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« Dans la Maison » de François Ozon

13ème long-métrage de François Ozon, « Dans la Maison », est une très  bonne surprise. Le cinéaste y abandonne ses mauvais travers (une provocation un peu toc) pour se mettre au service d’une histoire forte et captivante.

© Mars Distribution

Le film raconte l’histoire de David, un garçon de 16 ans, qui s’immisce dans la maison d’un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français, Germain. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, va reprendre goût à l’enseignement. Mais cette intrusion va déclencher une série d’événements incontrôlables.

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Librement adapté de « El Chico de la Ultima Fila » du dramaturge espagnol Juan Mayorca, « Dans la Maison » permet à Ozon de signer ce qu’il faut peut-être considérer comme son meilleur film à ce jour.
Bénéficiant d’une distribution quatre étoiles (Fabrice Luchini, Kristin Scott-Thomas, Emmanuelle Seigner, Jean-François Balmer et l’impressionnant jeune acteur Ernst Humauer), « Dans la Maison » est un bon film qui rend un vibrant hommage au cinéma de Pier Paolo Pasolini (l’auteur de « Théorème » est cité par Luchini dans les dialogues du film) et, surtout, à Alfred Hitchcock. D’ailleurs, les petits pavillons de banlieue à « l’américaine » du film semblent renvoyer directement à ceux de « L’Ombre d’un Doute » (l’un des plus grands classiques de Hitch). Et ce n’est sans doute pas un hasard si le compositeur Philippe Rombi fait référence dans sa bande originale à la musique de Bernard Herrmann, le compositeur attitré du maître du suspens.

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Mais loin de réaliser un vain exercice de style, François Ozon offre au spectateur un beau et sophistiqué thriller sur le pouvoir de l’écrit, aux dialogues finement ciselés et à la mise en scène au cordeau.
Dès les premières minutes du métrage, le spectateur se sent manipulé (dans le bon sens du terme) par cette histoire trouble et ambiguë (pourquoi ce professeur ressent-il au juste une telle fascination pour son élève ?). Et l’on sent que Ozon s’amuse comme un petit fou à nous prendre au piège de son récit diabolique. Tout juste, peut-on reprocher au scénario quelques grosses coutures qui font que nous sommes parfois en avance sur les protagonistes de l’histoire. Mais cela fait sans doute aussi partie des codes du genre.
Pour finir, il serait injuste de ne pas s’arrêter sur la prestation de Fabrice Luchini. Il confirme, une fois de plus, qu’il est décidément l’un de nos plus grands comédiens (à condition qu’il soit dirigé, bien sûr). Luchini est l’égal, en leur temps, d’un Louis Jouvet ou d’un Paul Meurisse. Le voir composer à l’écran cet écrivain raté est un grand moment jubilatoire. On peut d’ailleurs aussi envisager « Dans la Maison » comme un documentaire sur l’acteur. Ozon rend en tout cas un bel hommage à Luchini en parsemant son film d’allusions au parcours artistique du comédien (comme ce plan beaucoup trop insistant sur le livre de Céline, « Voyage au Bout de la Nuit »).
Si on ajoute à cela que « Dans la Maison », a reçu les prix du meilleur film, meilleur réalisateur et prix spécial du jury au Festival de San Sebastian ou encore celui de la presse au Festival de Toronto, vous comprendrez que le dernier Ozon est à voir. Et de préférence, dans une salle obscure !

© Mars Distribution

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