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« Comme un Avion » : La comédie libre et sensuelle de Bruno Podalydès !

Synopsis : Michel, la cinquantaine, est passionné depuis toujours par les avions. Un jour, il tombe en arrêt devant des photos de kayak : on dirait presqu'un avion. C'est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak, pagaie des heures sur son toit, et rêve d'épopées en solitaire. Michel se décide enfin à partir sur une jolie rivière inconnue.

Sa première escale est dans une guinguette où il rencontre la patronne Laetitia, la jeune serveuse Mila et les quelques habitués. Michel y installe sa tente pour la nuit... et, le lendemain, a beaucoup de mal à quitter les lieux...

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Comme un avion sans aile, la chanson de CharlElie qu'on entend dans le film de Bruno Podalydès.

 

Critique : Quel film singulier, drôle, poétique, sensuel est Comme un Avion ! Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le réalisateur Bruno Podalydès interprète également le rôle principal de son dernier long-métrage.

Ceux qui connaissent le cinéma de Bruno Podalydès savent très bien ce qu’on veut dire quand on parle de singularité à propos de ses œuvres. Voilà un cinéaste qui va à l’encontre des modes, des rythmes imposés par les carcans de la production cinématographique actuelle. Il impose son tempo, son humour fin et décalé, sa poésie, son univers parfois surréaliste et n’hésite pas à mettre en scène des personnages légèrement hors du temps, en contradiction avec l’époque dans laquelle ils évoluent.

C’est une nouvelle fois le cas du personnage qu’il nous présente dans Comme un Avion : Alors que beaucoup considéreraient que Michel se tape une bonne crise de la cinquantaine (ne riez pas les jeunots, ça arrive plus vite qu’on ne le pense), nous préférons parler de libération. Un jour, cet homme décide de vivre l’aventure : partir en kayak, se délester du rythme infernal imposé par une société quelque peu malade ; encouragé, poussé par son épouse Rachel (Sandrine Kiberlain) qu’il qualifie à juste titre de « lumineuse ». Il va faire de belles rencontres humaines - tous les rôles féminins vont à l’encontre des clichés habituels -.

Pour être honnête, à la vision du film on est charmé, attendri, on rit souvent. Mais on se dit que la mise en scène est un peu plate, pas si éloignée des réalisations des films de télévision. Et puis, quelques heures après la sortie de la séance, Comme un Avion commence à nous trotter dans la tête. On se dit que, finalement, une mise en scène trop voyante avec une "signature" forte et identifiable, peut parfois nuire à un film, son discours, ses intentions. On se dit surtout que Comme un Avion, est très ludique, qu'il joue avec les spectateurs en multipliant des références (conscientes ou inconscientes) à des oeuvres de Jean Renoir comme Boudu sauvé des Eaux Une Partie de Campagne ou Le Déjeuner sur l’Herbe. Et qu’on y trouve également une scène de rêve formellement très réussie qui renvoie au classique intemporel de Charles Laughton, La Nuit du Chasseur.

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Comme un petit air du Déjeuner sur l'Herbe de Jean Renoir.

 

Le film de Podalydès vieillira bien car on ne peut le dater (à part quelques minis détails liés à notre époque comme le téléphone portable : bon gag à base de géolocalisation). Bien sûr, son cinéma Podalydès peut parfois faire penser aux films de Tati, Resnais, Blake Edwards, Pierre Etaix - grand cinéaste français qu’on oublie trop souvent -. Mais il a su digérer ses inspirations et multiples influences pour donner naissance à une oeuvre qui lui ressemble tout à fait. Et jouit d’une liberté qu’il a pu conquérir grâce à des budgets relativement modestes.

