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Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté

Par Toutatis, le ciel leur est tombé sur la tête ! Près de cinq ans après le calamiteux « Astérix aux Jeux Olympiques », Thomas Langmann abandonne sa place de producteur au profit des ambitieux Olivier Delbosc et Marc Missonnier de Fidélité Films. A eux, donc, de relancer au cinéma les aventures de nos deux gaulois préférés (nés de l’imagination de René Goscinny et Albert Uderzo).

Photo © Jean-Marie Leroy

Rien n’a été laissé au hasard pour faire de ce quatrième film de la saga - en prises de vues réelles - une réussite: un budget impressionnant de 61 millions d’euros, un casting prestigieux et un réalisateur à succès qui a le vent en poupe.
C’est donc Laurent Tirard (choisi par la propre fille de René Goscinny), le réalisateur de l’excellent « Mensonges et trahisons et plus si affinités... » et du moins inspiré « Le Petit Nicolas », qui se charge d’adapter en un même film deux des bandes dessinées les plus réussies de la série, « Astérix chez les Bretons » et « Astérix et les Normands » (déjà transposés en films d’animation en 1986 et 2006). Mais le moins que l’on puise dire c’est que ce nouvel opus ne fonctionne que trop rarement.

Pourtant, on sent Laurent Tirard soucieux d’adapter fidèlement l’œuvre de Goscinny et Uderzo. Jamais il ne fait preuve d’arrogance, de bêtise ou de vulgarité comme ce fut le cas dans le précédent film de la franchise, « Astérix aux Jeux Olympiques ». Il soigne ses décors, son scénario, ses dialogues, sa direction artistique (mis à part quelques effets numériques ratés et une photographie d’une rare laideur). Il replace même les personnages de Astérix et Obélix au cœur du récit. En gros, on sent vraiment qu’il veut bien faire.

Et c’est là que le bât blesse. Car jamais le réalisateur du « Molière », avec Romain Duris, ne se lâche. Le film est beaucoup trop sage, respectueux, lisse, dénué de personnalité.
On ne sent que trop rarement le point de vue de Laurent Tirard et de son coscénariste habituel Laurent Vigneron. Ils ne s’approprient pas assez l’univers de la bande dessinée. Quant à la mise en scène, elle est trop académique. C’est simple, le dernier opus des aventures de « Astérix » manque cruellement de peps. La faute, peut-être, à une 3D totalement inutile et avec laquelle le réalisateur a dû « composer ». Cette technique semble le brider, lui interdire tout délire visuel. Son film est désespérément plat (un comble pour un film en relief). Il tourne à vide. Sans compter des choix qu’on peut qualifier d’étranges (pourquoi avoir illustré le film de chansons du groupe de rock américain «The Ramones » alors que la bande musicale n’aurait dû être composée que de chansons de pop-anglaise). On a presque envie de conseiller au cinéaste de revoir la réalisation délirante de Alain Chabat, « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » (que Monsieur Uderzo n’aime pas. On se demande bien pourquoi ? ).

Photo © Jean-Marie Leroy

Mais le plus cruel est de voir des comédiens de grand talent (Fabrice Luchini, Catherine Deneuve, Valérie Lemercier, Guillaume Gallienne, le regretté Michel Duchaussoy, Vincent Lacoste, …) totalement en roue libre. Et que fait Edouard Baer dans le rôle de Astérix ? Il n’incarne jamais son personnage. Il est « Edouard Baer », point ! Alors que depuis les tous débuts de la saga, le rôle du petit gaulois semble destiné à l’énergique et gouailleur Lorànt Deutsch. Seul Gérard Depardieu s’en sort avec les honneurs. Il est un Obélix parfait ! Et ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il fait partie de la distribution depuis les débuts de la série.

Photo © Jean-Marie Leroy

On aurait vraiment voulu s’enthousiasmer pour cette production française ambitieuse (d’un point de vue des moyens investis, tout du moins). D’autant plus qu’il n’est pas agréable d’écrire une critique négative d’un film. Mais comment défendre une comédie dont le rythme est absent ? Quoi de plus triste, sinistre qu’une comédie où l’on ne rit presque jamais ?

Le spectateur pouvait craindre le pire après la vision de la calamiteuse bande-annonce de « Astérix et Obélix: au service de Sa Majesté ». Et malheureusement, le film confirme ce très mauvais pressentiment.
Alors question : faut-il espérer un prochain « Astérix » au cinéma ? Il est franchement permis d’en douter. A moins que d’ici le prochain film de la franchise, on ne retrouve (enfin) la recette de la potion magique !

Affiche © Wild Bunch

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