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Chabat et Boublil font « Les Gamins » !

Synopsis: Tout juste fiancé, Thomas (Max Boublil) rencontre son futur beau-père Gilbert (Alain Chabat), marié depuis 30 ans à Suzanne (Sandrine Kiberlain). Gilbert, désabusé, est convaincu d'être passé à côté de sa vie à cause de son couple. Il dissuade Thomas d'épouser sa fille Lola (Mélanie Bernier) et le pousse à tout plaquer à ses côtés. Ils se lancent alors dans une nouvelle vie de gamins pleine de péripéties, persuadés que la liberté est ailleurs. Mais à quel prix retrouve t'on ses rêves d'ado ?...

© Nicolas Guiraud / Peopleforcinema productions / Légende Films / Gaumont.

Quoi ? A Lille la Nuit.com, cette semaine, on vous parle d’une comédie française avec Max Boublil ? Et qui plus est coécrite par Max Boublil ? Boublil, pas vraiment connu pour être le Adam Sandler frenchie...

Alors, le rédacteur ciné est-il devenu fou ? Son corps et son esprit ont-ils été sauvagement possédés par Pazuzu, le démon de « L’Exorciste » ? A-t-il touché des pots-de-vin ? Ou a-t-il perdu tout sens critique sous prétexte que la charmante Mélanie Bernier fait partie du casting du premier film de Anthony Marciano, « Les Gamins » ?

NON ! NON ! Et NON ! A Lille La Nuit.com, la déontologie c'est sacré ! D’ailleurs, le rédacteur ciné a été recruté par Aurélie, la responsable éditoriale de Lille La Nuit, pour son incomparable probité intellectuelle (cela dit, si vous avez le numéro perso de Mélanie B., le rédac' ciné est preneur. Il faut juste éviter de le dire à Aurélie).

Trêve de plaisanterie ! Si nous avons décidé cette semaine d’un commun accord, de réserver la page cinéma au film d'Anthony Marciano (déjà réalisateur de plusieurs clips de Boublil), « Les Gamins », c’est tout simplement parce qu’il va vous faire passer un excellent moment. Ce film, certes, ne révolutionne pas le cinéma mais vous en ressortirez avec le sourire aux lèvres. Et par ces temps de sinistrose, de crise, de happenings sinistres de Frigide Barjot et de tournée européenne de Justin Bieber, tout ce qui peut donner du baume au cœur ne se refuse pas, vous en conviendrez.

Déjà, il y a le plaisir de retrouver Alain Chabat, excellent, dans le rôle de ce cinquantenaire en pleine midlife crisis. C’est simple, l’ex-nul est juste hi-la-rant. Et ce, dès le départ, alors qu’il ne fait strictement rien. Juste avachi, déprimé, lessivé sur le canapé marron du salon ("C'est même plus une couleur, c'est un message. Un message qui dit: Viens voir Des Chiffres et des Lettres, viens voir Derrick"). Assister ensuite à ses grosses bêtises lors de ses pérégrinations avec son futur beau-fils, est juste la meilleure alternative à tous les antidépresseurs et anxiolytiques de l’industrie pharmaceutique.

© Nicolas Guiraud / Peopleforcinema productions / Légende Films / Gaumont.

Chabat, est non seulement un excellent réalisateur de comédies (qui, à part Albert Uderzo, ose dire aujourd’hui que son « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » est un mauvais film ?) mais aussi un très bon acteur. Et l’air de rien, cela commence à faire un sacré bail (souvenez-vous du bon polar d'Alain Corneau, « Le Cousin », en 1997). Il fallait que cela soit dit une bonne fois pour toutes ! Chabat : voilà déjà une bonne raison de se déplacer pour voir le film.

Une autre bonne raison d'aller voir « Les Gamins », c’est Max Boublil. Finalement, on le découvre chouette comédien, sachant passer de l'humour à l'émotion avec une facilité assez déconcertante. Et sans qu’on ait jamais l’impression de trop le voir enchainer une succession de sketches.

Le reste de la distribution est à l’avenant. Sandrine Kiberlain est top, comme d’habitude, dans le rôle de cette mère totalement obnubilée par l’écologie et l’humanitaire.
La pétillante Mélanie Bernier confirme qu’elle ne manque décidément pas de talent. On va la revoir souvent dans le paysage cinématographique français.

© Nicolas Guiraud / Peopleforcinema productions / Légende Films / Gaumont.

Ce qui réjouit aussi à la vision du film de Marciano, c’est qu’il est plutôt bien écrit pour une comédie française (en tous cas, si on compare avec celles qu’on ose nous vendre depuis quelques temps comme des comédies, alors qu’elle ne sont que de sinistres pantalonnades).
C’est amusant, parfois grossier mais jamais vulgaire (ou alors juste ce qu’il faut). On croit volontiers à l’association de ce type de cinquante ans complètement paumé et de cet ado attardé qui refuse de s’engager dans une vie d’adulte. L’association de l’humour à la Chabat s’adapte parfaitement au comique de Boublil.

De plus, les scénaristes n’ont pas craint de taper un peu sur tout ce qui bouge. Et notamment sur une certaine bonne conscience de gauche (assez symptomatique, d'ailleurs, d'un cinéma franco-français petit bourgeois). L’univers des maisons de disques en prend également bien pour son grade. Visiblement, ça sent le vécu. Et que dire de cette scène qui nous fait découvrir le passé peu glorieux d’un papy centenaire, durant la seconde guerre mondiale… Quasi un moment d’anthologie.

On aurait sans doute aimé qu'Anthony Marciano se montre un peu plus inventif dans sa mise en scène, qu’elle soit plus rock’n’roll. Le sujet méritait certainement davantage de folie dans le traitement. On attend moins de prudence, plus de hardiesse de la part d’un tout jeune réalisateur. On regrette notamment une fin bien conventionnelle, qui rentre dans le rang.

Anthony Marciano et Alain Chabat sur le tournage © Nicolas Guiraud / Peopleforcinema productions / Légende Films / Gaumont.

Il faudra certainement attendre quelques années, plusieurs films, pour que Marciano se montre à la hauteur de certains grands noms de la comédie américaine auxquels « les Gamins » fait référence. Et notamment, des frères Farrelly ou de Ben Stiller (même si le réalisateur reconnaît davantage l’influence d’Appatow, qu’on ne retrouve d’ailleurs pas forcément dans le film).
Mais en l’état, voilà une comédie plus que recommandable car elle a déjà trois sérieux atouts : Elle ne manque pas de rythme. Elle est drôle. Et on y croise une rock-star mythique. Mais, l'attachée de presse du film ayant demandé expressément à Lille La Nuit de taire son nom, inutile d'insister nous ne vous dirons pas qu'il sagit de...

Allez, bon film !

Affiche et Film-annonce © Gaumont.

Pour en savoir davantage sur Alain Chabat, nous vous recommendons le très bon article de Franck Annese dans le dernier numéro de l'excellente revue ciné "So Film".

Les autres sorties de cette semaine.

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