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Cannes, et après ?

Chaque année, le festival de Cannes provoque l’enthousiasme. On découvre la sélection officielle, on suit les films projetés chaque jour et les réactions qu’ils suscitent, et enfin arrive le palmarès qui confirme ou non les prévisions des journalistes. Mais, contrairement au César ou aux Oscars, le cinéphile lambda qui n’était malheureusement pas sur les lieux n’a vu aucun film. Il lui est donc impossible de juger le bien fondé du palmarès, d’autant plus quand, comme cette année, les prix ne reviennent pas aux grands noms présents en compétition. On avait pourtant cette année Tarantino, Wong Kar Wai, Les frères Coen, Kusturica, Kim Ki-duk, Breillat, James Gray, David Fincher, mais aucun d’eux n’a obtenu le moindre prix. Seul Gus Van Sant, Palme d’or et prix de la mise en scène pour Elephant, obtient le prix du 60eme festival.
Son festival de Cannes, le cinéphile se le fera donc tout au long de l’année, au fur et à mesure de la sortie des films en compétition. Il n’y aura certes plus les paillettes et le tapis rouge sur les marches, mais il restera l’excitation à la sortie des films primés, notamment la palme d’or.
 
Un premier film primé est déjà sorti sur nos écrans, et pas des moindres : le prix de la mise en scène avec Le scaphandre et le papillon. Non primés, sont déjà sortis également Les chansons d’amour, Tehilim, Une vieille maîtresse, Zodiac, et cette semaine le film de Tarantino : Death Proof - Boulevard de la Mort.
Une belle ouverture pour NOTRE festival de Cannes, en attendant avec impatience un des prix du Jury ex-aequo : Persepolis.

 

Zodiac
Réalisé par
David Fincher
Avec Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Anthony Edwards
Durée : 2h 36min

Zodiac, l'insaisissable tueur en série qui sévit à la fin des années 60 et répandit la terreur dans la région de San Francisco, fut le Jack l'Eventreur de l'Amérique. Prodigue en messages cryptés, il semait les indices comme autant de cailloux blancs, et prenait un malin plaisir à narguer la presse et la police. Il s'attribua une trentaine d'assassinats, mais fit bien d'autres dégâts collatéraux parmi ceux qui le traquèrent en vain.
Robert Graysmith, jeune et timide dessinateur de presse, n'avait ni l'expérience ni les relations de son brillant collègue Paul Avery, spécialiste des affaires criminelles au San Francisco Chronicle. Extérieur à l'enquête, il n'avait pas accès aux données et témoignages dont disposait le charismatique Inspecteur David Toschi et son méticuleux partenaire, l'Inspecteur William Armstrong. Le Zodiac n'en deviendrait pas moins l'affaire de sa vie, à laquelle il consacrerait dix ans d'efforts et deux ouvrages d'une vertigineuse précision...

Quand on lit «Réalisé par David Fincher », on pense à ‘Alien 3’, ‘Se7en’ et ‘Fight Club’ et même ‘The game’ et ‘Panic room’ ce qui est plutôt bon signe. Car tout le monde n’a pas réinventé le thriller policier et l’on est donc en droit d’attendre beaucoup de ce petit génie, surtout s’il s’agit d’un film policier.
Raconter l’histoire d’un tueur en série jamais attrapé, qui rêvait qu’on réalise un film sur son œuvre sanguinaire, apparaît a priori comme un projet assez ambigu. Fincher s’en empare et nous offre une œuvre fort différente de ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Délaissant l’ambiance poisseuse et glauque de Se7en, le film nous plonge dans la fin des années 60 avec un réalisme impressionnant. S’attardant sur les gens qui lui ont consacré une partie de leur vie à le traquer, plus qu’au tueur lui-même, le film trouve un rythme qui lui est particulier, celui du puzzle qui se construit pièce par pièce, doucement, sur une très longue période. Le film reste captivant tout au long de ses deux heures et demi, ponctué par des meurtres filmés de manière glaçante.

