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« Les Goonies » fêtent leurs trente ans ! Mais que vaut réellement le film ?

Synopsis : Une bande de gamins se met à la recherche du trésor de Willy le Borgne.

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Les Goonies s'embarquent pour la plus grande aventure de leur jeune vie !

 

Critique : Les Goonies ont trente ans - le film est sorti le 7 juin 1985 aux Etats-Unis - ! Que le temps passe vite. Voilà un film, produit par Steven Spielberg, scénarisé par Chris Colombus - l’auteur de Gremlins - et réalisé par ce vieux briscard de Richard Donner, qui est devenu une véritable madeleine de Proust pour toute une génération de cinéphages.

On sait que les enfants d’hier, qui sont devenus les parents d’aujourd’hui montrent le film à leurs gamins. Et on peut sans peine imaginer que ces derniers le feront à leur tour lorsqu’ils deviendront parents eux-même.

Les Goonies – qu’on peut traduire grosso-modo par Les Cornichons – est un petit film d’aventures sympathique qui fleure bon le Hollywood des années 80. A cette époque où le merchandising existe déjà, Spielberg est le « patron » ! De tous les Wonderboys du Nouvel Hollywood (Scorsese, Coppola, De Palma...), il est celui qui a le mieux réussi commercialement avec Lucas. Il est un grand cinéaste, avec de véritables obsessions (l’enfance, le divorce, le nazisme qu’on trouve déjà dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue…) et il produit les œuvres de réalisateurs très intéressants comme Robert Zemeckis - l’inoubliable trilogie de Retour vers le Futur -.

Si Les Goonies est un pur produit commercial de l'époque, il ne contient pas ce cynisme présent dans bon nombre de productions d’aujourd’hui (notamment Les Gardiens de la Galaxie)  qui jouent sur la fibre nostalgique du spectateur de façon bien putassière.

Évidemment, en 1985, Spielberg est déjà un homme d’affaires avisé et sent mieux que personne ce qui va toucher le public, plus particulièrement les jeunes. Il écrit une histoire qui tient sur un ticket de métro et que Colombus va transformer en scénario.

Les Indiana Jones - au nombre de deux à l’époque - ont connu un succès retentissant, et ce n’est que justice tant Les Aventuriers de l’Arche Perdue et Indiana Jones et le Temple Maudit (le meilleur de la saga ?) sont des classiques instantanés du film d’aventure.

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Des caractères, physiques, tempéraments bien différents : c'est ça, les Goonies !

 

Alors pourquoi ne pas décliner ce genre cinématographique pour les plus jeunes, en présentant une bande de gamins, qui tient tout autant du Club des Cinq que du Clan des Sept, les jeunes héros créés par Enid Blyton ?

La force des Goonies, est de présenter de jeunes aventuriers aux physiques et caractères très opposés afin que chaque gosse du monde entier, qu’il soit une fille ou un garçon puisse s’identifier au personnage qui lui ressemble le plus.

De jeunes acteurs « maison » (à savoir issus des productions Spielberg) sont au casting. On retrouve Corey Feldman, déjà vu dans le Gremlins de Joe Dante, ou encore Jonathan Ke Quan qui incarne Demi-Lune dans Indiana Jones et le Temple Maudit. On y découvre également des acteurs qui feront parler d’eux par la suite, à l’âge adulte. Parmi eux, l’excellent Josh Brolin (qui joue, Brandon « Brand » Walsh, le grand frère de Mickey) et Sean Astin, vu dans la trilogie de Peter Jackson, Le Seigneur des Anneaux, d’après Tolkien.

Mais à Lille La Nuit, notre préféré c’est Choco, le petit « gros », incarné par le jeune Jeff Cohen avec un aplomb et un sens du comique irrésistibles. Mais il semblerait, qu’en perdant beaucoup de poids, les portes de Hollywood se soient cruellement fermées définitivement pour lui (si vous voulez savoir ce que sont devenus les autres Goonies, nous vous renvoyons à cet article de Konbini).

