Cette semaine, Lille La Nuit vous parle de Inferno : le troisième film que le cinéaste américain Ron Howard adapte d’un roman de Dan Brown. C’est toujours Tom Hanks qui incarne Robert Langdon à l’écran, secondé dans cette nouvelle aventure par Felicity Jones et Omar Sy. Nous avons vu le film à Paris et assisté à la conférence de l’équipe. Critique de Inferno et interview de Ron Howard par Lille La Nuit…
Tom Hanks et Felicity Jones devant la caméra de Ron Howard !
Critique : Après Da Vinci Code et Anges et Démons, Ron Howard n’abandonne pas le personnage de Robert Langdon. Il est vrai qu’il serait dommage de passer la main quand on tient « une franchise » lucrative, interprétée par un acteur adulé du monde entier : Tom Hanks.
La question est de savoir si Ron Howard peut encore surprendre en offrant un troisième rendez-vous aux amateurs de thrillers et fans du romancier Dan Brown ?
Si par le passé Ron Howard s’est montré un réalisateur inégal, cela fait quelques années qu’il ne déçoit plus.
Qu’on se souvienne de Frost/Nixon, Rush, Au Cœur de l’Océan… Autant de films divertissants - et intelligents -, dans lesquels le cinéaste américain est à la hauteur de grands anciens tel Michael Curtiz.
Aussi, étions-nous pressés de découvrir Inferno. Le générique commence et c’est parti pour un thriller de deux heures qui mêle à la fois suspense, fantastique et policier. On retrouve tous les ingrédients mis au point par Dan Brown pour les aventures de Robert Langdon, son héros !
Pour autant, Ron Howard ne se repose pas sur ses lauriers. Durant toute la durée du métrage, il opte pour une mise en scène différente de ce qu’il a proposé sur les deux premiers volets. Le rythme s’est profondément accéléré. Dès l’ouverture du film, Inferno démarre sur les chapeaux de roues.
On se dit que Ron Howard, est autant cinéphile que brillant technicien. Il a sans doute regardé les réalisations de Paul Greengrass (la saga des Jason Bourne) et même des séries TV comme 24 heures.
Sauf que Howard est un réalisateur classique (compliment) dont toutes les scènes d’action, aussi mouvementées soient-elles, demeurent d’une grande lisibilité.
Avec Inferno, Omar Sy poursuit sa percée aux Etats-Unis !
De plus, si Inferno est un thriller très prenant, Ron Howard ne s'en contente pas !
Inferno - où il est question d’une pandémie sur fond d’Enfer de Dante - offre une vision très sombre de l’humanité. On ne compte plus les hallucinations effrayantes auxquelles doit faire face Robert Langdon. Certaines scènes sont même des hommages à de grands classiques de l’épouvante (The Shining, de Kubrick).
Lors de la conférence de Inferno (à laquelle participait également Dan Brown, Felicity Jones et Omar Sy), Lille La Nuit a demandé à Ron Howard si, en réalisant ce thriller haletant - flirtant avec la mélancolie -, il tenait avant tout divertir ou délivrer son regard d’artiste sur notre monde, notre société.
Dan Brown, Ron Howard, Felicity Jones, Omar Sy à Paris le 11 octobre 2016. © Grégory Marouzé
Ron Howard : « Cela commence évidemment par le roman lui-même. Quand je le lis, il me parle en tant que cinéaste. Je me dis : « Comment vais-je l’adapter ? » Mais les idées elles-mêmes sont déjà présentes dans le roman. Et donc oui, c’est à la fois pour le public de cinéma et pour les lecteurs de romans, quelque chose de très populaire, de l’entertainment qui fait rire, etc… Mais c’est aussi, et là il ne faut pas se tromper, quelque chose qui donne aussi à réfléchir. Parfois on a l’impression que si c’est complexe, cela ne pourra pas passer. Or, justement le public est en quête aussi de questionnements et de réponses. Je crois que c’est très intéressant. Moi, en tant que réalisateur, j’ai tourné des drames historiques, des comédies, de la fantasy, des films d’action… Mais je crois qu’il y a dans les romans de Dan (Brown), et donc dans les films qui en sont en quelque sorte adaptés, une combinaison, association tout à fait unique aujourd’hui où il y a à la fois, effectivement, le divertissement mais aussi bien entendu, matière à réflexion ! Moi, cela m’inspire en tant que cinéaste parce que cela offre au public à la fois du grand cinéma, évidemment de l’amusement, des personnages passionnants et charismatiques. Mais aussi des idées sur lesquelles on peut vraiment réfléchir. Les thèmes que l’on évoque, et que vous avez évoquez, ne sont pas des plaisanteries. On n’est pas dans un univers de comics books. On est vraiment dans la réalité d’aujourd’hui ! On est dans le sérieux ! Et c’est pour cela, que c’est intéressant pour moi, de parler à ce public qui vient voir mes films, ou bien à ces lecteurs qui lisent les romans de Dan. Et je crois qu’on ne peut comparer à rien d’autre Da Vinci Code et Anges et Démons, parce que ce sont des films (je crois) totalement à part. Chacun traitait de problèmes spécifiques. Et comme Inferno aujourd’hui le fait ! C’est la même chose dans le domaine littéraire : les romans de Dan Brown sont à part. J’essaie quand je tourne (comme Dan lorsqu’il écrit) de créer des univers qui soient à la fois extrêmement divertissants mais qui relèvent aussi des défis qui sont de parler des problèmes contemporains. En gros, j’essaie d’être aussi bon au cinéma que Dan, lorsqu’il écrit ses romans ».
Soutenu par un Tom Hanks impeccable (of course), une Felicity Jones très femme fatale (qu’on retrouvera Star Wars Rogue One) et un Omar Sy charmant, Inferno marque parce qu’il ne cherche pas à caresser le spectateur dans le sens du poil.
Le divertir, oui ! Mais sans le prendre pour un imbécile ! C’est peut-être cela, aujourd’hui le crédo d’un réalisateur comme Ron Howard.
Synopsis : Dans Inferno, le célèbre expert en symbologie suit la piste d’indices liés au grand Dante lui-même. Robert Langdon se réveille dans un hôpital italien, frappé d’amnésie, et va devoir collaborer avec le docteur Sienna Brooks pour retrouver la mémoire. Tous deux vont sillonner l’Europe dans une course contre la montre pour déjouer un complot à l’échelle mondiale et empêcher le déchaînement de l’Enfer…
Inferno de Ron Howard
D’après Dan Brown
Avec Tom Hanks, Felicity Jones, Ben Foster, Omar Sy, Irrfan Khan, Sidse Babett Knudsen
Scénario : David Koepp
Musique : Hanz Zimmer
Durée : 2h02
Sortie le 9 novembre 2016
Affiche, photos du film, film-annonce © Sony Pictures Releasing
