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« Jusqu’à la Garde » : Un thriller qui dénonce la violence conjugale – Rencontre avec les acteurs Léa Drucker et Denis Ménochet

L’Actu Ciné de Lille La Nuit vous propose cette semaine Jusqu’à la Garde : premier long-métrage du comédien et réalisateur Xavier Legrand. Auréolé des Prix de la mise en scène et du meilleur premier film à La Mostra de Venise, Jusqu’à la Garde est impressionnant. Interprété par Denis Ménochet et Léa Drucker, Jusqu’à la Garde pourrait n’être qu’un drame « franco-français » sur le divorce. ll est au contraire un film impressionnant sur la violence conjugale, au sein de la cellule familiale. Mais, petite originalité, Jusqu’à la Garde aborde le sujet par le prisme du film de terreur. Critique de Jusqu’à la Garde par Lille La Nuit et rencontre avec Léa Drucker et Denis Ménochet.

Critique de Jusqu’à la Garde

Prolongement d'un court-métrage de Xavier Legrand (Avant que de tout perdre) Jusqu’à la Garde raconte un terrible mais (hélas) oh combien classique drame du divorce. Jusqu’à présent, un film a beaucoup marqué sur le sujet : Kramer contre Kramer (trois Oscars en 1980) de Robert Benton avec Meryl Streep et Dustin Hoffman.

D’ailleurs, ce film est l’une des références de Xavier Legrand, réalisateur cinéphile, pour Jusqu’à la Garde. Comme dans le film de Benton, un enfant se trouve au cœur des enjeux dramatiques et narratifs du film.

Mais Legrand a d’autres influences comme The Shining de Stanley Kubrick (d’après Stephen King) ou La Nuit du Chasseur, unique et mythique long-métrage du comédien Charles Laughton (on pense aussi à Chabrol).

Jusqu'à la garde de Xavier Legrand. Thomas Gioria face à Denis Ménochet dans une scène choc du film.

Un thriller sur la violence conjugale, pas un film à thèse

Jusqu’à la Garde n’est pas un film à thèse. C'est une vraie œuvre de cinéma qui, si elle aborde la violence faite aux femmes et aux enfants (autant physique que psychologique), le fait par le biais du cinéma de genre utilisé comme véhicule pour faire passer des idées essentielles par les temps qui courent.

Denis Ménochet : « C’est tout l’art du cinéma ! »

Léa Drucker : « Moi j’ai été surprise à la lecture du scénario de la façon dont ça se termine ! La séquence finale à la lecture, m’a surprise. Je ne m’attendais pas à ce qu’il aille aussi loin dans les codes de genre, cinématographiques du thriller d’épouvante. Il a une façon de filmer qui fait qu’on est toujours dans un film de cinéma et pas dans un docu-fiction. »

Denis Ménochet : « Même la première scène avec les avocates, qui pourrait être vue comme un docu, les plans, le choix des plans, le silence, les avocates qui feuillettent le dossier… déjà, ça crée une tension ! »

Léa Drucker : « Xavier Legrand revendique et a un vrai désir que le spectateur ressente le film émotionnellement tout le temps ! Du début à la fin ! Et ça, c’est une vraie revendication de sa part dans son cinéma. Il ne fait pas tellement de psychologie. Il y a de la psychologie mais elle vient de l’action. » *

Jusqu'à la garde de Xavier Legrand. Léa Drucker :  " Xavier Legrand revendique et a un vrai désir que le spectateur ressente le film émotionnellement tout le temps ! "

Il est vrai que nous sommes constamment sous tension. Jusqu’à la Garde fait progresser l’angoisse en crescendo. Mais sous le film de terreur (la scène finale est hallucinante), il y a tout un travail de recherche, documentation sur la folie de certains hommes, leur obsession de voir les femmes comme des objets leur appartenant.

Denis Ménochet a fait ce travail de documentation méticuleux.

Denis Ménochet : « C’est une maladie. C’est une pathologie. Vraiment ! De refuser de perdre à ce point là, de préférer enterrer tout le monde. J’ai étudié ça, j’ai étudié ces comportements-là ! Quand mon personnage regarde la jupe sur le lit de sa femme, j’ai lu beaucoup d’histoires où les mecs mesuraient la jupe pour voir jusqu’où elle tombait aux genoux. Certaines femmes se faisaient casser les côtes pour qu’elles rallongent la jupe pour pouvoir sortir. Parce que sinon, ce sont des putes ! Quand mon personnage dit à sa femme « Tu fais ta belle ! », c’est parce qu’il a vu la jupe sur le lit avant. Les mecs sont malades !» *

Jusqu'à la garde de Xavier Legrand. Denis Ménochet : "C’est une maladie. C’est une pathologie. Vraiment ! De refuser de perdre à ce point là, de préférer enterrer tout le monde."

Une vrai proposition de cinéma pour rendre la thématique plus forte

On ne peut qu’être admiratif d’un cinéaste qui dirige si bien ses comédiens (n’oublions pas l’impressionnant petit Thomas Gioria et la talentueuse Mathilde Auneveux), leur offrant des situations cauchemardesques, paroxystiques à interpréter.

Saluons le culot d'un réalisateur qui offre une vraie proposition de cinéma. Faite de choix narratifs  et d’un travail de mise en scène affirmés (Legrand refuse toute musique dans son film). Ce qui rend la thématique de Jusqu’à la Garde d’autant plus forte !

Avec Grave de Julia Ducournau, Petit Paysan de Hubert Charuel, et Revenge (qui sort également cette semaine) de Coralie Fargeat, Jusqu’à la Garde confirme l’arrivée d’une nouvelle vague de cinéastes français, apportant un vrai sang neuf dans notre cinéma hexagonal.

Synopsis : Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.

Jusqu'à la garde un film de Xavier Legrand
Avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux, ...
Thriller / Drame - 2018 - France - VF - 1h33

Sortie le 7 février 2018

Affiche, photos et film-annonce © Haut et Court

* Interview réalisée le 25 janvier à Lille - Remerciements au Métropole de Lille

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