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Notre Goonie préféré, c'est Choco et il a bien changé aujourd'hui !

 

Le petit souci, c’est qu’il vaut mieux parfois se contenter de nos souvenirs d’enfance ou d’ado. Revoir nos premières découvertes cinématographiques peut s’avérer cruel.

Les Goonies a mal vieilli. Bien que signé par un réalisateur talentueux - Richard Donner est tout de même le cinéaste de La Malédiction, du premier Superman, de L’Arme Fatale - le film commence à crouler sous le poids des années. Certes la musique de Dave Grusin contient des thèmes inoubliables, certes les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres, certes la nostalgie nous rend indulgent. Mais pas au point de rire encore de certaines blagues aussi légères qu’une charge d’éléphants, de se laisser entrainer par une mise en scène peu inspirée et un montage qu’on qualifiera pour être gentil de pantouflard (pourtant dû au talentueux Michael Kahn, monteur attitré de Spielberg).

On est en alors droit de se demander ce qu’il faut penser d’une éventuelle suite des Goonies, envisagée par un Richard Donner qui semblait bel et bien définitivement parti en retraite. On surfe beaucoup sur la nostalgie en ce moment à Hollywood. On n‘a plus beaucoup d’idées. Alors on fait des remakes, des suites ou des reboots. Des films dont on ne sait plus s’ils sont des reeboots, des suites ou des remakes. Et pour l’instant le public suit. Mais ne se lassera-t-il pas un jour ? Combien de Mad Max Fury Road grandioses pour de sombres navets comme The Amazing Spider-Man ?

On espère franchement que la séquelle des Goonies ne verra jamais le jour car on ne voit pas pour quelle autre motivation que bassement mercantile, elle pourrait être produite. Et on frissonne déjà à l’annonce de nouvelles versions de classiques comme Gremlins ou Les Aventures de Jack Burton dans les Griffes du Mandarin - dont, et Joe Dante, et John Carpenter, se sont totalement désolidarisés - .

De plus, s'il y a au moins une chose qui tient la route dans Les Goonies, c’est son petit côté irrévérencieux : on se moque gentiment des "gros" (mais on s’en manque quand même) ; des gamins s‘amusent avec le sexe masculin cassé d’une statuette. Ce qui serait totalement inimaginable aujourd'hui dans un film produit par une Major. Et ce "bon mauvais goût" comme dirait John Waters, on imagine sans mal qu’il passerait à la moulinette du politiquement correct dans une suite ou un remake.

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Sloth, le gentil monstre des Goonies : une version kid du Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse ?

 

Bref, même si on n'est pas totalement fan du film de Donner, on se dit qu’il vaut mieux le laisser tranquille, car cette nouvelle version s’annonce décidément comme une bien mauvaise idée.

Si vous avez l'envie de voir ou revoir Les Goonies, sachez que le film est édité en DVD et Blu-Ray chez Warner, dans une belle copie et qu’on y trouve quelques bonus plutôt cools comme un commentaire audio de l’équipe de tournage. Vous pouvez également guetter la reprise du film en salles en version numérique restaurée puisque Splendor Films, le distribue actuellement. C'est également l'occasion de vérifier qu'à une époque pas si lointaine, réalisateurs et producteurs étaient de vrais cinéphiles puisque Les Goonies pullule de références à de grands classiques de films de pirates.

Et on vous encourage, bien sûr, à préférer la version originale à la version française. En attendant, et même si on a aujourd'hui de très grosses réserves sur le film, on souhaite tout de même un joyeux anniversaire aux Goonies !

Les Goonies Réalisateur : Richard Donner Scénario : Chris Columbus, d’après une histoire de Steven Spielberg Avec : Josh Brolin, Jeff Cohen, Corey Feldman, Jonathan Ke Quan...

On dédie cette chronique à l'actrice Mary Ellen Trainor, morte le 20 mai 2015 à l'âge de 62 ans. C'est elle qui incarne la maman des Goonies et la psy de L'Arme Fatale, tous deux réalisés par Richard Donner. 

Affiche, photos et film-annonce © Warner

 

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