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Fabrice Éboué – Levez-vous !

Fabrice Éboué – Levez-vous !

Fabrice Eboué Levez-vous ! Style : Humour Date de l’événement : 11/02/2015

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Suite à l'immense succès de son spectacle "Levez-vous", Fabrice Éboué reprend sa tournée pour nous offrir un deuxième service qui s'annonce toujours aussi délicieux ! Initialement prévue le 13 janvier 2015 au Zénith de Lille, la date lilloise a finalement été transférée au Théâtre Sébastopol le 11 février 2015. Au menu, un cynisme toujours aussi déroutant, souvent sur des sujets tabous : Ébola, le mariage pour tous, les religions... Tout le monde en prend pour son grade, très loin du politiquement correct, mais c'est pour ça qu'on aime chez Lille La Nuit !

Quand on tombe sur votre affiche « Levez-vous », on voit une image de votre procès, de quoi êtes-vous accusé exactement ?

Le fait est que le premier spectacle s’appelait Faites entrer Fabrice Eboué, donc j’ai voulu poursuivre dans cette sémantique judiciaire. Maintenant, comme je dis souvent on attendra le troisième spectacle pour savoir si je suis coupable ou acquitté ! Après pourquoi le procès… Le procès de rire de tout ? Je sais qu’aujourd’hui, malgré le fait qu’il y ait de plus en plus de comiques, il y en a de moins en moins qui osent. Effectivement, moi, j’ai cette envie d’essayer de rire de tout, de perpétuer une tradition assez française qui est d’oser. Il y a très peu de tabous dans mon spectacle, je ris autant d’Ébola, que des grandes catastrophes naturelles, des religions… Je pense qu’aujourd’hui ce n’est pas ce qui se fait le plus couramment.

Pour ceux qui ont déjà vu le spectacle vous faites des liens ou des rappels avec ce que vous avez déjà dit dans le premier ?

Non du tout, il n’y a aucun souci, vous pouvez venir voir "Fabrice Eboué, Levez vous", même si vous n’avez pas vu le précédent. Ce n’est pas une série ou une saga, vous comprendrez tout !

J’ai lu que vous séchiez beaucoup les cours à la fac, pour aller au tribunal. Est-ce que cette passion venait déjà du côté jeu d’acteur des avocats qui vous fascinait ?

Vous pouvez venir voir "Fabrice Eboué, Levez vous", même si vous n’avez pas vu le précédent. Ce n’est pas une série ou une saga, vous comprendrez tout !

Oui, j’aurais bien aimé faire avocat. Après il faut faire plein d’études, donc ça n'aurait pas trop été possible pour moi ! En l’occurrence j’étais censé être à la fac d’Histoire, et il se trouve que le tribunal de Créteil dans le 94 est juste en face de la faculté. Une fois que j’y avais goûté, je trouvais ça beaucoup plus passionnant. Il y avait du correctionnel et de l’assise aussi. Et donc petit à petit, tous les matins, j’allais m’installer dans les tribunes. Ce n'est pas un spectacle en soi, mais quand même... C’est vrai que les meilleurs avocats sont aussi des bons acteurs… C’est le théâtre de la vie. C’est peut-être ça qui m’a donné ce goût pour le judiciaire. Au-delà de ça, dans mes spectacles, il y a toujours des références à des faits divers, les tueurs en série. Ce sont des sujets que j’aime bien traiter dans mes spectacles. Là, je parle un peu de Dupont-Ligonès, un peu de Pistorius…

Qu’est-ce qui a changé dans votre façon d’écrire, de travailler entre les deux spectacles ?

J’ai beaucoup tourné le premier spectacle, et on progresse forcément en terme de jeu. Cela permet de prendre plus confiance en soi. A partir du moment où on a plus confiance, il y a des choses qu’on n’aurait pas osé écrire, car on n’aurait pas su comment les jouer, les faire passer sur scène, qu’on peut se permettre après avoir engrangé cette confiance. Ce spectacle je l’ai écrit plus vite, mais j’ai surtout plus osé au niveau du jeu, de l’expression corporelle. Ce que j’ai gagné en terme de jeu m’a permis d’aller vers d’autres directions, d’écrire différemment ce spectacle, qui est beaucoup plus joué que le précédent.

Vous êtes déjà venu le jouer au théâtre Sébastopol en mai dernier, et vous revenez en février…

Oui, on revient le 11 février. Ça avait été un succès la première fois, alors je ne vais pas vous faire le grand classique en disant que le public du Nord est le plus chaud de France, mais au delà de ça, c’est vrai que le théâtre Sébastopol est magnifique, et on a de moins en moins de beaux théâtres comme celui là. Donc on en profite avec le public du Nord en plus, c’est toujours une date qu’on attend avec impatience.

Le spectacle évolue par rapport à l’actualité, par rapport à des réactions du public…

Vous voulez savoir si je vais parler de Nabilla dans mon prochain spectacle ? Non non, mais le public évolue toujours. J’ai réécrit pour cette saison un sketch sur Ébola. On n’en parlait pas il y a encore quelques mois, mais là ça me paraissait urgent. L’objectif du spectacle est avant tout de se décomplexer de tout et oser sur tout. Ce sont des sujets qui tendent un peu, donc moi mon rôle est de donner un peu de souplesse à tout cela. Après, cela peut évoluer s'il y a un sujet qui m’inspire réellement, ça a été le cas d’Ébola. Aujourd’hui on parle de plus en plus de ces jeunes qui partent faire le Djihad. Donc oui, cela évolue forcément d’un mois sur l’autre. Je ne vais pas dire d’un spectacle sur l’autre : n’essayez pas d’aller voir un spectacle le 11 février et un autre le lendemain, ce sera vraisemblablement quasiment le même. Mais ça peut évoluer dans le temps, ça peut évoluer aussi d’une ville à l’autre avec des petits changements. On essaye toujours d’avoir quelques références locales.

