"Churchill" : Brian Cox, acteur de génie, redonne vie au légendaire Winston Churchill ! - Actualité

Cette semaine, l’Actu Ciné de Lille La Nuit vous propose une leçon d’Histoire avec Churchill ! N’ayez pas peur : Churchill, s’il est un biopic très classique, n’en demeure pas moins un film intéressant sur le fameux Premier Ministre anglais à quelques jours du débarquement en Normandie. Il est surtout interprété par l’un des plus grands acteurs au monde (et on pèse nos mots) l’Ecossais Brian Cox. Critique de Churchill par Lille La Nuit…

Churchill de Jonathan Teplitzky : Brian Cox, l'un des plus grands acteurs au monde, ne joue pas Winston Churchill. Il l'incarne !

Critique : Jonathan Teplitzky, le réalisateur de Churchill n’est pas un grand cinéaste. Il est un habile raconteur d’histoires et ce n’est déjà pas si mal. On lui doit Les voies du destin (2014) avec Colin Firth et Nicole Kidman. Un film honnête qui revenait sur l’histoire vraie d’un vétéran brisé qui avait inspiré le classique de David Lean Le pont de de la rivière Kwaï. Si ce long-métrage n’eut pas un immense retentissement médiatique, on connaît bien davantage la série Broadchurch pour laquelle Teplitzky signa des épisodes de la saison 2.

Jonathan Teplitzky est un bon artisan dont on peut attendre qu’il se mette entièrement au service de de l’histoire, du script qu’il doit illustrer. N’attendez pas de sa part de révolution formelles (du moins pour le moment).

Cela tombe bien, ce n’est pas qu’on lui demande avec Churchill. Soyons clair : le film est un Biopic qui ne cherche pas l’originalité dans sa construction. Le script est extrêmement classique. Sur une durée d’un peu moins de 1H40, le programme est clair : raconter la vie de Winston Churchill, le grand Homme d’Etat britannique, à quelques heures du débarquement en Normandie. Fameuse opération militaire qui participa à la libération de la France et du monde du joug de la barbarie nazie.

Comme dans tout Biopic, Churchill met l’accent sur les contradictions du personnage. L’idée - assez académique - est de retracer le grand homme mais, aussi, ses zones d’ombre.

On découvre un vieux Winston Churchill, qui doute de lui-même, boit beaucoup, dont les conseils et avis sont peu écoutés par des militaires souvent arrogants. Qui le considèrent comme ringard.

Churchill de Jonathan Teplitzky : les conseils et avis de l'Homme d'Etat sont peu écoutés par des militaires souvent arrogants.

La leçon d’Histoire est passionnante. Mais d’un strict point de vue cinématographique, on reste dans les eaux d’un film honnête qui aurait pu tout aussi bien donner naissance à une belle œuvre de télévision voire à une série de prestige - qui aurait bénéficié de davantage de temps pour creuser situations et personnages -.

Churchill a tout de même une originalité qui n’est pas à négliger : il fait également le portrait de l’épouse de Winston Churchill, Clemmie, interprétée par la talentueuse Miranda Richardson. En donnant de l’importance à cette femme, on trouve une idée assez moderne : derrière tout grand homme, se trouve une grande femme ! On découvre ainsi à quel point Clemmie Churchill eut une influence capitale sur son époux, lui redonnant confiance (le secouant même) à des moments déterminants pour l’avenir de monde libre.

Churchill de Jonathan Teplitzky : le film fait également le portrait de Clemmie (Miranda Richardson), l’épouse de Winston Churchill.

Churchill (le film) manque de prises de risques mais, paradoxalement, intéresse beaucoup. D’abord parce qu’il raconte une page d’Histoire importante. Ensuite parce qu’il offre le premier rôle à Brian Cox.

Brian Cox, acteur écossais, est l’un des meilleurs au monde. Il fut le premier interprète de Hannibal Lecter au cinéma dans le grand Sixième Sens (Manhunter - 1986) de Michael Mann. On le vit également dans le chef-d’œuvre de Spike Lee (son plus grand film) La 25ème Heure, en 2003. Aussi dans la saga des Jason Bourne, Match Point (2005) de Woody Allen, Zodiac (2007) de David Fincher et à la télévision dans Penny Dreadful. On peut même le voir cette semaine (hasard de la distribution) dans le film d’horreur The Jane Doe Identity, qu’on annonce terrifiant.

Brian Cox et le réalisateur Jonathan Teplitzky sur le tournage de Churchill.

A chaque fois, on est frappé par la précision, l’élégance, le travail (qui ne se ressent jamais) de Brian Cox. Il aurait pu se contenter d'une imitation de Churchill. Mais comme tous les acteurs britanniques (quelle école !) il l’incarne.

Cox avait d’ailleurs déjà interprété un autre personnage historique - moins reluisant celui-là - : J. Edgar Hoover, dans le docu-fiction La malédiction d’Edgar que Marc Dugain adapta en 2014 de son propre ouvrage.

Dans Churchill, Brian Cox sidère par la puissance de son jeu. Du coup, on a presque l’impression de regarder, aussi, un documentaire sur un grand acteur au travail.

C’est ce film en creux que Lille La Nuit trouve le plus passionnant.