"12 Ans d'Âge": Comédie Punk ! - Actualité

Synopsis : Charles et Pierrot sont inséparables. Le jour où Charles part en pré-retraite, c’est le bonheur ! Ils vont pouvoir passer encore plus de temps ensemble. Leur devise est claire : « profiter de la vie et rire de tout ». Leur imagination débordante va remplir leurs journées sous le regard tendre et parfois inquiet des femmes de leur vie.

Ca vous dit une bonne comédie ? Un film sans prétention mais franchement amusant et sympa, qui ne se prend pas une seule seconde au sérieux ? Alors, « 12 Ans d’Âge » est fait pour vous !

Voilà un film qui fait chaud au cœur. Un film qui lorgne franchement vers la tradition des grandes comédies italiennes.
On doit « 12 Ans d’Âge » à Frédéric Proust. Ce nom ne vous dit peut-être rien. Mais vous connaissez sûrement « H », l’une des rares séries françaises de ces dernières années à avoir acquis le statut de programme culte. Proust en était le scénariste.
Avec « 12 Ans d’Âge», il change radicalement d’univers pour rendre justement hommage à de grandes comédies italiennes inscrites à jamais dans l’histoire du cinéma. Ce sont des films comme « Les Monstres », « Le Pigeon », « Le Fanfaron », …

Et même si, « 12 Ans d‘Âge » n’en atteint pas tout à fait le même niveau, le film n’a pas à rougir de la comparaison. Et ce, grâce à un excellent scénario, des dialogues finement ciselés, interprétés par des comédiens de haute volée.
Tentons d’abord une modeste définition de la comédie italienne. Hé bien justement, c’est ça avant tout : de très bons scénarii, des dialogues remarquablement écrits, joués par des comédiens éblouissants. Ajoutons à cela, un aspect caustique très fort, un vrai regard sur la société et pas mal d’émotion. « 12 Ans d’Âge » s’inscrit parfaitement dans cette lignée.

D’abord, disons quelques mots sur les deux joyeux drilles qui servent le film. François Berléand et Patrick Chesnais sont tous deux exceptionnels (mais alors, vraiment) dans le rôle de ces deux grands gamins, pas toujours finauds, un peu à côté de la plaque, qui refusent de grandir, de vieillir, de passer la main…
Il faut les voir se lancer dans de folles escapades, préparer un hold-up improbable, tenter d’aller piquer le sac des petites vieilles. Il y a longtemps qu’on n’a pas vu un couple d’acteurs qui fonctionne aussi bien dans une comédie française. Ou alors dans le film d’Anthony Marciano intitulé, détail amusant, « Les Gamins » (avec le grand Alain Chabat et Max Boublil). Autre film avec deux potes qui passent leur temps à faire de très grosses bêtises. Comme Chabat et Boublil, le "couple" Chesnais/Berléand s’en donnent à cœur joie. On sent que le duo d’acteurs a pris un pied d’enfer à incarner ces deux salles gosses. Leur binôme fonctionne du feu de Dieu !

On ne va pas faire pleurer Margot, mais parfois à neuf heures du mat, on peut voir de sacrés navets en projections de presse. Et quand on aime beaucoup le cinéma, c’est un peu le genre de trucs qui vous plombe votre matinée. On en voit des mauvais films avec des Pierrot tristes, qui prennent de la drogue, boivent de la mauvaise bière la nuit sous les lumières des réverbères, en écoutant des chanteuses réalistes à rendre neurasthéniques n’importe quel être humain le plus équilibré psychologiquement.
Lors de la projection de « 12 Ans d’Âge », on a entendu une salle remplie de critiques de cinéma rire de bon cœur. Et vous pouvez nous croire, le critique ne rit plus très souvent par les temps qui courent. Non pas qu’il ait un déficit d’humour dans les gènes, mais comme tout le monde il ne voit plus beaucoup de comédies qui arrivent à le faire marrer (ça vous fait rire, vous, le dernier « Astérix » ?). Alors, pour une fois que c’est le cas, on ne va surtout pas se gêner pour le dire.

Autre point commun qu’a le film de Frédéric Proust avec les comédies italiennes, c’est le grand soin apporté aux personnages féminins. Autant vous dire que dans « 12 Ans d’Âge », les femmes ne jouent pas seulement les utilités.
Et il fallait tout le talent d’actrices comme Florence Thomassin et Anne Consigny pour exister face aux tornades Chesnais et Berléand. Elles sont justes, drôles, touchantes, belles dans le rôle des épouses de nos deux pieds nickelés. N’en jetons plus ! C’est simple : elles ont tout pour elles. Et cela fait plaisir de voir des actrices de cet âge sur grand écran alors qu’un certain cinéma de plus en plus formaté veut nous faire croire qu’à trente-cinq ans passés, une comédienne a atteint « la date de péremption » (dans la vie, certains pauvres hères atteints d’une maladie affreuse qui frappent les garçons, le démon de midi, le croient aussi*).

Enfin, dernier détail et pas des moindres, qui rapproche « 12 Ans d’Âge » des belles comédies italiennes du temps jadis : le film jette un regard d’une grande acuité sur notre société. A savoir qu’il réfute cette idée complètement imbécile, vendue par une société qui ne rêve que de performances, qu’on ne soit plus opérationnel la cinquantaine passée. Pierrot déboulonne ce jeunisme qui confine au racisme avec un humour décapant.

C’est simple, on n’est pas loin de penser à Lille La Nuit, qu’on tient peut-être avec « 12 Ans d’Âge », le film français le plus rock de ce milieu d'année. Rock et même, punk !
« 12 Ans d’Âge », voilà donc un film estampillé Lille La Nuit. Alors, on vous le recommande ! Et tant pis si on aurait apprécié une mise en scène un peu plus inventive et et culotée (sans qu’elle verse pour autant dans le grand n’importe quoi). A la hauteur des intentions et du sujet. Moins sage, quoi... Mais ce n’est vraiment pas un problème tant le film déborde d'une énergie revigorante.
D’ailleurs, comment passer à côté d’un film dont la chatte de l’un des deux héros, se nomme Chantal ? On est d’accord avec vous : c’est juste pas possible !

* A prononcer avec la grosse voix, qui fait peur, des bandes-annonces américaines.

Les autres sortie de la semaine.

Programme de Plan Séquence au Majestic de Lille.