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Casey Affleck et Rooney Mara sont « Les Amants du Texas »

SYNOPSIS : Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout. Et surtout contre la loi. Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dés lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant. Mais quand il y parvient, quatre ans plus tard, le rêve correspond mal à la réalité. En fuite, poursuivi par la police et par les membres d’un gang, Bob peine à rétablir le lien avec sa famille. Ruth est devenue mère et elle ne veut pas d'une vie de cavale : courtisée par un policier attentionné, la jeune femme devra choisir entre le passé et l’avenir.

© Diaphana Distribution

Si vous êtes un grand cinéaste, vous pouvez être certain qu’une batterie de jeunes réalisateurs vont se nourrir de la substantifique moelle de votre œuvre.
Les exemples se comptent par dizaines (le jeune et déjà brillant De Palma avec Hitchcock, plus près de nous Tarantino qui pompe à peu près sur tout le monde, Christophe Gans « traumatisé » à jamais par les cinémas de Mario Bava, Bernard Borderie et King Hu…).

Nouvel exemple avec David Lowery qui convoque pléthore d’immenses metteurs en scènes américains pour son deuxième long-métrage.
Dans « Les Amants du Texas » ("Ain't Them Bodies Saints"), on retrouve le Robert Altman de "John McCabe ", le Arthur Penn de « Bonnie and Clyde », le Scorsese de « Boxcar Bertha », le Paul Thomas Anderson de « There Will Be Blood ». Sans oublier, évidemment, la référence majeure que semble être Terrence Malick pour Lowery. Et plus particulièrement des films comme « La Balade Sauvage ». Lowery filme l'environnement, la nature, les champs de blé de la même manière que l'auteur des "Moissons du Ciel ».

© Diaphana Distribution

Le petit souci, c’est qu’on a forcément tendance à faire la comparaison ou à jouer au jeu des sept erreurs. On sait bien que comparaison n’est pas raison. Mais voilà, on ne peut s’empêcher de penser aux références qui parsèment le film. Ce n’est pas de notre faute, on fait tout pour oublier les illustres modèles. Mais on n’y arrive pas.

Le problème, c’est que David Lowery est encore un peu trop dans l’idolâtrie de ses glorieux aînés. Le souci, aussi, c’est que son film est bien trop sage pour nous les faire oublier. Alors on a beaucoup de mal à se passionner pour cette histoire qui manque de chair et d’aspérités.

Oh, loin de nous l’idée de vous dissuader d’aller voir « Les Amants du Texas ». Il faut voir les films pour se faire sa propre opinion. D’autant plus que celui-ci a de réelles qualités : une belle mise en scène qui sait « gérer » l’espace, de beaux décors naturels, une musique lyrique de Daniel Hart et une photographie de Bradford Young qui n’a quasi rien à envier aux films des cinéastes cités plus haut.

© Diaphana Distribution

Mais on cherche en vain l’émotion dans « Les Amants du Texas ». Le film donne un peu de l’effet Canada Dry. Ca a le goût des films Malick. Le goût des films de Altman. Et même, parfois, de certains Robert Mulligan. Mais ça n’en a que la couleur.

On se gardera bien d’être trop dur. D'autant plus que le film a été tourné en seulement six semaines et pour le faible budget de trois millions de dollars. On voit des films bien plus mauvais que celui-là. Bien moins soignés. Bien moins intelligents, aussi. On espère juste que David Lowery saura davantage imprimer sa touche personnelle et imposer un véritable ton dans ses prochains longs-métrages.

En fait, « Les Amants du Texas » est avant tout à voir pour son casting. Là-dessus, il s’agit d’un sans faute. Lowery nous a concocté une distribution aux petits oignons. Allant même jusqu’à convoquer le grand  Keith Carradine, vu dans « Nashville » (de Altman, justement), « L’Empereur du Nord » de Aldrich ou "Les Duellistes" de Ridley Scott. Ce qui prouve que Lowery est bien un réalisateur cinéphile. Ce qui est hélas devenu assez rare.

Le reste de la distribution est à l’avenant. Plus particulièrement la belle et troublante Rooney Mara (la Lisbeth du « Millenium » version Fincher), Casey Affleck sans doute l’un des acteurs les plus brillants de sa génération (voyez ou revoyez absolument « L’Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford », déjà un classique) et Ben Foster (vu dans l'excellent remake du western « 3h10 pour Yuma »).

© Diaphana Distribution

Le trio d’acteurs offre au film la densité, le trouble, l’ambigüité qui font trop souvent défaut à la mise en scène de David Lowery. Il n’en reste pas moins que le jeune réalisateur est à suivre. Quelqu’un qui ose de nos jours imposer un rythme parfois lent et contemplatif dans un cinéma américain de plus en plus sous testostérone, se doit d’être soutenu et encouragé.

 Affiche et film-annonce © Diaphana Distribution

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