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« Amitiés Sincères »: Coup de cœur ciné !

Synopsis :
Walter Orsini aime faire des grands gestes et parler fort, un peu. Il aime la pêche, la cuisine et les bons vins, beaucoup. Il aime Paul et Jacques, ses amis d’une vie, passionnément. Il aime surtout Clémence, sa fille de 20 ans, à la folie. Mais il n’aime pas le mensonge, mais alors pas du tout. “Dans la vie, on se dit tout” voilà ce qu’il déclare à qui veut l’entendre et même aux autres... Mais il est bien seul à respecter ce principe. Aussi, comment Walter, le fort en gueule, va-t-il réagir quand il découvrira que ceux qu’il aime tant lui mentent effrontément ?

 

© SND

Il y a deux grosses sorties cette semaine.
Tout d’abord « Lincoln » que les cinéphiles attendent tous avec impatience. Pour la mise en scène de Spielberg. Pour voir le cinéaste du sous-estimé et pourtant magnifique « Cheval de Guerre » se frotter à un grand mythe américain. Pour Daniel Day-Lewis, aussi.

Et puis il y a « Amitiés Sincères » de Stephan Archinard et François Prêvot-Leygonie. Leur film fait figure d’outsider face au géant Spielberg. Oh, loin de nous l’idée de vous rejouer le coup de David contre Goliath. Du gentil petit français contre le vilain envahisseur américain. Pas de ces stupidités ici. Il n’y pas de films qui s’affrontent. Il n’y a que des films qui s’ajoutent. Et vous vous devez, évidemment, de voir ces deux films très différents.
Mais « Amitiés Sincères » est suffisamment singulier pour qu’on ait l’envie, à Lille La Nuit, de vous en toucher deux mots. D’autant plus, qu’effectivement, il pourrait créer la surprise au box-office cette semaine (Lincoln n’est-il pas quelque peu éloigné des préoccupations du public français ? C’est à vérifier.)

Au départ d’« Amitiés Sincères », il y a une belle histoire. Celle de deux potes, Archinard et Prévôt-Leygonie. Ils écrivent une pièce qu’ils envoient sans le connaître à l’un des papes du théâtre parisien, Bernard Murat. Murat lit la pièce et décide de la monter sur le champ. Il signe la mise en scène et joue le rôle principal en compagnie de Michel Leeb. Succès immédiat. Nous sommes en 2006. Puis, il est très vite demandé aux deux auteurs de transformer leur pièce en scénario pour en faire la matrice d’un film qu’ils réaliseront. Un vrai conte de fées !

© SND

Après plusieurs scénari vraisemblablement laborieux, il est décidé de s’éloigner considérablement de la pièce pour ne garder que le thème central. Repartir de zéro pour faire un vrai film de cinéma. Ouf, nous échapperons à la sempiternelle pièce de théâtre filmée ! Merci à la scénariste et dialoguiste Marie-Pierre Huster. Sa collaboration avec les deux auteurs donne naissance à un film tout à fait charmant et intéressant sur bien des points.
Le trio d’auteurs a donc l’intelligence d’oublier la pièce, de ne pas s’y « accrocher » pour nous offrir une intrigue quasi originale. « Amitiés Sincères » n’aura pas le défaut de ces adaptations théâtrales où les réalisateurs surchargent leurs films de séquences extérieures artificielles pour aérer le récit.

Et puis, ce film, comme toute bonne comédie, a le bon goût de trouver son rythme dès les premières minutes du métrage. Ca va vite. Mais sans se précipiter. Les dialogues font mouche. C’est de la dentelle de Bruges. Les personnages sont remarquablement dessinés. Le trio d’acteurs Lanvin-Yordanoff-Anglade fonctionne à plein régime. On sent qu’ils se sont amusés sur le tournage. Leur plaisir est communicatif. Le spectateur en redemande. Zabou Breitmann est une fois de plus impeccable. Ana Girardot confirme que le talent n’attend pas le nombre des années. On est content de revoir le trop rare Jean-Pierre Lorit (exceptionnel dans « Une Affaire de Goût » du regretté Bernard Rapp).

© SND

On est surtout heureux de retrouver une veine du cinéma français qui avait quelque peu déserté les écrans. Ce cinéma qui parlent des amis, des femmes et des hommes qu’on aime ou qu’on a aimés, des petites choses de la vie, de notre mauvaise foi, de nos lâchetés, de nos emmerdes, de nos conneries, de nos petits travers, de nos idéaux. Un cinéma qui rappelle celui de Dabadie, Yves Robert. Le cinéma de Jean-Marie Poiret aussi, quand il fait « Mes Meilleurs Copains » (un film déjà interprété par Gérard Lanvin).

Un cinéma qui ose parler de notre société. De politique aussi. D’ailleurs, la politique est bien plus qu’une toile de fond dans « Amitiés Sincères ». Elle permet de donner de l’épaisseur à l’histoire, de la chair aux personnages. L’air de rien Archinard et Prévôt-Leygonie s’engagent, disent de belles choses. Humanistes. Essentielles. Finalement les deux réalisateurs ne nous disent-ils pas que dans la vie, tout est politique ? Même le cinéma ?

« Amitiés Sincères » c’est donc du bon cinéma populaire. Mais du cinéma populaire exigeant. L’histoire est intelligente. La mise en scène est soignée. Les acteurs font leur boulot (bien). On ne prend pas le spectateur pour un imbécile. L’air de rien, à une époque qui a la tentation de niveler de en plus vers le bas, c’est beaucoup.
Allez voir ce film. C’est souvent drôle, grave, émouvant. Jamais manichéen, ni démago. « Amitiés Sincères » est un beau divertissement. Et c’est un vrai coup de cœur.

Affiche et bande-annonce © SND .

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