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« Blood Ties » de Guillaume Canet : Un POUR et un CONTRE !

Synopsis : New York, 1974. Chris, la cinquantaine, est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Frank, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecoeur. Ce ne sont pas seulement des choix de « carrières » qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies et une rivalité depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les casses, la prison… Pourtant, Frank espère que son frère a changé et veut lui donner sa chance : il le loge, lui trouve un travail, l’aide à renouer avec ses enfants et son ex-femme, Monica. Malgré ces tentatives, Chris est vite rattrapé par son passé et replonge. Pour Frank, c’est la dernière des trahisons, il ne fera plus rien pour Chris. Mais c’est déjà trop tard et le destin des deux frères restera lié à jamais.

© Mars Distribution

Pour : Depuis plusieurs mois, Grégory et moi essayons de synchroniser nos agendas pour aller voir un film ensemble. Le hasard du calendrier a bien fait les choses : Blood Ties de Guillaume Canet nous divise. On savait dès le début qu’on serait sûrement partagés et c’est ce qui nous intéressait. Dans l’équipe, on n’est pas tous d’accord sur le travail du réalisateur. Et non, ce n’est pas les filles contre les garçons, le charme du réalisateur n’a rien à voir dans cette histoire.
Contrairement à Grégory, vous le lirez ci-dessous, j’aime sa manière de réaliser. On avait d’ailleurs fait une critique très positive des Petits Mouchoirs au grand dam des deux Grégory de la team Lille La Nuit. Ce n’était pas gagné pour autant cette fois : le nouveau film de Guillaume Canet est totalement différent du précédent. Pourtant, j’ai réussi à accrocher.

Le casting y est pour quelque chose. Il y a d’abord les deux frères, le voyou charismatique incarné par Clive Owen (Les Fils de l’Homme, Closer…) et le flic touchant joué par Billy Crudup (Presque Célèbre, Big Fish, Mission Impossible III…). Leur père n’est autre que le très grand James Caan (Le Parrain, ou encore la série Las Vegas pour les plus jeunes…). On retrouve aussi la belle et talentueuse Zoe Saldana (Avatar), et le Belge Matthias Schoenaerts qu’on avait déjà pu voir aux côtés de Marion Cotillard dans De rouille et d’os.

La musique a attiré notre attention à plusieurs reprises. Alors on aime ou pas le choix de la bande originale. Dans chacun de ses films, Guillaume Canet accorde beaucoup d’importance à la musique. C’est parfois peut-être trop réfléchi, vous le verrez ci-dessous, mais il a le mérite de capter notre attention et de mettre en lumière certaines scènes juste grâce à la musique.

Et comme Blood Ties est complètement différent, pourquoi une fois de plus, j’ai accroché à l’univers de Canet ? C’est lors de la conférence de presse que j’ai trouvé une explication. Grâce à la question suivante de Greg « C’est votre quatrième long-métrage, vous passez d’un genre à un autre, est-ce que vous voyez des thèmes communs entre ces quatre films ? ». Guillaume Canet nous a alors expliqué : « Il y a un thème qui m’a frappé quand j’y ai réfléchi la dernière fois, c’est celui de la mort. C’est le thème récurrent de mes films, que ce soit dans mon Idole avec Berléand, que ce soit dans Ne Le Dis à personne avec la disparition de cette femme, que ce soit dans les Petits Mouchoirs avec cet ami qui disparaît. Je ne sais pas pourquoi ce thème revient, il faut que j’analyse ». J’ai alors compris que la manière dont Guillaume Canet aborde la complexité des rapports humains et le thème de la mort dans ses films me touchent. On n’a pas la même sensibilité Grégory et moi, mais chacun respecte l’avis de l’autre, alors à lui de vous donner sa version.

Contre : Si Aurélie se montre relativement enthousiaste avec Blood Ties de Guillaume Canet, autant vous dire qu’il n’en est pas de même pour moi.
C’est triste à dire, mais plus je vois de films de Guillaume Canet, moins j'aime son cinéma. Pourtant, j'ai vraiment apprécié sa première réalisation, Mon Idole. Une satire réjouissante du monde des médias interprétée par un François Berléand totalement déjanté.
Les choses ont vraiment commencé à se gâter dès le deuxième long-métrage de Canet, Ne le Dis à Personne. Pour ma part, un mauvais film noir qui cumulait maladresses et contradictions dans les styles de mises en scène (énorme succès public, néanmoins, il faut le reconnaître).

Le pompon ayant été atteint par Les Petits Mouchoirs (plus de cinq millions de spectateurs en salles), psychodrame larmoyant et interminable, s'inspirant ouvertement du film de Lawrence Kasdan, Les Copains d’Abord  (Canet à l'élégance de le reconnaître) et déjà bien plagié par Kenneth Branagh dans Peter’s Friends.

Mais passons à Blood Ties. « Il est grand temps » me dit Aurélie (j’y viens Aurélie, j’y viens). J’ai eu l’impression en sortant de la projection, d’avoir vu la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. Car soyons clair, s’il est évident que Canet tente avec sincérité de payer son tribut aux grands cinéastes américains des seventies (Scorsese, Friedkin, De Palma, Lumet, Cassavetes, Schatzberg pour lequel il a tourné, …), son Blood Ties n’est qu’une pâle copie carbone de leurs plus grands films (malgré l'aide de James Gray au scénario). Et la comparaison est écrasante.

