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A Hard Day’s Night : La révolution musicale et cinématographique des Beatles !

Synopsis : Alors que la Beatlemania fait rage en Angleterre, John, Paul, George et Ringo sont attendus à Londres pour jouer dans une émission de télévision. Pour arriver aux studios, ils vont devoir affronter tout un tas d’obstacles : Norm, leur manager hyper-anxieux, le grand-père de Paul au tempérament colérique et insoumis et, bien sûr, des hordes de fans hystériques…

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"It's been a hard day's night, And I've been working like a dog..." (Lennon/McCartney)

 

Critique : Il y a cinquante ans sort sur les écrans un film qui révolutionne l’histoire de la musique, la façon de la filmer au cinéma et contribue à la beatlemania. En 1964, The Beatles est un groupe qui existe depuis six ans déjà, et United Artists célèbre société de production a bien l’intention de ne pas passer à côté de ce tourbillon en passe de devenir un véritable phénomène culturel et de société.

Il est donc décidé de consacrer un film aux "Fab Four", tout en ne se contentant pas de réaliser un produit « tiroir-caisse ». Les décideurs de la United Artists, s’ils veulent bien sûr profiter de cette vague qui déferle sur le monde (y compris aux Etats-Unis), ne souhaitent pas le faire à n’importe quel prix. Leur souhait est de produire un film de qualité pour la jeunesse, qui ne dénature pas la musique, la personnalité de Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison. Décision est prise d’engager Alun Owen, un scénariste réputé pour son humour typique de Liverpool, la ville natale des Beatles, et Richard Lester jeune réalisateur de 32 ans qui n'a signé qu'un seul film à l’époque : La Souris sur la Lune. Et si Lester peut mettre une souris sur la lune, il est à n'en point douter l’homme de la situation pour envoyer les plus célèbres scarabées au monde sur la planète cinéma -à dire vrai, Beatles est un jeu de mot entre beat (rythme) et beetles (scarabée)- !

Les fans doivent retrouver évidemment les chansons qui ont déjà fait la gloire des quatre garçons dans le vent (titre français qui sera donné au film) mais il est également demandé au Beatles d’écrire six nouvelles compositions totalement originales dont le célèbre A Hard Day’s Night qui deviendra l’une des chansons les plus mythiques du groupe. Au passage, signalons que A Hard Day’s Night, qu’on peut traduite par Cette nuit, j’ai passé une dure journée, est une invention de Ringo Starr qui avait l’habitude, selon ses compagnons, de déformer la langue anglaise.

Pour être honnête, l’intrigue du film est un prétexte pour entendre de la bonne musique, passer un bon moment, s’amuser, danser, chanter, s’éclater ! Quoi de plus excitant pour un(e) fan des Beatles que de les suivre durant une journée, du matin au soir. Idée merveilleuse que d’imaginer une journée type du groupe pour donner l’impression à leurs admirateurs qu'ils font partie de leur entourage proche. Autre idée géniale : donner une partie égale à chaque membre du groupe. Nous les voyons ensemble bien sûr, mais chacun a droit à sa petite scène d’anthologie, car chaque fan à son Beatle préféré.

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Les techniques de la télévision de l'époque ont influencé la réalisation de A Hard Day's Night.

 

Ce qui frappe lorsqu’on revoit le film cinquante ans après sa réalisation, c’est à quel point A Hard Day’s Night est une pierre angulaire du film musical. Pour sa réalisation, Lester mise sur le rythme, des techniques de réalisation issues de la télévision, un montage cut. Il sait qu’il immortalise sur pellicule le groupe qu’idolâtre la jeunesse du monde entier. Il se doit de livrer un film bourré d’idées, trépidant, original, insolent. Il doit filmer du jamais vu. On l’a dit, le scénario est un prétexte, une sorte de délire potache et si on imagine évidemment que l’histoire a bien été écrite, A Hard Day’s Night donne réellement l’impression de saisir des instants volés.

