Aujourd’hui9 événements

« Be Kind Rewind » – Soyez sympas, rembobinez

A la suite du sabotage raté d'une usine électrique, Jerry (Jack Black) se retrouve magnétisé et efface involontairement toutes les VHS du magasin de location de Mr Fletcher (Danny Glover). Afin de remédier à cet événement désastreux, Jerry et Mike (Mos Def - l'employé du magasin) décide de refaire eux-mêmes les films effacés tels que « Ghostbusters » ou « Rush hour 2 ». Ces films « suédés » (import de suède) se révèlent être un succès auprès des habitants du quartier et plus encore.

Michel Gondry signe ici son film le plus abordable pour les non initiés à son univers décalé. Moins compliqué que son magnifique « Eternal Sunshine of the Spotless Mind », plus terre-à-terre que la « Science des Rêves », « Be Kind Rewind » se révèle être un bel hommage au cinéma dans son entier. Celui fait de bricolages, de ficelles, de trucages. Celui de Gondry à dire vrai. Il dit dans une interview avoir imaginé un concept similaire pour sauver une salle d'un cinéma de quartier lors de son arrivée à Paris; l'utiliser comme un local qui permettrait aux gens du quartier d'y bricoler un film, de le projeter et de récolter les fonds pour financer le prochain.

Dans « Be Kind Rewind », c'est toute une philosophie de penser qui ressort, des soirées jazz des années 40 dans des appartements bondés pour payer le loyer aux films "home-made" projetés devant toute la famille. Il y a beaucoup de tendresse dans ce film, un brin de nostalgie aussi et de beaux clins d'oeil à la société moderne.

Jack Black y incarne un looser bien atteint dans la lignée parfaite de son personnage dans High Fidelity. Leur collaboration sur ce film et dans le monde du cinéma était inévitable tant leur folie créative se valent. Il devait déjà travailler ensemble sur « La science des rêves » et puis finalement pas. Mos Def est très attachant mais son rôle est un peu étouffé par le personnage exubérant de Jack Black. Les seconds rôles (dont Mia Farrow, Danny Glover ou encore Sigourney Weaver) sont excellents.

La poésie qui ressort des films de Gondry provoque à chaque vision une claque de bonheur. Pour « Be Kind Rewind », on retiendra que les vrais bonheurs ne sont pas ceux que l'on achète mais bel et bien ceux que l'on crée. Oui, d'accord cela peut paraître un peu simple, mais on ne se pose même pas la question ici. On apprécie, on se plonge dans cet univers qui s'ouvre devant nous. Ces personnages ne sont pas des super-héros, ce sont des gens normaux qui vivent une vie comme tout un chacun.

Comment parler du nouveau film de Michel Gondry sans en évoquer l'essence-même ? Les films « suédés » (terme inventé par Jack Black dans le film pour caractériser leurs remakes « home-made » qu'il prétend importés de Suède). Le premier d'une longue série, « Ghostbusters », fait autant rire les fans de ce film que les autres. Dans pratiquement toutes les productions de Gondry, que ce soit dans ses clips, ses pubs ou ses films, il manie le trucage avec plus ou moins de moyens techniques. Et malgré le succès de ses films, sa carrière franco-américaine, la qualité de ses castings, il arrive à garder ce petit côté amateur, cette volonté de respecter le cinéma qu'il aime.

Avec « Be Kind Rewind », le réalisateur français lance un appel aux spectateurs : aller au cinéma c'est une chose, mais le fait de créer ses propres films procure un bonheur bien plus intense. Sur le site internet du film, Jack Black accueille l'internaute par une vidéo où il explique qu'il va pouvoir poster ses propres vidéos et participer au concours. Le buzz autour de ce film est incroyable aux Etats-Unis. Les vidéos « suédés » s'accumulent sur la toile en quête de reconnaissance. Le message de Gondry est bien passé.

On retrouve des remakes « suédés » de « Jurassic Park », « Princess Bride» ou encore « Once ». Si ce phénomène s'exporte en France, on a de grandes chances de découvrir des « suédés » de « La Grande Vadrouille », « Les Bronzés font du ski » ou encore « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain ». Il faut quand même avouer qu'à la vision des vidéos venues d'outre-atlantique postées sur divers sites, on est loin de l'humour d'un Jack Black ou d'un Mos Def.

Si on suit le cheminement de penser de Gondry, le seul plaisir réside dans le fait de créer, de montrer ses productions, de faire partager ses émotions. En tout cas, le pari est réussi. Gondry signe avec « Be Kind Rewind » un très bel hommage au cinéma et provoque une sérieuse envie de pratiquer cet art brut entre potes.

  1. Delph

    Absolument extra..! Petit bijou que je conseille!!

Revenir aux Actus
À lire aussi
165 queries in 0,246 seconds.