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« Get Out » : Le triomphe du cinéma d’épouvante U.S. qui fustige le racisme

Cette semaine, l’Actu cinéma de Lille La Nuit vous parle de Get Out : un thriller d’épouvante qui a raflé plus de 170 millions de dollars au box-office US ! Le film - produit par Jason Blum, producteur notamment de The Visit et Split de Shyamalan, The Bay ou Insidious -, écrit et réalisé par Jordan Peele - utilise le cinéma de genre pour faire une critique politique et sociale d’une Amérique qui ne va tarder à porter Donald Trump au pouvoir ! Entre humour noir, épouvante, satire, comédie, drame, étude sociale, Get Out refuse de choisir. Et on ne lui donne pas tort. Critique de Get Out par Lille La Nuit !

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Get Out de Jordan Peele : Qui sont ces gens qui entourent Chris (Daniel Kaluuya) ? Que lui veulent-ils ?

Critique : On a souvent loué dans l’Actu Ciné de Lille La Nuit ce cinéma de genre qui sert de véhicule pour délivrer des discours sociaux, politiques, économiques sur l’état du monde. Si les cinémas d’épouvante, d’horreur, d’aventures, de science-fiction ont ces derniers temps quasi abdiqué toute "vision" au profit du spectaculaire, du divertissement et de l’efficacité, il reste des francs tireurs !

Qu’on se souvienne de George Miller qui signa avec Mad Max Fury Road l’un des films d’action les plus ébouriffants de tous les temps, tout dressant un terrible constat de notre temps et de notre futur  éventuel (extrémisme religieux - Daesh est clairement évoqué dans le film -, société patriarcale, ultra-capitalisme sauvage menant à la destruction des ressources de notre planète, …).

C’est au racisme le plus sournois, larvé, « banal », accepté, que s’attaque Get Out. Le point de départ est simple : un jeune couple mixte (il est noir, elle est blanche) va passer le week-end chez les parents, aisés, de la jeune femme.

Dès son arrivée, Chris (formidable Daniel Kaluuya) trouve étrange l’ambiance au sein de cette famille propre sur elle, à première vue très tolérante. L’accueil est chaleureux. Chris est bien accepté par les parents de Rose, sa petite amie. Mais de petites remarques anodines sur ses origines ethniques, questions sur son enfance ne vont pas tarder à surgir. L’entourage de la famille (voisins, amis) est si bizarre qu'il semble appartenir à une secte. Les serviteurs (noirs) agissent tels des robots…

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Get Out de Jordan Peele : Georgina (Betty Gabriel) l'employée de maison au comportement pour le moins décalé.

Nous n’en dirons pas davantage sur un script malin et intelligent qui fait monter la tension en crescendo en alternant scènes étranges (on se croit dans l'univers de David Lynch période Blue Velvet) et comiques (impayable Lil Rel Howery dans le rôle de Rod, le pote de Chris) pour mieux nous mener progressivement vers l’angoisse et la peur.

Get Out n’est pas exempt de défauts : on voit venir de loin le final quelque peu téléphoné, certaines scènes se vautrent trop facilement dans le Grand Guignol, le script s’inspire trop ouvertement du roman de Ira Levin (auteur de Rosemary’s Baby, adapté en 1968 au cinéma par Roman Polanski) : Les Femmes de Stepford (également transposé au cinéma en 1975 par Brian Forbes, et en 2004 sous la forme d’une comédie par Frank Oz).

Mais le scénariste-réalisateur afro-américain Jordan Peele a l’excellente idée de transformer la critique de Levin d’une société machiste et patriarcale en une dénonciation d’un racisme (toujours actuel) de la classe blanche américaine dominante envers les noirs.

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Jordan Peele sur le tournage de son film Get Out.

On ne peut que saluer l’originalité et le courage de ce jeune réalisateur d’imposer pour son premier long-métrage un film aussi ouvertement politique dans une Amérique qui, après les deux mandats de Obama, fait le choix du retour au conservatisme et du repli sur soi avec l’élection de Donald Trump (par les grands électeurs et une partie du peuple).

Jordan Peele dissémine dans Get Out des dialogues particulièrement bien sentis, chargés d’une ironie mordante et cruelle sur le mépris et la condescendance dont sont victimes les noirs dans les USA du XXIème siècle. Ils disent que, derrière la façade policée d’une Amérique ayant aboli l’esclavage, le sentiment de supériorité de certains blancs envers les Afro-Américains est plus que jamais d'actualité. La Case de l'Oncle Tom n'est pas très loin...

Au passage, Get Out égratigne, fustige ces clichés racistes voulant qu'un noir soit forcément un sportif d'exception, ou un amant aux prouesses sexuelles hors du commun.

Sous les auspices d'une mise en scène efficace mais classique - à part une scène d'hypnose aussi poétique que cauchemardesque - Get Out est de la race de ces films politiques militants que réalisaient Spike Lee dans les années 80-90. A la différence que Jordan Peele se dissimule derrière le « genre », joue, s’amuse des codes et certains clichés de la série B. Son film avance masqué, pour mieux nous prendre par surprise, et nous faire réfléchir.

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Get Out de Jordan Peele : Bradley Whitford et Catherine Keener incarnent le bizarre autant qu'inquiétant couple Armitage.

Finalement, ce qu’il y a de plus terrifiant dans Get Out ce ne sont pas ses scènes de violence graphique (rares), mais bien ce qu’il se passe dans la tête malade de cette Amérique blanche favorisée qui craint de perdre ses privilèges.

Une histoire, hélas, transposable dans beaucoup d’autres régions du monde.

Synopsis : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose  filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

Get Out de Jordan Peele
Scénariste : Jordan Peele
Avec : Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener, Bradley Whitford…
Compositeur : Michael Abels
Directeur de la Photographie : Toby Oliver
Durée : 01h43

Sortie le 3 mai 2017

Interdit aux moins de 12 ans

Affiche, photos, film-annonce © Universal Pictures International France

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