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« La Maison de la Radio »: Nouveau film du cinéaste de « Être et Avoir »

Synopsis : Une plongée au cœur de Radio France, à la découverte de ce qui échappe habituellement aux regards : les mystères et les coulisses d’un media dont la matière même, le son, demeure invisible.

La Maison de la Radio- Photo © Les Films du Losange

Vous connaissez certainement Nicolas Philibert ou au moins l’un des films qu’il a réalisés, « Être et Avoir ». Chronique belle et délicate de la classe unique d’une école communale située en Auvergne.

« Être et Avoir » a remporté un succès phénoménal en France (près de deux millions de spectateurs en salles) et dans le reste du monde. Il a obtenu le prix Louis Delluc. Ce qui n’est que justice.
Le succès de ce film est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un documentaire, genre que certains croient encore uniquement réservé à la seule télévision. Alors qu’il s’agit d’un genre cinématographique à part entière, dont la frontière avec le cinéma de fiction est plus que ténue.

Car Nicolas Philibert, à l’image d’autres grands du cinéma documentaire comme Raymond Depardon, ne filme pas la vérité. Il filme « sa » vérité. Il est un réalisateur qui porte en lui une sensibilité. Il a un regard sur les choses, le monde qui l’entoure. Philibert fait des choix au tournage, au montage. Comme n’importe quel autre bon réalisateur qui officie dans le documentaire ou la fiction. Nous parlons bien de cinéma avec le documentaire. Et non pas d’un sous-genre cinématographique. On retrouve dans les films de Philibert de l’humour, du drame, du suspens, …

Nicolas Philibert-Photo © Linda De Zitter

D’ailleurs Philibert disait lui-même à l’occasion de la rétrospective « Nicolas Philibert, le regard d’un cinéaste » :
« Je n’ai jamais décidé de devenir documentariste, c’est-à-dire de camper une fois pour toutes à l’intérieur d’un espace donné. D’ailleurs je déteste ce mot : documentariste. Il contribue à dresser une frontière autour d’un genre qui n’a jamais cessé d’évoluer et dont chacun connaît au contraire la porosité, la variabilité des tracés, les liens presque consanguins qu’il entretient avec celui qu’on lui oppose toujours, celui de la fiction. Tant il est vrai que les images sont moins fidèles au « réel » qu’aux intentions de ceux qui les produisent. »

On retrouve cette caractéristique de son cinéma dans des films aussi réussis que « La Moindre des Choses », « Le Pays des Sourds », « La Ville Louvre », « Nénette », …
Et sur ce point, son dernier film documentaire, « La Maison de la Radio » (qui sort cette semaine dans les salles) ne déroge pas à la règle.
Durant 1h43, Nicolas Philibert nous fait pénétrer dans cette vénérable institution qu’est la Maison de la Radio et de ses différentes entités.
On y découvre des tranches de vies drôles et souvent émouvantes. On y croise des personnages attachants comme le truculent Frédéric Lodéon, dont seule la tête dépasse derrière son impressionnante collection de CD de musique classique.

Frédéric Lodéon-Photo © Les Films du Losange

Surtout, on découvre de l’intérieur le 7/9 de France Inter, La Matinale de France Info, Le téléphone sonne, Comme on nous parle, le mythique jeu des 1000 Euros, la fabrication de la minute de solitude du Eclectik de Rebecca Manzoni, la superbe émission Sur les Epaules de Darwin de Jean-Claude Ameisen, …

On apprend aussi comment se réalise une fiction radiophonique (« La Terre Tremble (c’est ce qu’elle a de mieux à faire) » de Sébastien Betbeder interprété par le grand Eric Caravaca). Tout ça est absolument passionnant.

Ce qui l’est encore plus, c’est cette fascination que le son exerce sur Nicolas Philibert depuis ses premiers films. Et il fallait bien qu’un jour, le son soit au cœur de l’un de ses films.

Comme il le dit dans le dossier de presse de « La Maison de la Radio » :
« C’est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis longtemps. L’idée de filmer des voix. Un film sur la radio, c’est un peu contre nature - comment filmer la radio sans détruire son mystère ? - mais c’est sans doute pour ça que j’ai eu envie de le faire. »

On a souvent un peu trop tendance à oublier que le cinéma c’est aussi du son. Et comme l’a dit Nicolas Philibert, à Lille La Nuit.Com lors de sa conférence de presse, la question du son a toujours été très en avant dans son cinéma. Il lui a toujours porté une grande attention. Il y a mille manières de monter un film. Pour « La Maison de la Radio », Philibert s’est laissé guider par les sons afin de monter ses images.

Photo © Les Films du Losange

Comment filmer le son au cinéma ? A sa façon, Nicolas Philibert s’attaque aujourd'hui à cette question ardue et magnifique.
Dans « La Maison de la Radio », il filme des images, bien sûr. Mais il filme également le son. Fascinant paradoxe. Son utilisation du son en hors-champ de la caméra est à ce titre en tous points remarquable.

En quelque sorte, et avec l’air de ne pas y toucher, Philibert expérimente sur le son depuis toujours. Un peu comme Godard, mais sans son côté prétentieux et élitiste (nous pensons ici surtout aux derniers films du cinéaste du « Mépris »). Il n’y a pas à tortiller, Nicolas Philibert est un sacré bonhomme.

Et il confirme, une fois de plus, avec son dernier long-métrage qu’il n’est pas seulement un grand cinéaste de documentaires. Il est un grand cinéaste tout court.

Affiche et film-annonce © Les Films du Losange.

Pour en savoir plus sur Nicolas Philibert, nous vous conseillons de visiter son site officiel.

Pour en savoir plus sur le son au cinéma, nous vous conseillons les ouvrages de Michel Chion.

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