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« Cessez-le-feu » : Romain Duris dans un film sur 14-18 aux résonances contemporaines – Rencontre avec le réalisateur

Lille La Nuit a un coup de cœur cette semaine pour Cessez-le-feu, le premier long-métrage de Emmanuel Courcol avec Romain Duris et Céline Sallette. Courcol fut d’abord acteur avant de devenir auteur. Notamment pour Philippe Lioret dont il signa les scénarios, adaptations et dialogues de films comme Welcome ou Toutes nos envies. Aujourd’hui, Emmanuel Courcol passe derrière la caméra avec une fresque intimiste qui se déroule au lendemain de la première guerre mondiale. Critique du film et rencontre avec le cinéaste par Lille La Nuit.

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Cessez-le-feu de Emmanuel Courcol : Romain Duris confirme ses choix d’acteur exigeant.

Critique : La première pensée de Lille La Nuit après la vision du film de Emmanuel Courcol, Cessez-le-feu, fut qu’il s’agit d’un film singulier et allant à l’encontre des modes. Tant mieux ! Avec ce film, qui rend hommage à son grand-père, Emmanuel Courcol, offre au cinéma français une œuvre qui ne manque pas de panache.

Le film traite des ravages de la guerre 14-18 et il n’y a pas pléthore de films sur le sujet. Ce que nous raconte Emmanuel Courcol - le retour à la vie civile, les traumatismes liés à l’horreur de la guerre, la dureté du regard des autres, la difficulté d’accepter l’amour quand on a reçu la haine - est intemporel.

Avec intelligence Emmanuel Courcol est allé chercher l’un des acteurs les plus brillants du moments : Romain Duris. Après La Confession de Nicolas Boukhrief, il confirme ses choix d’acteur exigeant. Avec son physique moderne, Duris permet à Cessez-le-feu d’acquérir une dimension contemporaine immédiate.

Emmanuel Courcol : « C’était compliqué. Il fallait en même temps des acteurs qui puissent incarner l’époque - quand même -. La mère par exemple (Maryvonne Schiltz : NDR) incarne l’époque. (…) C’était une préoccupation pour tous les acteurs qu’ils incarnent quelque chose de l’époque et, en même temps, qu’ils aient une liberté de jeu moderne. Il y a quelque chose de moderne, je pense surtout chez Céline Sallette. Parce qu’elle incarne encore pus cette modernité dans l’histoire. (…) Dès qu’on s’est posé la question du casting, Romain est passé dans le champ de vision parce qu’en fait ils ne sont que trois, quatre, cinq… je parle des acteurs « bankables » un peu. (…). J’ai revu les films avec Romain Duris. Je le trouvais un peu branleur, p’tit mec un peu séducteur, parisien. Je n’arrivais pas à l’imaginer dedans. Puis j’ai revu De battre mon cœur s’est arrêté, il est très bien. Persécution où il est formidable. Et je me suis dit : « Tiens, c’est un mec qui a de la densité. Il est peut être sombre, il y a un truc. C’est comme ça que je suis arrivé sur lui. Et il y a un truc qui est hyper important, c’est l’envie de le faire en fait ! Je me suis retrouvé face à lui. En 24 heures, il m’a dit : « Oui, j’y vais ! Ça me plait beaucoup ! » J’ai senti chez lui un appétit de le faire. (…) Romain il apporte autre chose : une élégance, une tension aussi (il a ça), une sensibilité. Mais lui ça va être le contraire : il va travailler la force, l’encrage, la densité du personnage. Tout le reste qu’il trimbale, c’était là de toute façon ».

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Cessez-le-feu de Emmanuel Courcol : Céline Sallette - superbe - évoque la grande Simone Signoret.

 

Le reste du casting est à l’avenant : Céline Sallette - superbe - évoque la grande Simone Signoret, Grégory Gadebois en frère mutique - revenu traumatisé du combat - est formidable, Julie-Marie Parmentier nous fait regretter de ne pas la voir davantage au cinéma.

Côté mise en scène, Courcol n’occulte pas les moments attendus. Les scènes de tranchées sont impressionnantes de réalisme sans pour autant verser dans le spectaculaire déplacé. Difficile de passer après Les sentiers de la gloire de Kubrick, film de référence sur le sujet. Mais Emmanuel Courcol ne démérite pas. Il filme la violence sous toutes ses formes : celle des combats, du retour à la vie. La violence psychologique aussi.

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Cessez-le-feu : le réalisateur Emmanuel Courcol au Arras Film Festival. © Jovani Vasseur

 

Emmanuel Courcol : « J’ai filmé ça comme je suis. Comme ce que je ressens. Moi même, je pense que j’ai beaucoup de violence en moi. Et je pense que la violence on ne la voit pas venir surtout ! Ce qui est intéressant, c’est que c’est une violence qui est intériorisée, qui est très rentrée. (…) On sent que tous ces mecs là sont des cocotes-minutes. Le personnage de Georges (Romain Duris : NDR), je pense que c’est un personnage dans lequel je me suis beaucoup projeté. Plus inconsciemment que consciemment d’ailleurs. Je pense qu’il y a cette espèce de truc qui monte, qui monte comme ça. Et à un moment donné, il y a une petite étincelle. Et, paf, ça part ! (…) La violence cherche à s’exprimer. Comment je fais ? Je ne sais pas ! J’essaie plutôt de retenir la manifestation de la violence pour qu’au moment où ça arrive, ce soit brusque et un peu surprenant parce qu’on voit ce personnage très maître de lui. Et tout d’un coup, il dérape et on se demande jusqu’où ça peut aller. »

Qu’on ne s’y trompe pas : Cessez-le-feu est un film humaniste - le titre affiche la couleur -. Humaniste ! Jusque dans ce regard qu’Emmanuel Courcol porte sur les africains qui se sont battus pour la France. Ce que certain(e)s voudraient oublier. Mais que Emmanuel Courcol, lui, n’oublie pas ! Là aussi, Cessez-le-feu prend une dimension contemporaine. Et politique !

Comme quoi, une œuvre se déroulant il y a un siècle peut directement, profondément, intimement concerner les spectateurs de 2017.

Synopsis : 1923. Georges, héros de 14 fuyant son passé, mène depuis quatre ans une vie nomade et aventureuse en Afrique lorsqu'il décide de rentrer en France. Il y retrouve sa mère et son frère Marcel, invalide de guerre muré dans le silence. Peinant à retrouver une place dans cet Après-guerre où la vie a continué sans lui, il fait la rencontre d'Hélène, professeure de langue des signes avec qui il noue une relation tourmentée…

Cessez-le-feu de Emmanuel Courcol
Scénario Emmanuel Courcol
Avec Romain Duris, Céline Sallette, Grégory Gadebois et Julie-Marie Parmentier
Directeur de la photographie Tom Stern
Montage Guerric Catala
Producteur Christophe Mazodier
Costumes Édith Vesperini et Stephan Rollot
Musique Jérôme Lemonnier
Durée 103 min

Sortie le 19 avril

Affiche, photos du film, film-annonce © Le Pacte
Remerciements Cinéma Le Métropole de Lille et Arras Film Festival

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