Blood Ties, c’est un peu comme le Canada Dry. Ca a le goût du cinéma américain des années 70. Ca y ressemble. Mais ça n’en a jamais la saveur. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir lésiné sur la direction artistique, (décors, photo, costumes).
J’ai eu beau vouloir me laisser embarquer par l’histoire, jamais je ne me suis senti concerné par les deux héros du film (pourtant interprétés par les excellents Billy Crudup et Clive Owen). Quant à Marion Cotillard, elle n’est jamais crédible en Monica, son personnage de pute junkie. Un bon point cependant pour les interprétations de Mila Kunis, Zoe Saldana et de l'immense James Caan.

© Mars Distribution

Le souci, c’est que Canet est beaucoup trop dans l’idolâtrie des cinéastes qu’il vénère. La conséquence est que son film manque de maturité. Etait-il nécessaire de surligner au stabilo le shoot d’héroïne que se fait Monica en l’accompagnant du titre du Velvet Underground… Heroin ? Un peu lourdingue tout de même.
J’ai cherché un véritable tempo dans Blood Ties. Une pulsation. En vain. Je n’y ai vu, hélas, qu’un film calibré, ennuyeux, manquant d'aspérités.
Le film de Jacques Maillot, Les Liens du Sang (interprété par François Cluzet et… Guillaume Canet) à l’origine de Blood Ties (un remake, donc), était autrement plus racé.

Pour ma part, je préfère revoir pour la énième fois Scarface, chef-d'oeuvre absolu de De Palma, qui ressort cette semaine sur nos écrans pour ses trente ans.
Maintenant c’est à vous, amis de Lille La Nuit, de vous faire votre opinion sur la dernière mise en scène de Canet. Peut-être aimerez-vous le film comme Aurélie. Et après tout, ne dit-on pas que celui qui aime a raison ?

Affiche et film-annonce © Mars Distribution

Deux questions à Guillaume Canet sur Blood Ties

Grégory : Pourquoi avez-vous eu envie de revenir sur ce film de Jacques Maillot, en le transposant aux Etats-Unis, ce qui est assez original ? 

Guillaume Canet : Il y a eu deux phases. Comme ça peut arriver quand on lit un bouquin, on se fait toujours sa propre mise en scène, on imagine que le héros va être blond ou brun. Inconsciemment, on s’imagine des décors. La première fois que j’ai lu le scénario, je ne sais pas pourquoi, je voyais des images de New-York alors que cette histoire se déroulait à Lyon.
J’ai ensuite rencontré les frères Papet. J’ai aussi lu un livre de 300 pages que m’avait donné Jacques Maillot et qui allait au delà du scénario qu’on a tourné. Je me disais qu’il y avait une source pour aller plus loin. D’ailleurs, Jacques avait eu l’idée d’en faire une série à un moment donné.
Des années plus tard, quand on m’a proposé de faire des films aux Etats-Unis, après avoir sorti Ne Le Dis A Personne là-bas, je ne me sentais pas du tout confiant et à l’aise dans l’idée d’aller réaliser un film à Hollywood avec plein de producteurs qui allaient me dire ce qu’il fallait faire. J’avais envie d’arriver avec un projet que je maîtrisais. J’ai donc repensé à ce scénario, et à l’idée de l’adapter, mais pas d’en faire un remake car je n’aime pas l’idée de « refaire ». Il y a une connotation négative alors que j’aime beaucoup le film de Jacques Maillot. Mais l’idée de le transposer dix ans plus tôt à Brooklyn et de revisiter l’histoire me plaisait. J’ai supprimé des personnages, j’en ai ajouté, et j’ai transformé des histoires d’amour. J’ai trouvé cet exercice intéressant. Je me suis dit innocemment que je pourrai reprendre cette histoire et essayer de faire un film avec ma patte à moi.
Grégory : Il y a d’abord la phase de l’écriture, ensuite vous avez très envie de faire un film aux Etats-Unis, vous vous retrouvez avec plein de « fantômes » de cinéastes, de gens que vous avez aimé, et aussi Shatzberg parce que vous avez tourné pour lui. Il y a donc l’idée de faire un film aux Etats-Unis et il y a la réalité. Qu’est-ce que ça change par rapport au système français et qu’est-ce que ça vous a fait de vous retrouver dans la réalité du système américain ? 

Le début là-bas m’a paru flippant. Quand je suis arrivé, je me suis rendu compte qu’il fallait que je recommence tout à zéro. J’appelais mon producteur tout le temps car la production avec qui on travaillait n’était pas sûre qu’on allait faire le film. Je me suis donc retrouvé dans des situations complètement dingues. Il n’y avait pas de voiture pour aller faire des repérages, on est donc partis avec la voiture du chef déco se balader dans Brooklyn. Je voyais bien que le producteur qui était là ne croyait pas qu’on trouverait l’argent pour faire ce film. On n’avait même pas tout le casting. J’ai vraiment flippé, je voyais bien que je recommençais tout comme un premier film. Il fallait que j’arrive à montrer que je voulais faire ce film et comment je voulais le faire. Il a fallu beaucoup de temps pour que la structure se mette en place. C’est finalement dans les trois ou quatre dernières semaines de préparation que les choses se sont vraiment bousculées.

Les reprises de Plan-Séquence.

Les autres sorties de la semaine.

AVANT-PREMIÈRES:

UGC LILLE : IL ETAIT UNE FORET - En présence du réalisateur Luc Jacquet. Mercredi 30 octobre à 20h00.

INSIDE LLEWYN DAVIS en VOSTF-Vendredi 1er novembre à 20h00

LE MAJESTIC DE LILLE : QUAI D'ORSAY- Réalisé par Bertrand Tavernier
Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestup, ...
Jeudi 31 octobre à 19h00

INSIDE LLEWYN DAVIS en VOSTF- Avant première lundi 4 novembre à 19h30.

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