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« Hitchcock »: le maitre du suspens a son biopic !

Synopsis
Alfred Hitchcock, réalisateur reconnu et admiré, surnommé «le maître du suspense», est arrivé au sommet de sa carrière. A la recherche d'un nouveau projet risqué et différent, il s'intéresse à l'histoire d'un tueur en série. Mais tous, producteurs, censure, amis, tentent de le décourager. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, sa fidèle collaboratrice et épouse, accepte de le soutenir au risque de tout perdre.
Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : PSYCHOSE.

On le sait, la mode est actuellement aux “biopics”. La peoplisation de notre société y est sans doute pour beaucoup. On peut sans peine imaginer également que les studios et producteurs sont en manque de sujets originaux. Évidemment, nous ne classerons pas le superbe “Lincoln” de Spielberg, sorti la semaine dernière, dans cette catégorie. Ce serait faire injure à cet immense cinéaste, à l’ambition et à la richesse de son film.

Et alors qu’un nombre exponentiel de biopics fait le siège de nos salles de cinémas (dont, prochainement, le “Grace of Monaco” de Olivier Dahan avec Nicole Kidman dans le rôle-titre), que cette mode commence tout de même à lasser un peu, il est un film que nous attendions avec une certaine ferveur: le “Hitchcock” réalisé par Sacha Gervasi (auteur de « Anvil », documentaire émouvant sur le groupe de hard-rock du même nom).

Car, soyons clair, il faut être sacrément gonflé pour oser s’attaquer à une telle stature du cinéma mondial.
C’est donc avec beaucoup d’inquiétude qu’on pénètre dans la salle. Les lumières s’éteignent. Le générique commence. Et l’on entend les premières notes de la bande originale composée par Danny Elfman.

Le début du film nous dévoile un Alfred Hitchcock, interprété par Anthony Hopkins, dans une parodie de sa célèbre bande-annonce imaginée pour le film « Psychose ». Hitch (comme on le surnommait) nous raconte face caméra l’histoire de Ed Gein, terrifiant serial-killer qui inspira à Robert Bloch le livre qui donnera naissance à l’un des films les plus célèbres du maitre du suspens.

Le moins que l’on puisse dire c’est que ces premières images sont loin d’être convaincantes. Malgré un maquillage très réussi, Hopkins ne ressemble pas à Sir Alfred. On connaît trop Hitchcock, l’un des premiers cinéastes qui soit devenu une star aux yeux du grand public. Hitchcock a tellement joué sur son apparence. Il a tellement capitalisé sur son image. On l’a vu tous vu faire des apparitions dans ses films. Il est devenu un symbole. Presque une marque. Tout le monde le connaît. Même les moins cinéphiles d’entres-nous.
Et puis, on écoute le remarquable travail vocal de Hopkins. On se laisse happer par le film.

La bonne surprise du « Hitchcock » de Sacha Gervasi, vient du fait qu’il se consacre uniquement à la création de « Psychose ». On ne nous assomme pas avec l’enfance de Hitch, ses premières années dans le cinéma. C’est un bon choix.

Le film est adapté en partie du livre "Alfred Hitchcock and the Making of Psycho" de Stephen Rebello. Nous suivons durant 98 minutes l’histoire palpitante de la création de l’un des films les plus célèbres du cinéma. Et quand on aime le 7ème art, c’est un cadeau qui ne se refuse pas. On découvre un Hitchcock passionné, voulant toujours se renouveler, la soixantaine passée. Se battant contre les studios pour donner naissance à son film. On découvre ses petites manies, son caractère difficile. On retrouve son humour « so british ». Et l’on pénètre dans sa sphère intime via l’histoire de sa relation avec sa femme, Alma Reville (époustouflante Helen Mirren, sans doute l’une des plus grandes actrices au monde).

© Twentieth Century Fox France

C’est d’ailleurs dans ces moments que l’on peut être le plus critique vis-à-vis du film. Certains épisodes semblent farfelus. Il y a de quoi être sceptique quand on voit Hitchcock se comportant régulièrement comme un petit garçon face à son épouse. Nous ne sommes en pleine caricature.

D’autres défauts apparaissent. N’est-ce pas faire injure à Hitchcock, que de le montrer épiant ses actrices par un trou dans le mur comme le Norman Bates de « Psychose » le fait avec ses futures victimes? N’est-il pas ridicule de nous faire croire que Hitchcock a engagé Anthony Perkins pour le rôle de Bates sous le simple prétexte qu’il était trop proche de sa mère et a fantasmé la mort de son père ? N’est-il pas saugrenu de filmer Hitchcock embauchant Joseph Stefano comme scénariste de « Psychose » parce que ce dernier est complètement névrosé ? Peut-on imaginer Hitchcock obsédé à ce point par la figure du sinistre Ed Gein ?

Faits réels ? Facilités scénaristiques ? C’est de toute façon faire bien peu de cas du génie créatif du réalisateur de « La Mort aux Trousses » que de le filmer ainsi. Certains dirons : « Pourquoi pas ? ». Il est vrai que nous ne sommes pas dans un documentaire. Nous sommes dans une œuvre de fiction inspirée de faits réels. Et Hitchcock s’était, il est vrai, façonné un personnage.

Mais ce qui est important dans le film de Sacha Gervasi et le rend au final convaincant, c’est qu’on y sent un véritable amour pour Hitch et son cinéma. On est séduit par la reconstitution des scènes de tournage. Le soin apporté aux décors, aux costumes, à l’ambiance de ce début des années 60. On est bluffé par une galerie de beaux seconds rôles (Jessica Biel plus que crédible en Vera Miles, Scarlett Johansson impeccable en Janet Leigh, James D’Arcy troublant en Anthony Perkins).

© Twentieth Century Fox France

Vous l’avez compris, même si « Hitchcock » n’échappe pas à certaines conventions du genre, il reste un film plus que recommandable. Brillant, même, par certains aspects. Il y manque juste un peu d’invention. Un peu de folie. Un peu de génie. En somme, on aurait sans doute aimé que ce film soit davantage « Hitchcockien ».

Affiche et bande-annonce © Twentieth Century Fox France

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