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« Alberto Giacometti The Final Portrait » : Une biographie drôle et attachante de l’un des grands artistes du XXème Siècle

Pour son Actu Ciné de la semaine Lille La Nuit fait le choix de Alberto Giacometti The Final Portrait.  Centré sur une période précise de la vie de l'artiste à Paris, Alberto Giacometti The Final Portrait n’est pas un biopic dans le sens classique du terme. Soutenu par les interprétations de Geoffrey Rush et Armie Hammer voilà un film -  réalisé par le comédien Stanley Tucci - qui intéressera amateurs d’art, de peinture, sculpture et de grands acteurs. Critique de Alberto Giacometti The Final Portrait par Lille La Nuit…

Alberto Giacometti The Final Portrait de Stanley Tucci : l'Art douloureux de la création.

Critique de  Alberto Giacometti The Final Portrait

Stanley Tucci fait partie des comédiens dont on ne peut pas forcément citer le nom mais qu’on reconnaît immédiatement lorsqu’on le retrouve à l'image.

Acteur solide et talentueux, on a pu le voir notamment dans Le Terminal (2004) de Steven Spielberg, Le Diable s’habille en Prada (2006) de David Frankel, Hunger Games (2012) de Gary Ross, Margin Call (2012) de J.C. Chandor, Spotlight (2016) de Tom McCarthy ou encore la version live du film d’animation de Disney de La Belle et la Bête (2017) de Bill Condon. Il reçut même un Oscar du Meilleur Second Rôle pour Lovely Bones (2010) de Peter Jackson.

Stanley Tucci est également un réalisateur discret puisqu'il signe déjà son cinquième long-métrage avec Alberto Giacometti The Final Portrait.

Alberto Giacometti The Final Portrait de Stanley Tucci : le réalisateur au travail.

Un film qui ne suit pas la ligne des biopics classiques

L’intérêt qu'on porte à Alberto Giacometti The Final Portrait naît, paradoxalement, de la modestie du projet. Au lieu de livrer un énième biopic, qui retracerait toute l’existence d’un artiste d’exception, Stanley Tucci se concentre sur une période courte de la vie du peintre et sculpteur.

Alberto Giacometti The Final Portrait s’intéresse principalement aux dix-huit séances durant lesquelles l’écrivain américain John Lord va poser pour Giacometti. Dix-huit séances qui donneront naissance à l'une des œuvres les plus emblématiques de l'artiste.

On a d’abord peur en voyant la reconstitution légèrement chromo que Tucci fait du Paris des sixties. La décoration artistique est soignée mais on n’échappe pas à certains clichés qui ont la vie dure sur la France. Aussi, on nous sert ces musiques à l’accordéon,  rabâchées depuis des lustres dès qu’un cinéaste anglo-saxon filme Paname.

Alberto Giacometti The Final Portrait de Stanley Tucci : Geoffrey Rush est Giacometti.

Deux comédiens formidables : Geoffrey Rush et Armie Hammer

Pourtant, un petit charme agit. Tucci filme ses personnages dans le décor, central, de l’atelier du peintre suisse. C’est Geoffrey Rush qui incarne Alberto Giacometti. L’acteur, vu dans Shine (1996) de Scott Hicks ou Munich (2006) de Steven Spielberg, aurait pu facilement tomber dans l’outrance, la caricature, qu’aurait pu lui inspirer Giacometti. Au contraire, Rush rend le personnage tout à la fois antipathique et attachant, sans jamais en faire des tonnes. D’ailleurs, Stanley Tucci ne signe pas une biographie hagiographique de Giacometti : il montre bien toute la complexité du personnage, ses sautes d’humeur, sa mauvaise foi, sa personnalité de Diva, son goût immodéré pour les femmes et l'alcool, son humour et son incertitude.

Ainsi Stanley Tucci réserve quelques beaux dialogues à son interprète principal. Devant son modèle, Giacometti dit de lui : «  De face, on dirait une brute. De profil, on dirait un dégénéré .»

Plus loin, il lui confie « Quand j’étais jeune, pour m’endormir je fantasmais à l’idée de tuer deux femmes après les avoir violées .» (…) « Ça me réconfortait .» AMBIANCE.

Face à Rush-Giacometti, on retrouve Armie Hammer, vu dans le trop sous-estimé The Lone Ranger, Naissance d'un Héros (2013) de Gore Verbinski ou, plus récemment, Call Be By Your Name de Luca Gadagnino. Avec beaucoup de délicatesse, de façon presque effacée, tout en retenue, il fait exister le personnage de James Lord. On assiste alors à une leçon de comédie donnée par deux excellents comédiens.

Alberto Giacometti The Final Portrait de Stanley Tucci : James Lord (Armie Hammer) et Alberto Giacometti (Geoffrey Rush) dans l'atelier de l'artiste.

 

Une biographie qui ne se prend jamais au sérieux

Le plaisir qu’on prend aussi à la projection de  Alberto Giacometti The Final Portrait, provient de l’humour qu’insuffle Stanley Tucci dans son long-métrage. Le film est souvent cocasse, drôle, ne se prend jamais au sérieux. Tucci n’est pas genre à délivrer un cours d’Histoire de l’Art. S’il ne délaisse jamais la peinture, filme l’artiste au travail, la création, il le fait avec légèreté et amusement. Stanley Tucci n’oublie jamais qu’avant d’être artiste, Giacometti fut avant tout un homme.

Avec sa réalisation classique, ses dialogues savoureux, la qualité de son interprétation, Alberto Giacometti The Final Portrait est une jolie surprise.

Synopsis : Paris, 1964, Alberto Giacometti, un des plus grands maîtres de l'art du XXème siècle, invite son ami, l’écrivain américain James Lord , à poser pour un portrait. Flatté et intrigué, James accepte. Cela ne devait prendre que quelques jours mais c'était sans compter sur le perfectionnisme et l'exigence du processus artistique de Giacometti … Amitié touchante et décalée entre un artiste et son modèle. Révélation de la frustration, de la profondeur et, parfois, du chaos comique qui surgissent du lent processus artistique.

Alberto Giacometti The Final Portrait un film de Stanley Tucci
Avec : Geoffrey Rush, Armie Hammer, Clémence Poésy, Sylvie Testud
Royaume-Uni - 2017
Durée : 1h30
Sortie le 6 juin 2018

Affiche, photos, film-annonce © Bodega Films

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