C’est ça, la très grande idée du film : on a constamment l’impression de se situer entre le cinéma de fiction et le cinéma documentaire. La caméra est en mouvement constant, les plans sont relativement brefs, ça va vite (les Beatles passent leur temps à courir) et on a davantage l’impression d’assister à une succession de sketchs délirants -annonciateurs des futurs délires des Monthy Python's-, que d'un film avec une trame narrative classique. Bien sûr, de nombreux numéros musicaux jalonnent le film. Et les Beatles, tous excellents comédiens, dégagent une aura que doivent leur envier tous les Justin Bieber de l’Univers.

Ce qui est amusant, c'est que les chansons arrivent souvent comme des cheveux sur la soupe, et semblent parfois déconnectées des situations qui nous sont présentées dans le film.  A l'image de vidéos d'artistes majeurs de ces trente dernières années, qui sont totalement hors sujet du texte de leurs chansons (Billie Jean de Michael Jackson, par exemple).

Evidemment, on ne peut nier l’influence de la comédie musicale américaine sur A Hard Day’s Night, mais on trouve une fraicheur dans les numéros musicaux qui semble aux antipodes des productions  de Broadway et Hollywood, certes merveilleuses mais souvent moins spontanées. Sans doute peut-on trouver l’origine de cette liberté dans le Free Cinema, équivalent britannique de notre Nouvelle Vague. Certes, il y a des moments filmés en studio dans A Hard Day’s Night, mais beaucoup de scènes (une grande majorité) sont tournées en extérieurs. Du coup, tout semble bien plus naturel, pris sur le vif.

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Durant le film, les "Fab Four" courent, galopent... Toujours en mouvement, jamais ils ne s'arrêtent!

 

A Hard Day’s Night fut un film si novateur que son réalisateur a obtenu le titre de « père du clip musical et de MTV » (sic). En fait, le choix de Richard Lester est un véritable coup de génie car il a su capter l’énergie des Beatles, leur humour. Sans parler de leur tempérament et caractères totalement irrévérencieux. A plusieurs reprises dans le film, on se rend bien compte à quel point Paul, John, Ringo et George sont aux antipodes de leur image de chanteurs à minettes et de leur allure de gendres idéaux.

Les Beatles sont de sales gosses ! Des voyous des bas-fonds de Liverpool, de vilains garnements -contrairement à d’autres chanteurs et musiciens de leur époque qui se la jouaient grands rebelles du rock’n’roll alors qu’ils n’étaient que de petits bourgeois issus de l’Establishment ! Et cela est très bien rendu par Lester dans le film. Rien ne semble avoir prise sur les membres du groupe. Ils sont totalement décontractés. Tout glisse. Rien ne les atteint.  Pour résumé : ils se foutent de tout !

Les Beatles voulaient-ils faire voler en éclats cette image un peu trop lisse d’eux-mêmes ? Pressentaient-ils qu’en compagnie de leur fidèle producteur et arrangeur George Martin, ils allaient bientôt explorer des univers sonores totalement baroques et déjantés, sous influence de substances illicites et/ou du gourou indien Maharishi Mahesh Yogi ? Le public imaginait-il qu’un jour le « gentil » McCartney écrirait le grandiose et ultra-violent Helter Skelter (titre que le sinistre Charles Manson comprit à tort comme une incitation au meurtre, réduisant à jamais les idéaux du mouvement hippie*) ?

Quand on voit A Hard Day’s Night, on saisit pourquoi les Beatles ont à ce point fait évoluer la musique, mais aussi la mode, les arts, la société. Pourquoi les Beatles furent, osons le dire, une révolution politique ! En compagnie de quelques groupes comme The WhoMy Generation : quel manifeste !- les Beatles ont permis à l’Angleterre de se libérer d’un corset. Et ce n’est sans doute pas un hasard si une avant-première princière eut lieu le 6 juillet 1964 au London Pavilion Theatre en présence de la princesse Margaret, grande admiratrice des "Fab Four". A n'en point douter, les Beatles ont ouvert une brèche.

