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« Comment j’ai terrifié l’Amérique » : 40 ans de séries B à Hollywood !

« Vous pensiez que j’étais fou quand j’ai assuré le public contre la mort de peur. Que j’étais encore plus fou quand j’ai mis des squelettes dans les salles de cinéma. Et vous étiez prêt à me mettre une camisole de force quand j’ai placé des décharges électriques sous les fauteuils. » William Castle.

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Le débonnaire William Castle s'y connaissait mieux que personne pour créer les cauchemars des spectateurs.

 

Vénéré par les cinéastes John Waters et Robert Zemeckis, William Castle est un cas à part dans l’industrie du cinéma hollywoodien. Une sorte de nabab de la série B, du film d’épouvante et de l'horreur. Un producteur visionnaire, inventeur d'une forme de marketing au cinéma qui préfigure d’une bonne quinzaine d’années le lancement à grand renfort de publicité des blockbusters que nous connaissons aujourd’hui. Avec gadgets, goodies, et toutes sortes de produits dérivés.

Mais surtout, William Castle né en en 1914 et mort en 1977 (l’année du 1er Star Wars et de Rencontres du 3ème Type qui firent basculer définitivement le Nouvel Hollywood dans l'ère du blockbuster) est un vrai amoureux du cinéma, un cinéphile et réalisateur qui compensait la faiblesse de ses budgets par une ingéniosité, une inventivité, une énergie de chaque instant.

Aujourd’hui, l’éditeur Capricci a la très bonne idée de faire paraître en France l’autobiographie de William Castle : Comment j’ai terrifié L’Amérique – 40 ans de séries B à Hollywood. Le bouquin de Castle parait aux Etats-Unis un an avant sa mort, en 1976. Le découvrir aujourd’hui est absolument réjouissant.

Tout d’abord Comment j’ai terrifié L’Amérique, est un livre absolument passionnant, incontournable pour tous les amoureux du 7ème Art, d’une époque aujourd’hui révolue où les producteurs américains étaient certes des financiers, mais aussi des hommes de culture, qui aimaient le cinéma autant que l’argent (voire plus). Alors qu’aujourd’hui ils ne vénèrent pour la plupart que le dieu $ !

Lire Comment j’ai terrifié L’Amérique, c’est se plonger dans une foultitude de souvenirs tous plus ébouriffants les uns que les autres, racontés de manière fort cocasse par un William Castle qui se révèle merveilleux conteur et écrivain. Quel bonheur de croiser sur notre route Orson Welles, le producteur légendaire Harry Cohn, le grand acteur de cinéma d’épouvante Vincent Price, Cary Grant, le mime Marceau, la sublime autant que redoutée Joan Crawford, Lauren Bacall et même Roman Polanski pour lequel Castle produisit le terrifiant Rosemary’s Baby's. De plus, comme le livre est - semble-t-il - très bien traduit par Pauline Soulat, le plaisir s’en trouve décuplé.

Tout au long de la lecture on est surpris par le culot de William Castle pour réussir à percer dans le monde du cinéma. On rit beaucoup à la découverte des fameux « gimmicks » qu'il imaginait afin de faire venir les spectateurs dans les salles qui projetaient ses films. Dans Homicidal, Castle invente le "Fright Break" : au moment du climax, un compte à rebours se déclenche et les spectateurs effrayés peuvent quitter la salle pour aller se faire rembourser. Evidemment peu le feront car ils veulent connaître la scène la plus terrifiante du film.

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Emergo : le fameux "gimmick" de La Nuit de tous les mystères (1959).

 

Castle devait quand même être un peu perché (c'est un compliment) car il fallait sans doute avoir un sacré grain de folie pour placer dans chaque salle diffusant La Nuit de tous les Mystères, un squelette géant de trois mètres de haut se baladant au-dessus des spectateurs au moment même où un squelette fait son apparition dans le film. En quelque sorte, le gars venait d'inventer le cinéma interactif. 

La grande ambition - quasi enfantine tant elle déborde d'enthousiasme - de William Castle était de foutre une trouille de tous les diables aux spectateurs ! Il commença au théâtre, mis en scène des pièces - souvent macabres -, fut acteur avant de devenir réalisateur et d’apprendre le métier de producteur. On ne va pas dévoiler le bouquin (ce serait un crime de lèse-majesté qui nous voudrait très certainement une lente et terrifiante agonie, inventée depuis l’au-delà par Castle lui-même) mais le bonhomme était prêt à tous les stratagèmes possibles et imaginables pour réussir à concrétiser un projet.

Ce qu’on découvre surtout à la lecture de Comment j’ai terrifié L’Amérique, c’est que cet authentique génie aujourd’hui méconnu du plus grand nombre, était d’une modestie à toute épreuve. Mais pas d’une modestie feinte. Castle, cet "artisan" du cinéma, était en admiration devant Hitchcock (alors que l’un de ses films reçut de la part de plusieurs critiques de meilleurs papiers que Psychose) ou Orson Welles.

On apprend d'ailleurs que William Castle fut à l’origine du classique de Welles, La Dame de Shanghai. Castle acquit les droits du roman original qui donna la matière à ce chef-d’œuvre du film noir avec une Rita Hayworth sublimissime aux cheveux courts peroxydés. A l’origine, Castle devait le réaliser puis, finalement, laissa un peu à contrecoeur la mise en scène à Orson Welles (vieille connaissance de Castle auquel l'auteur de Citizen Kane vendit son théâtre) pour occuper le poste de scénariste - non crédité au générique - et producteur associé. Il est toujours réjouissant quand on est cinéphile de découvrir la fabrication d’un classique de l’intérieur. Ce que nous offre Castle grâce à un superbe extrait de son journal de bord du tournage reproduit dans le livre.

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William Castle : un maître oublié !

 

Comment j’ai terrifié L’Amérique est un ouvrage à découvrir toutes affaires cessantes car il fait la jonction entre un cinéma d’hier (ses stars, méthodes de production, de réalisation, de promotion) et celui d’aujourd’hui. Il permet surtout de remettre à l’honneur un artiste qui a tenu une place absolument capitale dans le cinéma de divertissement américain et influença bon nombre de cinéastes comme Joe Dante (qui lui rendit hommage dans son très beau et nostalgique Panique sur Florida Beach). Ne se limitant d’ailleurs pas uniquement au cinéma d’épouvante, William Castle réalisa également des comédies, des polars, des films d’aventures…

Il y a quelques mois, nous avions parlé sur Lille La Nuit de l’autobiographie du grand William Friedkin, Friedkin Connection (récompensé par le prix du meilleur livre de cinéma étranger attribué par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma). Si vous avez lu et apprécié cet ouvrage, nous vous encourageons à vous précipiter sur Comment j’ai terrifié L’Amérique. C’est sans doute le livre de cinéma le plus fun, intelligent et réjouissant du moment.

On le lit d’une traite et à la fin, on est un peu triste que la belle histoire de Monsieur William Castle se termine (enfin pas tout à fait, mais ménageons le suspense). Une seule solution pour prolonger le plaisir : que des distributeurs courageux ressortent les films de William Castle en salles, DVD, Blu-Ray et VOD. D’ailleurs, ce n’est pas une demande, c’est un ordre ! Allez, bonne lecture !

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Film-Annonce de La Nuit de Tous les Mystères (1959) de William Castle avec Vincent Price

Couverture de Comment j’ai terrifié L’Amérique 40 ans de séries B à Hollywood © Capricci - Photos et film-annonce  © Tous droits réservés.

Parution 4 juin 2015 Format 12,2 x 19 cm / 320 pages
Prix 20 €

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