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« Deux Fils » : Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier dans la balade nocturne de Félix Moati

Dans l’actu ciné de Lille de Lille La Nuit coup de foudre pour le premier long-métrage de Félix Moati : Deux fils ! Le jeune comédien, vu récemment dans Le Grand Bain, signe aujourd’hui une balade nocturne jazzy, portée par une distribution de rêve : Vincent Lacoste, Benoît Poelvoorde, Anaïs Demoustier et le très prometteur Mathieu Capella.

Les premiers pas de Félix Moati à la réalisation

Il est étonnant Félix Moati. Ce garçon qu’on devine angoissé quand on l’a rencontré, ne cesse de tenter des choses et de pousser les murs. On l’a vu dans des films aussi sympa et réussis que Télé Gaucho, Hippocrate, A trois on y va, Simon et Théodore (auquel il faut donner absolument une seconde chance), le très original et un peu barré Gaspard va au mariage. Et il vient de remporter son premier triomphe public avec Le Grand Bain de Gilles Lellouche.

Mais acteur, n'est pas une finalité pour Félix Moati. Il rêve depuis toujours de passer à la mise en scène puisqu’il considère que ces deux activités font partie du même métier. En 2016, il réalise un court-métrage, Après Suzanne. Aujourd’hui il se lance dans le long avec Deux fils ! En faisant le choix (preuve de modestie) de rester derrière la caméra.

Deux fils de Félix Moati : le jeune cinéaste sur le tournage de son premier long-métrage. Photo Victor Moati.

Quand le bleu de la nuit rencontre la blue note

Moati est un pro. Aussi, il s’est entouré de vrais talents pour mener à bien sa petite entreprise. D’abord, d’amis comédiens avec lesquels il a déjà travaillé : Vincent Lacoste, Anaïs Demoustier. Et de l’un des acteurs les plus brillants de sa génération : Monsieur Benoît Poelvoorde en personne (avec lequel le jeune cinéaste partage l’affiche du Grand Bain). Du côté de la technique, on retrouve le grand directeur de la photographie Yves Angelo, qui travailla avec des pointures comme Alain Corneau, Claude Berri, Claude Miller, François Dupeyron, Claude Sautet et quelques autres grands noms du cinéma français.

Le résultat est étonnant. D’une histoire de famille qui pourrait être lambda, Moati tire une œuvre personnelle, qui ne ressemble à aucune autre. Deux Fils, film essentiellement nocturne, navigue entre comédie, drame, mélodrame, sans jamais que le jeune réalisateur ne s’éparpille, ni que le film ne perde de sa cohérence. Deux fils nous fait déambuler dans Paris, comme à l’intérieur d’une session de jazz (très belle musique du groupe Limousine), d’un bœuf improvisé (ce que le film n’est jamais, étant très écrit). Il émane de ce film au montage très musical, un réel sentiment de liberté.

Deux fils de Félix Moati : un film comme une ballade de jazz, sur une photographie magnifique d'Yves Angelo.

Poelvoorde nous met les larmes aux yeux

La maitrise sur ce premier long, Moati l'a sans doute trouvée dans son travail d’acteur. Un plateau, il sait ce que c’est. Et on devine dès l’ouverture du film, qu’il sait diriger un comédien. La confirmation nous est donnée par Benoît Poelvoorde, qu’on a rarement vu aussi bouleversant. Immense acteur, il peut parfois en faire trop si on ne le dirige pas, ne le canalise pas. Dans Deux fils, on retrouve un acteur d’un grand dépouillement, touchant dans le rôle d’un père qui ne sait pas être père, qui ne sait pas comment se comporter avec ses enfants. Au bord du gouffre, aussi... Poelvoorde vous fout les larmes aux yeux. On ne l’avait pas vu si bien depuis le superbe film de Fabienne Godet, Une place sur la terre.

Deux fils de Félix Moati : un beau rôle pour Anaïs Demoustier dans un film qui est avant tout un film d'hommes.

Demoustier, Lacoste et un visage prometteur : Mathieu Capella

Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste sont, comme toujours, épatants (qu’il est bon de voir se déployer à l’écran le talent d'une nouvelle génération d’acteurs). Mais on découvre aussi dans Deux fils un nouveau visage, qui impressionne. Celui du jeune Mathieu Capella. En un regard, quelques mots, un dialogue, on comprend que ce gamin peut s'imposer comme un incontournable du cinéma français de demain.

Comme un petit air de Cassavetes

Deux fils n’essaie jamais d’impressionner, de « péter » plus haut que son derrière. Mais il impose un ton, une singularité, un univers, qu’il est bon de voir dans un cinéma français qui se place, parfois, sur des sentiers trop balisés. Si les femmes ne sont pas absentes de Deux fils (loin s'en faut), il est avant tout un film d'hommes, de paternité et de filiation, qui évoque  - en mode mineur - le cinéma de John Cassavetes. On connaît pire comme référence. Alors, Félix Moati comédien ET réalisateur ? Assurément !

Les infos sur "Deux Fils"

Synopsis : Joseph et ses deux fils, Joachim et Ivan, formaient une famille très soudée. Mais Ivan, le plus jeune, collégien hors norme en pleine crise mystique, est en colère contre ses deux modèles qu’il voit s’effondrer. Car son grand frère Joachim ressasse inlassablement sa dernière rupture amoureuse, au prix de mettre en péril ses études de psychiatrie. Et son père a décidé de troquer sa carrière réussie de médecin pour celle d’écrivain raté. Pourtant, ces trois hommes ne cessent de veiller les uns sur les autres et de rechercher, non sans une certaine maladresse, de l’amour…

Deux Fils de  Félix Moati
Scénario Félix Moati avec la collaboration de Florence Seyvos
Avec Vincent Lacoste, Benoît Poelvoorde, Mathieu Capella, Anaïs Demoustier, Noémie Lvovsky, Patrick d’Assumçao, Lola Creton...
Montage Simon Birman

Musique Limousine

Durée 1h30
Sortie le 13 mars 2019

Affiche, photos, film-annonce © Victor Moati, Nord-Ouest Productions,  Le Pacte

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