 

 

 

Les Chansons d’Amour
Réalisé par
Christophe Honoré
Avec Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni
Durée : 1h 40min

Il y a trop de gens qui t'aiment"... "Je ne pourrais jamais vivre sans toi"... "Sorry Angel". Les chansons d'amour racontent aussi cette histoire-là.

Toutes les chansons d'amour racontent la même histoire : "
Le ressac de la nouvelle vague nous apporte des petits bijoux tel que ce nouveau film de Christophe Honoré. Il y fait chanter une nouvelle génération d’excellents comédiens, mené par l’éblouissant Louis Garrel qui transcende les espoirs de son césar pour « Les amants réguliers ». Le film jouit en effet, surtout dans la première partie, d’une liberté de ton qui rappelle les chefs d’œuvre du début des années 70, le trio amoureux lisant dans le lit évoquant à la fois le « Jules et Jim » de Truffaut et « Une femme est une femme » de Godard.
Malgré le coté irréel et magique de la comédie musicale, Les chansons d’amour, à l’instar des « parapluies de Cherbourg », traite avec sérieux de l’amour et de la perte d’un être cher. A travers des petits moments de la vie, d’une réalité crue, il nous montre ses personnages en contact les uns avec les autres, qui se heurtent, se cherchent, avec une humanité et une sincérité magnifique. Christophe Honoré, débordant d’idées de mise en scène, nous offre un ballet où les deux personnages se parlent au téléphone, dans la même rue, ainsi qu’une magnifique scène finale sur un balcon. Du vrai cinéma français comme on l’aime et dont on peut être fier.
 

 

Le scaphandre et le papillon


Dans ce corps inerte, seul un oeil bouge. Cet oeil devient son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie. Il cligne une fois pour dire "oui", deux fois pour dire "non". Avec son oeil, il arrête l'attention de son visiteur sur les lettres de l'alphabet qu'on lui dicte et forme des mots, des phrases, des pages entières...
Avec son oeil, il écrit ce livre, Le Scaphandre et le papillon, dont chaque matin pendant des semaines, il a mémorisé les phrases avant de les dicter...

Le 8 décembre 1995, un accident vasculaire brutal a plongé Jean-Dominique Bauby, journaliste et père de deux enfants, dans un coma profond. Quand il en sortit, toutes ses fonctions motrices étaient détériorées. Atteint de ce que la médecine appelle le "locked-in syndrome", il ne pouvait plus bouger, parler ni même respirer sans assistance.
L’histoire bouleversante de Jean-dominique Bauby, devenue un livre grâce à une patience et une persévérance hors du commun, n’avait rien pour être adaptée au cinéma. Julian Schnabel, auteur de déjà deux très bons biopics, s’y attaque malgré tout et tente le pari de nous communiquer l’émotion de cet homme qui n’a plus rien pour l’exprimer à part un œil, seul lien avec le reste du monde. Pour cela, il utilise une caméra subjective, agrémentée d’effets visuels, pour retranscrire cette sensation d’enfermement que vit le héros, symbolisé par le scaphandre perdu au milieu de la mer. Le résultat est intéressant, et Julien Schnabel a la bonne idée de ne l’utiliser que la première partie du film, la deuxième partie s’intéressant aux personnes qui entourent Jean-Dominique et au long travail d’écriture de son livre. Son ortophoniste invente en effet un procédé fastidieux où elle récite les lettres de l’alphabet jusqu’à ce que le héros cligne des yeux pour indiquer que c’est la bonne lettre.
Malheureusement, s’il est impossible de rendre compte du temps énorme que cela demande, il est déjà vite énervant pour le spectateur d’assister d’aussi nombreuses fois à ce processus de communication. Cette sensation est d’ailleurs renforcée par un scénario qui peine à avancer dans cette deuxième partie, tentant de se raccrocher à des flash-back, les souvenirs et les rêves étant les seules occupations possibles pour Jean-Do. Heureusement, quelques magnifiques scènes tel que celle où le père du héros lui parle au téléphone nous confortent dans le choix du prix de la mise en scène.
Et bien sur, il y a Mathieu Amalric, toujours excellent, qui réussit avec seulement un œil et sa voix à faire vivre un personnage et à transmettre l’émotion à travers son scaphandre.
 

 

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