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 » 3h10 to Yuma « 

Synopsis : Revenu blessé de la guerre de Sécession, Dan Evans a établi sa famille dans un ranch. La sécheresse a ravagé ses terres, décimé son troupeau et miné la considération que lui portent sa femme et ses enfants, en particulier son aîné Will, âgé de 14 ans. A la suite d'une attaque de diligence, le célèbre bandit Ben Wade passe par la ville de Bisbee où il est arrêté avec le concours fortuit d’Evans. Recherché pour ses hold-up et ses meurtres répétés, Wade doit être convoyé vers Contention, à trois jours de cheval, pour embarquer sur un train à destination de Yuma, où se trouve le tribunal fédéral. Contre une prime qui peut sauver son ranch, Dan Evans s'engage dans l'escorte qui doit accompagner le dangereux criminel. Il est bientôt rejoint par son fils Will, fasciné par l'aura du tueur. Tandis que son gang organise son évasion, Wade engage sur le chemin de Contention un bras de fer psychologique avec ses gardiens, usant à la fois de la peur qu'il leur inspire et de la séduction qu'il exerce sur eux...

Une histoire de ranchs, de diligences, de cowboys, et de whisky ? Hum, ça sent diablement le western... Ce qui me laisse plutôt sceptique, c'est que les derniers essais hollywoodiens en la matière n'ont pas semblé de franches réussites (L'Assassinat de Jesse James etc.). Et l'on peut dire que l'idée de ressortir un remake du grand classique de 1957 "3h10 to Yuma", en replaçant dans les rôles titres Russell Crowe et Christian Bale peut laisser songeur... Bon allez, on jette ces préjugés, il faut bien avouer que les fans du Far West doivent attendre de pied ferme la sortie de cette nouvelle réalisation.

Et c'est bien là le premier aspect rebutant du film, mais j'en témoigne ne vous inquiétez pas : en pénétrant dans la salle, pas de bottes à éperons sur les fauteuils, pas de braquages de pop-corns au colt et pourtant au fur et à mesure que les images défilent sur l'écran, une chose est sûre : on y est ! Le réalisateur James Mangold assume pleinement son héritage des westerns spaghetti : toute la batterie est déployée, les sabots qui claquent, les revolvers qui tournent dans les mains habiles, le sable qui vole et les arpèges de guitare à gogo.

Seulement voilà, ce qui fait la réelle innovation dans ce film, c'est la réalisation. La caméra sait se faire fiévreuse, s'activer autour d'une poursuite en multipliant les angles de vues explosifs, pour ensuite se calmer en filmant de près les reflets du soleil sur le visage poussiéreux du fermier campé par Bale. En bref, la façon de tourner totalement inédite impressionne. Au fur et à mesure que le scénario (implacable cela dit) se déroule, on remarque que le film s'ancre dans une approche hollywoodienne mais habile du western, en insufflant ci et là de petits effets spéciaux sur les explosions, tout en gardant volontairement le pied sur la pédale au niveau du rythme de l'action.

Une sorte de western actualisé, peut-on alors penser, remis à la mode pour faire des dollars, où le héros tire dans tous les sens et où le décor tombe en pièces à coups d'explosions, plus faramineuses les unes que les autres. Seulement voilà, Mangold n'est pas tombé dans ce piège de tout miser sur l'action pure. Certes la force du scénario est indéniable (sûrement dû à ses origines westerniennes), mais les dialogues et l'interprétation des personnages rendent intenses les moments de répit dans la poursuite. Russell Crowe est tout simplement épatant. C'est qu'il en impose le bonhomme, tantôt en desperado impitoyable et redoutable, tantôt en écolier blagueur bon enfant, ce qui laisse transparaître le bon fond du personnage. Face à lui, l'incontournable Christian Bale, toujours en forme depuis quelque temps, en fermier éclopé et sarcastique peine parfois à lui rendre la pareille, mais reste dans une interprétation juste du looser malgré lui. Le face à face des deux acteurs à grands coups de répliques fracassantes et anecdotes terrifiantes des exploits de Wade (Russell Crowe dans le film) vaut à lui seul le coup d'œil. Peu à peu, le respect va s'installer entre les deux protagonistes...

Malgré tout, le film prête aussi à sourire sur certains détails. Dans l'escadron lancé à la poursuite du convoi de prisonniers, on se demande ce que vient faire un sniper mexicain au temps du Far West, mais aussi où le chef du commando a trouvé son cuir blanc qui ferait saliver les plus grands couturiers ! Plus sérieusement, la faiblesse du film tient aussi malheureusement dans sa force. Le côté lyrique et plein d'émotions de certaines répliques, légitimes pour un western, peut parfois exaspérer et rappeler qu'on est dans une réalisation destinée au grand public. Mais qu'importe, si l'on accroche, le résultat prend en bouche, le scénario nous tient en haleine, les péripéties secouent et se dessinent progressivement les contours d'une fin majestueuse où les personnages sont vedettes.

Au final, remplacer John Wayne par Russell Crowe ne s'avère pas une si mauvaise idée. En gardant ce fil conducteur de réaliser un vrai western "à l'ancienne", James Mangold nous livre un divertissement efficace, en y ajoutant une mise en scène volontairement plus musclée, qui ravira les adeptes des sensations fortes. Le cowboy moyen sera ravi de s'identifier à des personnages plein de classe et prendra un réel plaisir, tant grâce aux répliques, qu'aux balles des six coups. Par contre, ceux qui sont totalement imperméables au monde du western et aux grandes envolées héroïques, rateront probablement ce train sans regrets. Moi en tout cas, j'en sors motivé pour revoir un bon "Gladiator".

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