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« A bord du Darjeeling Limited » de Wes Anderson

Exercice difficile que de parler d'un film de Wes Anderson de façon totalement objective tant il est facile de passer à côté de ses aventures familiales tendres et décalées ; Envie de dire tellement de choses mais ne sachant pas par où commencer, d' analyser ses propres ressentis malgré la beauté esthétique et faire abstraction de toutes pensées personnelles qui nous bouleversent au sortir de la séance. Avec « A bord du Darjeeling Limited », le réalisateur renoue avec les thèmes qui sont le fil rouge de tous ces précédents films : la famille, ses secrets et la difficulté de se parler alors que l'amour est là.

Le film est précédé d'un court-métrage (tourné un an avant le long-métrage) "Hotel Chevalier" qui nous présente, dans une chambre couleur curry, le personnage de Jason Schwartzman. Une chambre d'hôtel parisien, une musique bien calée dans l'ipod, un homme reçoit son ex (et quelle ex, Natalie Portman quand même!). On retrouvera des détails de ce court - une malle, un paquet déposé par la jeune femme, un peignoir... - qui font le lien entre les deux films.

« Je me demande si nous trois, on aurait pu être amis dans la vie, comme ami pas comme frère ? »

Comme dans « La Famille Tenenbaum » ou encore « La Vie Aquatique », beaucoup de non-dits, de secrets de famille, de rivalités, de tensions tissent l'histoire de ce « road movie » nostalgique où l'amour entre les personnages est flagrant mais inavouable. Un blocage sentimental qui va pousser les trois frères Whitman (Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman) dans un périple à travers l'Inde pour se retrouver après un an de rupture totale. Chacun des personnages a ses problèmes qu'il va essayer de résoudre pendant ce voyage.

Autre aspect récurrent des films de Wes Anderson, on s'accroche très rapidement aux personnages farfelus qui nous entrainent avec eux dans cette quête spirituelle.

Comme je le disais un peu plus tôt dans cette actu, un film comme « A bord du Darjeeling Limited » soit vous entraine dans une bulle increvable où l'on se laisse totalement entrainer dans une spirale de tranches de vie soit vous laisse de côté, comme sur le quai d'une gare lorsque le train vient de partir. Wes Anderson fait des films très personnels appuyés sur des histoires de famille, des personnes de son entourage, on peut alors facilement se retrouver dans ces personnages ou rester de marbre. Les secrets qui tournent, les « règles » instaurées par Francis (Owen Wilson), l'aîné, ce lourd, très lourd poid du deuil de leur père matérialisé par ces grosses valises qu'ils trimbalent tout au long de leur voyage, l'absence de la mère partie en Inde pour devenir soeur (Anjelica Huston), les rivalités du fils préféré..

Un film de Wes Anderson se reconnaît à une combinaison d'éléments qui font le charme de ces comédies nostalgiques : Si vous voyez un film avec au minimum Owen Wilson, Anjelica Huston, Bill Murray, Jason Schwartzman, il est fort possible que ce soit un film de Wes Anderson. (Luke Wilson, Gwyneth Paltrow, Ben Stiller, Gene Hackman ont aussi joué dans ces précédents films.)

Dans chacun de ses films, on retrouvera toujours des plans fixes face caméra surcadrés qui enferment les personnages dans leur situation. On suit des personnages, parfois même on passe d'un regard subjectif à un plan totalement objectif sans même le ressentir.

Dans son dernier film, le train dans lequel se déroule une partie de l'intrigue est fort d'une symbolique logique de la vie, il avance, ne s'arrête que pour créer une pause dans l'histoire (par exemple : pour nous expliquer que Jack ne s'est toujours pas remis de sa rupture), les personnages doivent souvent courir pour le rattraper. Autre symbolique forte, ces valises qu'ils finiront par laisser sur le quai d'une gare pour réussir à attraper leur train.

On ne pourrait parler de ce film sans évoquer la musique qui l'accompagne, une playlist sorti tout droit des films de Satyajit ray. Lors d'une interview donnée au site internet Allociné, Jason Schwartzman explique : « Quand je travaille un personnage je me demande quelle musique il écouterait et je l'écoute en boucle. Wes (Anderson) a choisi toutes les musiques et il nous les passait sur son ipod tout le temps sur le plateau et parfois même pendant le tournage , ça aide vraiment a être dans l'esprit du film. »

**Petit plus**
La première apparition d'Adrien Brody courant au ralenti pour attraper le train est ...mémorable. A travers cette première approche, le réalisateur nous présente en quelque sorte le nouveau venu dans la « bande à Anderson ».

 

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