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Cloverfield

Synopsis
New York - Une quarantaine de ses amis et relations ont organisé chez Rob une fête en l'honneur de son départ pour le Japon. Parmi eux, Hub, vidéaste d'un soir, chargé d'immortaliser l'événement. La "party" bat son plein lorsqu'une violente secousse ébranle soudain l'immeuble. Les invités se précipitent dans la rue où une foule inquiète s'est rassemblée en quelques instants. Une ombre immense se profile dans le ciel, un grondement sourd se fait entendre... et la tête de la Statue de la Liberté s'effondre brutalement sur la chaussée. L'attaque du siècle vient de commencer. Au petit matin, Manhattan ne sera plus qu'un champ de ruines...

Le pas enjoué, un petit coup d'oeil vers les immeubles d'Eurallile, un autre furtif vers la gare. Bon faut avouer c'est clair, que même si la nuit est d'encre ce soir et qu’il n’y a pas foule dans les rues lilloises, on aurait vite fait de repérer l'attaque d'une bestiole gigantesque, et en plus elle n'aurait sûrement pas grand chose à se mettre sous la dent depuis qu'on nous a enlevés la grande roue (Snif!)... Mais bon, la bande-annonce de la nouvelle production du petit génie qui nous a déjà accouché de Lost m'a bien mis l'eau à la bouche, on va même accélérer un peu le pas, histoire de ne pas croiser l'acteur principal à l'un des coins de rue!

D'entrée de jeu, le film étonne : on se retrouve l'oeil derrière une camera à observer différentes scènes, on va du petit bisou d'un couple qui a fait la grasse matinée à la soirée- surprise de départ d'un certain "Rob", et tiens une certaine "Beth" pas mal du tout qui traverse la pièce... Ok donc "Rob" était avec "Beth" avant et ça tourne un peu au vinaigre là. Une façon comme une autre de nous présenter les personnages, mais cette torpeur dans laquelle on pénètre au début du film fera froncer les sourcils à plus d'un. On se sent gêné, même limite mal à l'aise au début. Sûrement bien en a pris au réalisateur de commencer par nous familiariser avec ce type de vue à la première personne, en nous présentant l' "avant" de la catastrophe, en nous invitant à rejoindre cette "party" somme toute très banale, mais le rythme traîne quelque peu avant que le film ne prenne sa vitesse de croisière.

Et quel rythme ! Là réside vraiment la nouveauté dans ce film, de la première explosion au dernier fracas, l'effet d'intrusion au coeur même du chaos est bluffant ! On a maintes fois évoqué "Le Projet Blairwitch" lorsque les premières images du film ont tourné sur Internet, mais on est dans un tout autre style de cinéma. La caméra se fait fiévreuse, emballée tout au long de la fuite désespérée des protagonistes, pour à d'autres instants nous bousculer dans des recoins et cachettes, tout en nous occultant astucieusement les apparitions du monstre. Finalement le mystère reste tout entier pendant une bonne partie du film. D'où vient-il ? Comment évolue-t-il ? Y a-t-il des survivants ? On est tout autant paniqué que la foule de Manhattan, on sursaute et tremble à chaque assourdissement et explosion. L'apocalypse.

Ajoutez à ça quelques idées brillantes, comme la chute dévastatrice de la Statue de la Liberté, un usage à forte dose d'angoisse du métro et un design plus que stylé de la créature « abominesque », et l'on commence à progressivement prendre goût à l'aventure. Certains plans laissent même sans voix, tant l'échelle entre un immeuble qui s'écroule sur l'écran, et nous petit spectateur installé dans le fauteuil rouge réussit à faire son effet. Cloverfield vous enverra donc de bonnes montées d'adrénaline, mais aussi, (petit hic) de temps à autres provoquera de furieuses impressions de tanguis. Gare au mal de mer donc, on peut reprocher à ce film cette multiplication des plans à hauts risques et cette caméra qui ne cesse de vaciller.

Au final, c'est donc avant tout surpris que l'on ressort de ce film. Sans être un nouveau monument du cinéma, Cloverfield évite tous les clichés "godzillesques" par un scénario intelligent et froid (aucune musique avant le générique final), et une mise en scène sans aucun doute totalement inédite. Du cinéma culotté, qui a mis du piment dans ma soirée, tant le film arrive à nous plonger au coeur de cette attaque infernale sans jamais lâcher son emprise. Malgré tout, cet essai n'est pas à mettre entre toutes les mains, et pourra notamment difficilement convenir pour une douce soirée au cinéma avec sa bien-aimée... (Et on en mène pas large quand il n'y a plus de metro pour rentrer !)

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