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« Frankenweenie »: le dernier Burton !

Les aficionados de Tim Burton sont aux anges : le nouvel opus de leur cinéaste fétiche sort dans les salles obscures pour Halloween. Le film, « Frankenweenie », est l’adaptation en version longue d’un court-métrage réalisé par Burton en 1984. Le jeune cinéaste travaillait alors aux Studios Disney où il s’ennuyait copieusement (il collabora notamment au dessin animé « Rox et Rouky »).

« Frankenweenie » raconte la même histoire que le film court qui l’a inspiré. A savoir, une version canine du « Frankenstein » de Mary Shelley, transposé à l’écran en 1931 par le génial James Whale (avec l’inoubliable Boris Karloff dans le rôle de la créature). C’est bien évidemment à ce film et ses suites que Burton, nourri aux mamelles du cinéma fantastique, rend hommage.

© The Walt Disney Company France.

« Frankenweenie » nous fait découvrir le jeune Victor qui se tourne vers le pouvoir de la science pour ramener à la vie son chien Sparky. Autant le dire tout de suite, votre serviteur est allé voir le dernier Burton avec quasi des semelles de plomb. Mais conscient de l’attente suscitée par cette production Disney auprès des fans du cinéaste, il se laissa convaincre.
Alors pourquoi tant de réticences à aller voir le dernier Burton ? Simplement parce qu’il semble que le cinéaste américain ait érigé en système la poésie réelle et sincère de ses premières œuvres.

Il est vrai que « Pee-Wee Big Adventure », « Beetlejuice » ou « Batman Returns » sont de petites merveilles de poésie, d’humour et de tendresse (oublions « L’Étrange Noël de Mister Jack » que Burton n’a pas réalisé). Mais que dire de films aussi marketés que « Charlie et la Chocolaterie » et « Dark Shadows » ? Tim Burton se contentant de reproduire depuis plusieurs années la recette qui l’a fait connaître auprès d’un large public. Mais sans le charme et l’inventivité de ses premières œuvres.
Autant dire que la sortie du dernier Burton n’a pas franchement de quoi enflammer les imaginations. On est en droit de se demander si l’auteur du splendide « Ed Wood » (son chef-d’œuvre) a encore des choses à raconter. Si le cinéaste célébré, institutionnalisé dans le monde entier (alors qu’il tourne aujourd’hui ses films les plus faibles), n’est pas devenu un auteur surestimé.

Alors, comment est ce nouveau « Frankenweenie » ? A vrai dire, c’est plutôt une excellente surprise. Parce que Tim Burton, se rappelant au bon souvenir de son court-métrage, a réalisé « Frankenweenie » dans un beau noir et blanc renvoyant directement aux films de monstres produits par la Universal. On peut sans doute expliquer l’échec du film au box-office américain par ce choix artistique courageux. On est également heureux que Burton ait résisté à l’image de synthèse en réalisant son film selon la technique de la Stop-Motion. On est en droit, en revanche, d’être bien plus sceptique devant l’utilisation d’une 3D une fois de plus inutile. Mais il s’agit sans doute d’un choix commercial imposé par les Studios Disney.

Ce qui fait également plaisir à la découverte de « Frankenweenie » c’est une mise en scène inspirée de la part de Tim Burton. Il n’en fait pas trop, soigne ses cadres, ses perspectives. Surtout, il prend son temps. Contrairement à bon nombre de ses petits camarades, il ne nous impose pas un rythme de dingue. De plus, « Frankenweenie » même s’il est très amusant, fonctionne également à différents degrés. L’occasion pour le spectateur adulte et cinéphile de s’amuser à repérer les nombreuses références qui jalonnent le film (Godzilla, Dracula, la créature du lac noir, l’apparition d’un professeur a la tête de Vincent Price, les Gremlins, …). On sent que Burton s’est fait plaisir en convoquant tout ce bestiaire du cinéma fantastique.

© The Walt Disney Company France.

Il y a aussi le bonheur de retrouver cette description de la middle class américaine qui fait tout le charme de films comme « Edward aux Mains d’Argent ». On y retrouve les mêmes personnages, leurs pavillons, leurs petites maisons. On regrette juste la perte d’un regard un peu plus acéré qui fait aussi le sel des grands films de Tim Burton.

Il est clair que Burton a édulcoré son univers fantastique et gothique. Il a quelque peu vendu son âme aux Studios Disney, offre un regard sur le monde plus conservateur que par le passé. Mais avec « Frankenweenie », il prouve qu’il peut encore en avoir sous le « capot ». Et signe même son meilleur film depuis « Ed Wood ». Ce qui laisse augurer, on l’espère, de bonnes surprises à venir. « Frankenweenie » donnera peut-être aussi l’envie aux adolescents de découvrir ces classiques du cinéma d’épouvante qu’affectionne tant Burton. Au fond, c’est sans doute cette volonté de transmission qu’on admire le plus chez le cinéaste.

Affiche et bande-annonce © The Walt Disney Company France.

A noter que Plan Séquence propose au Majestic de Lille, jusqu'au 6 novembre, une superbe sélection de films de Tim Burton et de classiques qui ont nourri l'inspiration du cinéaste. Par ailleurs, ne manquez pas « L’Etrange Créature du Lac Noir » réalisé en 1954 par Jack Arnold. Ce grand classique du cinéma fantastique américain ressort le 7 novembre en 3D, toujours au Majestic.

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