type de départ :
« - au minimum trois ans d’expérience dans le même secteur professionnel,
- formation de soignants, dans le bâtiment, ingénierie dans l’eau/l’assainissement, agronomie,… formation logistique, administrative ou dans la communication,
- avoir si possible une première expérience de terrain,
- être disponible 9 à 12 mois consécutifs,
- et pour finir être de préférence engagé depuis plusieurs années auprès de l’association »

Pourquoi compliquer les choses quand d’autres asso, ou agences vous proposent de faire votre « béa » 2 semaines, sans aucunes exigences si ce n’est d’« aligner les billets » ? Ne nous méprenons pas quand je dis « aligner les billets » ne pensez pas qu’il faille débourser les 2000 euros affichés (sans compter les billets d’avions). Vous serez sûrement surpris de l’apprendre, vous bénéficierez, dans le cadre de votre adhésion à une association d’intérêt général, à une réduction fiscale de 66%. Difficile à croire… et pourtant !

Après tout, on pourrait bien s’improviser maçon, ou encore professeur le temps d’un été non ? Et puis, c’est toujours mieux que rien… Il vaut mieux des murs d’écoles qui s’effondrent, plutôt que pas d’écoles, des campagnes de sensibilisation sur le sida représentant maladroitement des phallus géants quitte à choquer les mœurs de la population locale, plutôt qu’aucune communication, des cdroms sans ordinateurs, plutôt qu’aucun matériel,…

Au diable les humanitaires réactionnaires qui nous assaillent de leurs recommandations contraignantes, nous invitant à une formation et à un engagement sur le long terme ! Et puis, ce n’est pas comme si on lâchait des touristes sans aucune préparation dans la cambrousse humanitaire. Non ! Prenons l’exemple de Planete-urgence  qui nous soumet à 2 jours de formation, condition inaliénable à tout départ, soit 48h pour intégrer les mœurs, l’histoire, le climat social de notre destination, quelques notions d’architecture, d’écologie, pourquoi pas de soins, et obtenir notre adhésion morale aux valeurs altruistes et humanitaires, mais attention juste pour un été….

Tourisme humanitaire ou développement personnel, on appellera ça comme on voudra… En attendant, cette nouvelle vague altruiste reste pour le moins improductive pis ne se ferait-elle pas au détriment des populations locales ? 

Un concept nuisible ?

Le seul prix d’un billet d’avion Paris-Lomé (capitale du Togo) pourrait faire vivre 4 élèves africains pendant un an. L’argent déboursé pour le financement du voyage, celui versé par l’Etat pour les déductions fiscales, permettrait l’alphabétisation de milliers d’enfants, la construction d’écoles, d’hôpitaux,… chose qui soyons réalistes ne peut s’accomplir sur 2 semaines de « vacances ».
Par ailleurs, les activités exercées par nos touristes humanitaires sont autant de travail « pris » à la population locale. Une population qui ne peut se sentir que valorisée et investie en participant au développement de son pays. Une population qui pourrait à son tour enseigner ce qu’elle aurait appris à ses voisins. Une population qui, à terme, n’aurait plus besoin (ou pour le moins un besoin minimum) des services humanitaires. Une population qui redresserait son pays indépendamment de ses bienfaiteurs occidentaux.
Idéaliste ? oui je le suis, un peu, sûrement,… Cette vision certes romancée des choses s’inscrit, en réalité, dans la voix que devrait privilégier, il me semble, l’humanitaire.

Il existe en effet, à l’image du commerce équitable, un « tourisme équitable », caractérisé par une redistribution juste des richesses générées par l’économie touristique, l’implication des populations locales dans le projet vacancier , le respect de l’environnement, la juste rémunération des intervenants locaux,…

Alors pour tous ces estivants de bonne foi, conscients des problèmes humanitaires, mais conscients également qu’on ne s’improvise pas, le temps d’un été, bénévole, pourquoi ne pas s’adonner aux joies du tourisme citoyen ?

Plus d’info sur le tourisme citoyen : Ritimo

  1. yannick

    Au dernière nouvelle la croix rouge n'est pas une ONG. en effet trois membres du conseil d'administratif du siège sont des représentants direct du gouvernement...

  2. rostomon

    4.dernier point,sur les 2000euros versé par mon employeur,une partie m'est revenu pour le logement,la nourriture ainsi que le taxi.
    Il en restait meme un peu...
    Le logement est detrerminé a l'avance,c'est souvent dans une famille aisé par rapport a "ceux" que je formé.

  3. rostomon

    3.Pour finir,le concept(dumoins pour planette urgence) est basé sur l'echange humain,celui qui enrichi "le donneur" et "le receveur".
    La polution du voyage en avion est prix en compte et d'apres un savant calcul un certain nombres d'arbres seront planté pour y remedier.
    A vous...

  4. rostomon

    2.De plus en plus d'entreprises en font de meme,beaucoup parmis les plus pollueuses,je pense que ça leur donne avant tout bonne conscience.Enfin si ils veulent bien raquer pour nous,pourquoi pas!!!

  5. rostomon

    1.C'est clair qu'en general "ces " voyages humanitaire coute cher.Pour ma part j'y ai participe avec planete urgence par l'intermediaire de mon travail.C'est mon taf qui a payé la plus grosse partie.

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