On vous avait découvert des talents de rappeur sur youtube…

Je ne sais pas si le mot talent est le plus approprié…

Est-ce qu’on pourrait un jour retrouver Mr Faf sur scène ?

Pourquoi pas, si mes potes qui continuent à être rappeurs me le demandent, ça pourrait être amusant. J’avais effectivement commencé par la musique. J’avais un petit groupe de rock au lycée, j’ai fait du rap aussi… Puis rapidement je me suis aperçu qu’autant mes textes faisaient marrer, autant j’avais une grande difficulté à être dans le rythme sur les caisses claires, comme on dit dans le rap. Donc je me suis dit "on va faire la même chose sur scène mais sans musique", ce qui correspond à ce que je fais aujourd’hui, et sans les rimes, plus de prose. En tout cas je pense que je suis plus doué pour ça que pour la musique.

Vous postez souvent des photos sur les réseaux sociaux, notamment du public avec les petits branleurs de la soirée, ou bien même des coulisses pour montrer un peu ce qui se passe derrière. Qu’est-ce que vous apportent ces réseaux, ce sont des outils importants pour vous ?

Oui j’essaie d’être moderne, de ne pas être ringard trop vite ! Vous avez vu que les nouvelles vedettes de l’humour viennent de plus en plus du net. Donc on est obligé de défendre nos racines de « petits cafés théâtreux » d’il y a quelques années. On essaie de rester dans le vent comme on dit. Je trouve ça passionnant. J’aurais aimé avoir cet outil, comme certains qui ont 18 – 20 ans aujourd’hui. A mon époque, je le faisais avec un caméscope à cassette à l’époque, et une fois qu’on avait terminé, on le partageait à une dizaine de potes et puis c’était fini. Aujourd’hui, tu as la chance quand tu fais une vidéo de pouvoir la partager avec des millions de personnes quand ça marche. Je trouve ça super comme outil. On a toujours le téléphone à portée de main, donc quand on a une petite connerie à tourner, on se dit pourquoi pas ? Et au lieu de le montrer uniquement ses potes, on le fait tourner sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, tu as la chance quand tu fais une vidéo de pouvoir la partager avec des millions de personnes quand ça marche. Je trouve ça super comme outil.
Fabrice Éboué

 

En parallèle du spectacle, avez-vous des nouveaux projets cinéma ?

Ma femme est enceinte. Il y a un projet parental qui devrait se concrétiser au mois de janvier... Ça fait huit ans que je bosse non stop en tournage à l’étranger, ou en tournée, en promo, c’est épuisant ! Donc je pense qu’une petite pause s’impose, même si s’occuper d’un enfant ça n’est pas plus reposant d’après ce qu’on m’a raconté aussi… (Rires)

Est-ce qu’on pourrait vous voir un jour dans un autre registre que le comique ?

En ce qui me concerne j’ai tendance à porter mes projets puisque la plupart des choses que j’ai pu faire je les ai écrites moi-même. Mais oui, si quelqu’un arrive à me mettre en confiance sur un projet qui me ressemble moins, certainement. Pour le moment en tout cas, j’aimerais rester sur une ligne comique.

Est-ce qu’il y a une anecdote marquante qui s’est passé pendant votre spectacle ?

L’anecdote que je raconte souvent concerne le début de ma carrière. Il y a toujours plus de petits récits sur les commencements. Sur mes débuts, je jouais au théâtre des blancs-manteaux, qui est un petit théâtre, où il y a deux salles. Une en rez-de-chaussée et une en sous-sol. Je jouais à l’époque – il y a une dizaine d’années, ça devait être en 2004 – devant une dizaine de spectateurs tous les soirs. On va dire trente spectateurs les bons soirs, moins de dix les mauvais soirs. Et en même temps il y avait dans la salle du bas un mime qui s’appelait Patrick Cottet-Moine. Et lui cartonnait. Les salles faisaient cent personnes à peu près, et lui c’était salle comble tous les soirs. A tel point que moi quand j’avais très peu de monde, on entendait les rires de la salle du bas dans ma salle, ce qui était quand même particulièrement gênant !

Un soir, le mime joue en bas, moi je joue mon spectacle, je dois avoir six ou sept personnes ce soir là. C’est un échec cuisant : au bout de cinq, dix, trente minutes, je n’ai toujours pas de rires. J’arrête mon spectacle et je demande aux spectateurs qui étaient là, est-ce qu’il y a un souci ? J’avais rarement galéré comme ça. Et là il y en a un qui lève timidement la main et qui me dit : "excusez-moi, je suis avec mon correspondant espagnol, et on s’est trompé de spectacle, on venait voir le mime !" Donc il s’était trompé de salle, je n’avais normalement personne dans ma salle, ce qui aurait été mieux d’ailleurs !

Donc la seule personne qui a beaucoup ri c’est le régisseur qui était juste derrière en train de s’occuper de la technique du spectacle. Mais ce sont ces petites anecdotes qui refont penser à ces années galère. J’étais jeune, j’avais vingt ans, donc c’était pas grave en soi. Mais c’est ce qui forge, et permet d’avancer par la suite.

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