Bruno Podalydès en a dit un peu plus à Lille La Nuit sur ses méthodes de travail : « Je prépare beaucoup, pour être libre après. Je suis disponible avec les comédiens car moins sur le découpage et le filmage. Mais par contre il n’y a pas de story-board, ce n’est pas figé du tout (…) Lors d’une chorégraphie dans la salle de bain on a laissé venir les choses comme ça venait. Mais de prise en prise, c’était de plus en plus calé. »*

Sandrine Kiberlain présente aux côtés de Bruno Podalydès intervient : « C’était de plus en plus millimétré. Mais tu laisses la possibilité à chacun d’inventer des choses (ndr: s'adressant à Bruno Podalydès). Tout est très précis. A l’écriture tout est là, donc on a vraiment le ton du film, le rythme du film. Tous les personnages sont ceux qu’on voit vraiment dans le film. Mais après, on trouve ensemble un plaisir du jeu, d’inventer des choses. »*

Tous les comédiens sont exemplaires. En premier lieu Bruno Podalydès qui campe un personnage dénué de toute méchanceté, de calcul. Un peu décalé par rapport au cynisme qui a tant cours à notre époque. Michel est tendre, touchant, rêveur, pas « fabriqué » pour notre temps. Et c’est ce qui fait toute la beauté de ce rôle. Michel Vuillermoz, Denis Podalydès - frère et acteur fétiche du cinéaste -, Pierre Arditi (dans une apparition réjouissante), Jean-Noël Brouté sont tous excellents.

Mais encore une fois, ce sont les femmes qui étonnent le plus. Kiberlain confirme qu’elle est décidément l’une de nos meilleures actrices. Le couple qu’elle forme à l’écran avec Bruno Podalydès émeut car il est libre, se respecte, se comprend et, surtout, continue après de nombreuses années de vie commune à inventer et réinventer son histoire d'amour.

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La délicieuse Vimala Pons, qu'on aime beaucoup, dans le rôle de Mila.

 

La délicieuse Vimala Pons, l’actrice qui monte (bientôt chez Verhoeven), apporte toute sa sincérité, son tempérament, sa poésie, son petit grain de folie à Mila, jeune serveuse romantique en Diable.

Agnès Jaoui offre une prestation remarquable en incarnant la patronne de la guinguette, Laetitia. Que Jaoui est belle lorsqu’on la découvre allongée sur un lit dans le plus simple appareil, avec comme seuls vêtements des post-it recouvrant ses parties les plus intimes.

En plus de son humour, de ses gags, de sa bonne humeur communicative, de sa tendresse, aussi, Comme un Avion dégage de la sensualité. On sent que Podalydès aime les femmes. Et comme il les aime, il leur offre de beaux rôles, les filme bien.

Sandrine Kiberlain : « Moi, je suis comme vous. Quand j’ai vu le film fini, j’ai trouvé ça très très sensuel et très érotique. Par exemple : l’espèce d’amour platonique entre les personnages de Vimala et Bruno lorsqu’ils sont sous la tente… On a envie qu’ils se sautent dessus et en même temps il y a un truc… C’est un petit peu comme quelqu’un qui aurait le bon décolleté, qui n’en montre pas trop mais qui en même temps en montre suffisamment pour qu’on ait envie d’enlever le chemisier. Si elle était à poil, on serait moins touché. Quand Agnès est nue, c’est très très sensuel aussi. Parce qu’il y a l’humour des post-it, toute la poésie qui va avec ça. Pour moi, le moment qui m’a vraiment ému, c’est toute la mise en scène autour du linge que pend Agnès et que, sans le vouloir, Bruno la prend. C’est très sensuel ».*

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On est heureux de retrouver Agnès Jaoui dans le beau rôle de Laetitia

 

Il y a longtemps que Podalydès n’avait réalisé un film aussi abouti. Peut-être parce qu’il s’est réservé le rôle principal. Ce qui, du coup, lui permet de s’investir davantage. Bien meilleur que Bancs Publics (Versailles rive droite) ou Adieu Berthe - L'enterrement de mémé, Comme un Avion est un film délicieux qui se déguste comme une madeleine. Voilà du cinéma fait par un vrai artisan du cinéma français, qui nous lave la tête de toutes ces comédies industrielles comme on ne souffre plus d’en voir.

* Propos recueillis à Lille le 30 mai 2015.

Film-annonce, affiche © UGC Distribution, Why Not Productions. Photos © Anne-Françoise Brillot - Why Not Productions

Comme un Avion Un film de Bruno Podalydès.
Avec Bruno Podalydès, Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui, Vimala Pons, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté, et avec la participation de Pierre Arditi.
1h45. Sortie le 10 juin 2015.

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