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Jamais Contente : Chronique pré-adolescente sur fond de Black Rebel Motorcycle Club

Lille La Nuit vous propose un effet « back to the future » cette semaine avec Jamais Contente ! Si le film de Emilie Deleuze est une chronique sur les pré-ados qui s’adresse évidemment aux pré-ados, il peut également être vu par les grands qui, forcément, sont passés par cette période un peu compliquée de la vie ! Adapté du roman de Marie Desplechin Le Journal d’Aurore, Jamais Contente rappellera de beaux souvenirs à beaucoup d’entre vous ! Critique de cette comédie par Lille La Nuit…

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Avec Jamais Contente, Emilie Deleuze signe son film le plus ouvertement grand public.

Critique : Fille du célèbre philosophe Gilles Deleuze (qui s’est lui aussi intéressé au cinéma avec deux ouvrages : Cinéma 1 : Image-mouvement et Cinéma 2 : Image-temps), Emilie Deleuze - réalisatrice de Peau Neuve, Mister V… - est une cinéaste d’une grande probité artistique, mais qui ne cherche pas à se couper d’un public populaire.

Avec Jamais Contente, Emilie Deleuze réalise son film le plus ouvertement grand public. Une chronique de la pré-adolescence, adaptée du roman Le Journal d’Aurore de l’écrivaine originaire de Roubaix, Marie Desplechin.

Le Journal d’Aurore a reçu un beau succès en librairie. Et pas seulement de la part ados. Si le livre, s’adresse avant tout à eux, on peut déjà y déceler un effet « Madeleine de Proust » pour les adultes que nous sommes devenus. Cet effet le film de Emilie Deleuze le retrouve très habilement ! Certains d’entre-vous accompagneront leurs bambins découvrir Jamais Contente. Mais si vous n’avez pas d’enfants, que cela ne vous empêche pas de voir le film.

Voilà une comédie drôle, vive et bien écrite (Marie Desplechin a accepté de participer à l’adaptation de son livre) ! Jamais contente traite avec finesse et humour, de cette période à la fois magique, douloureuse et rebelle qu’est l’adolescence (pré-adolescence pour être précis).

Dans sa note d’intention pour le film, Emilie Deleuze écrit : « Combien de fois, en tant que mère de deux enfants, me suis-je posée la question de savoir ce qui pouvait bien se passer dans leurs têtes, derrière leurs yeux fixes et leur air buté, alors qu’ils m’écoutaient ou me regardaient du haut de leurs 13 ans ? Quelles tempêtes, quelles folles pensées, quels jugements agitaient leur esprit tandis qu’ils promenaient leur regard de pré-ado, apparemment indifférent, sur le monde des adultes ? C’est maintenant en tant que cinéaste que j’ai pu « passer de l’autre côté du miroir ». Utiliser l’image pour rendre compte de cette perception du monde comme Marie Desplechin l’a fait par l’écriture. Saisir, sinon pour comprendre, mais pour ressentir avec tendresse les instants où, comme mes enfants, comme Aurore, les pré-ados sont aveugles et se sentent invisibles. Aurore nous est familière. (...) Ce n’est pas son destin hors du commun, mais son point de vue hors du commun - et parfois tellement drôle -, qui m’intéresse. Si le ton général du film ne fait aucun doute - c’est une comédie -, mon intention n’est pas de «rire de », mais plutôt de « rire avec ».*

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Alex Lutz rappelle ces profs qui donnaient l’envie de se rendre chaque matin sur les bancs de l’école.

La cinéaste s’est tenue à son projet de départ. Jamais Contente ne développe pas d’enjeux dramatiques spectaculaires. C’est une jolie chronique sur une gamine qui se sent un peu « extra-terrestre » parmi ses camarades, professeurs et, surtout, membres de sa famille : parents et sœurs.

A la vision de Jamais Contente, on n’a pas l’impression que cette histoire a été écrite par des adultes. On ne sent pas l’écriture des dialogues, les situations « fabriquées ». Peut-être est-ce dû aux origines du livre (le premier tome qui en comporte trois est paru en 2006), écrit comme un journal intime.

Emilie Deleuze a su rester modeste dans sa mise en scène. Elle colle au plus près de ses personnages sans jamais réaliser un film avec « effets » pour faire un « film jeune ».

Elle a surtout été très pointilleuse sur dans le choix de sa distribution. Si les dialogues sont constamment drôles, c’est aussi parce qu’ils sont bien interprétés.

Léna Magnien qui interprète Aurore, balaie tout sur son passage. Elle est une vraie petite tornade ! Drôle, jolie, attendrissante, émouvante, on n’imagine pas une seule seconde une autre gamine interpréter son personnage.

Le reste de la distribution est à l’avenant ! Alex Lutz, qui incarne le prof de français, est très bien ! Il rappelle ses professeurs qui, parmi de sacrés vachards à vous dégoûter des cours, donnaient l’envie de vous rendre chaque matin sur les bancs de l’école. Les parents joués par Patricia Mazuy et Philippe Duquesne sont très justes eux-aussi. Mais on accorde une mention spéciale à Catherine Hiégel ! On adore sa prestation dans le rôle de Agathe, la mamie rock’n’roll de Aurore.

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Le rock est rebelle ! Tout comme Aurore incarnée par l'épatante Léna Magnien.

Un dernier mot pour saluer la qualité de la bande originale du film, bien rock, qui séduira les amateurs de Lille la Nuit. Vous pourrez y entendre notamment Black Rebel Motorcycle Club.

Emilie Deleuze : "Je cherchais quelque chose qui soit de l'ordre du rock, mais avec une mélodie suffisamment profonde. J'ai pensé au groupe américain Black Rebel Motorcycle Club. Leur composition est forte et les paroles suffisamment poétiques pour qu'un ado puisse se les approprier. Ils m'ont donné un morceau inédit, les autres sont des reprises : le groupe répète Beat the Devil's Tattoo et à la fin Léna chante Hate The Taste." *

Jamais Contente est dès à présent à l’affiche, et comme on est restés de grands gamins, voilà forcément un film estampillé Lille La Nuit !

Synopsis : Mon père est atroce, ma mère est atroce, mes sœurs aussi, et moi je suis la pire de tous. En plus, je m’appelle Aurore. Les profs me haïssent, j’avais une copine mais j’en ai plus, et mes parents rêvent de m’expédier en pension pour se débarrasser de moi. Je pourrais me réfugier dans mon groupe de rock, si seulement ils ne voulaient pas m’obliger à chanter devant des gens. A ce point-là de détestation, on devrait me filer une médaille. Franchement, quelle fille de treize ans est aussi atrocement malheureuse que moi ?

Jamais Contente un film de Émilie Deleuze
Adapté du roman de Marie Desplechin Le Journal d’Aurore
© Editions L’Ecole des Loisirs, 2006 – Paris, France
Avec Léna Magnien, Patricia Mazuy, Philippe Duquesne, Catherine Hiegel, Alex Lutz
Musique : Olivier Mellano
Durée : 1h29
Sortie le 11 janvier 2017

Affiche, photos et film-annonce © Ad Vitam
* Propos issus du dossier de presse

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