Oui, à tous niveaux, il y a un avant et un après Beatles. Sans doute préparaient-il le terrain au metal de Motörhead, Black Sabbath, Led Zeppelin ou au punk contestataire des Sex Pistols et autres Clash ! Encore une fois, il suffit d'écouter Helter Skelter (que McCartney écrit sans Lennon, contrairement à ce qui est indiqué sur les crédits de l'Album Blanc) pour s'en convaincre. Si ça, ce n'est pas un titre punk-rock...

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Avec The Beatles, la Grande-Bretagne entre dans la modernité et ne sera plus jamais la même.

 

Quant à Richard Lester, il obtient en 1965 -un an après la réalisation de A Hard Day’s Night- la Palme d’Or du Festival de Cannes avec Le Knack ou Comment l’Avoir. Avant de réaliser un nouveau film avec les Beatles (Help, en 1965), Comment j’ai gagné la guerre avec John Lennon, et toute une série de films prestigieux parmi lesquels La Rose et la Flèche, superbe évocation d’un Robin des Bois et d’une Marianne vieillissants incarnés par Sean Connery et Audrey Hepburn; un très beau film catastrophe : Terreur sur le Britannic, mais aussi Superman 2 et 3 qui portent la marque de l’humour irrésistible de leur auteur.

Richard Lester mit hélas un terme à sa carrière en 1989, après la réalisation du film Le Retour des Mousquetaires sur lequel son ami, l’acteur Roy Kinnear mourut d’une chute à cheval. Traumatisé par cet événement, Lester ne voulut plus jamais repasser derrière une caméra. Ce qui en dit long sur la droiture et l’humanité du personnage.

De leur côté, les Beatles flirtèrent encore à quelques reprises avec le cinéma. On se souvient du mythique film d'animation psychédélique Yellow Submarine. Ou encore The Magical Mystery Tour, dont la diffusion le 26 décembre 1967 sur la BBC provoqua un tel tollé, que McCartney fut obligé de faire des excuses publiques à la télévision. Il faut dire que le film -diffusé en noir et blanc alors qu'il fut filmé en couleurs- regardé par plus de 20 millions de téléspectateurs, est complètement barré pour ne pas dire incompréhensible  !

On ne s'étendra pas sur la suite de l'histoire des Beatles, faite de moments de gloire, de rivalités et de tragédies absolues que nous connaissons tous, mais on vous incite à (re)découvrir A Hard Day’s Night car il s'agit d'une parfaite illustration du cinéma de Lester et du génie des quatre de Liverpool.

Si voulez vous amusez, écouter de la bonne musique, voir un film qui respire la fraicheur (d’autant plus qu’il bénéficie d’une remasterisation parfaite en numérique 4K et son 5.1), c'est le divertissement idéal pour ces fêtes de fin d'année !

A Hard Day's Night fleure bon l’irrévérence, l’anti politiquement correct, l’humour anglais et un joyeux bordel (dés)organisé. Alors, excellente fin d'année à toutes et tous ! En compagnie des Beatles et Lille La Nuit.Com, bien sûr !

* Le 9 août 1969, Manson commandita auprès de ses disciples le meurtre de l’épouse de Roman Polanski, Sharon Tate (alors enceinte de huit mois) et de quatre de ses amis.

A noter que A Hard Day’s Night paraît simultanément à sa sortie salles en VOD, DVD et Blu-Ray (avec de nombreux suppléments) chez Carlotta Films.

A Hard Day's Night (Quatre garçons dans le vent) Un film de Richard LESTER | Musical | Royaume-Uni | 1964 | 84mn | N&B | Scénario : Alun OWEN Avec : John LENNON, Paul McCARTNEY, George HARRISON, George MARTIN, Ringo STARR Musique : LENNON/McCARTNEY, George HARRISON, George MARTIN

Horaires Cinémathèque Plan Séquence : A Hard Day's Night

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