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La « Passion » selon De Palma !

Synopsis:
Christine (Rachel Mc Adams) dirige la filiale d’une grosse agence de publicité.
Elle est élégante, puissante, fascinante.
Isabelle (Noomi Rapace) son assistante, lui est totalement soumise.
Par perversité, par jalousie, ou simplement par jeu, Christine manipule Isabelle.
A moins que ce ne soit le contraire…

© ARP Sélection

La semaine dernière sortait sur les écrans le “Hitchcock” de Sacha Gervasi (vous pouvez toujours lire ce que nous en pensons ici:www.lillelanuit.com/fiche_actu/Hitchcock___le_maitre_du_suspens_a_son_biopic-822.html). Et cette semaine, vous pouvez découvir “Passion”, le dernier long-métrage de Brian De Palma, réalisateur très influencé par l’oeuvre de l’auteur de “Psychose”. Hasard de la programmation ciné. Mais si De Palma a souvent cité Hitchcock (principalement dans la première partie de sa carrière avec des films comme “Soeurs de Sang”, “Obsession”, “Pulsions”, “Body Double”, … ), il a toujours su (en grand cinéaste) éviter la photocopie pour livrer une oeuvre personnelle, baroque et subversive. Et souvent empreinte d’un mauvais goût totalement assumé.

Avec “Passion”, De Palma revient à ses premières amours en livrant un nouveau un thriller hitchcockien se déroulant cette fois-ci à l’ère des multinationales.
Le film est un remake de “Crime d’Amour”, le dernier long-métrage du regretté Alain Corneau, l’un de nos grands cinéastes. Et contrairement, à ce qui a été écrit ici ou là, le film de De Palma varie assez peu de l’oeuvre originale. De Palma a juste éliminé certains personnages masculins (ou les a remplacé par des femmes). Il a aussi, il est vrai, pimenté son histoire d’un érotisme très (trop?) sage qui était absent du “Crime d’Amour” de Corneau. De là à dire  que la version de De Palma est plus perverse que l’oeuvre originale, il y a un pas que nous ne franchirons pas.

De palma s’éloigne aussi du film de Corneau en en changeant la fin (que nous ne vous dévoilerons pas, évidemment). Mais à part ça, nous sommes bien dans l’exercice du remake. Même si nous retrouvons bien la patte de De palma ici ou là.

Noomi Rapace remplace Ludivine Sagnier danc cette version. C’est un bon point pour De Palma. Sagnier ne semblait pas très à l’aise dans le film d’Alain Corneau. Elle n’avait peut-être pas les épaules assez larges pour son rôle. En revanche, la très belle Rachel Mc Adams, en clône sexué de Grace Kelly (toujours cette obsession hitchcockienne) ne remplace pas avantageusement Kristin Scott Thomas, actrice plus mystérieuse, charismatique.

© ARP Sélection

Et alors que Corneau livrait un hommage sincère au cinéma noir de Fritz Lang, avec une belle mise en scène toute en épure (soulignée par la subtile utilisation du morceau "Kazuko", du saxophoniste Pharoah Sanders), Brian de Palma semble surtout se rendre hommage à lui-même. On ne compte plus les références à ses grands films (“Pulsions”) et même aux plus embarrassants de sa carrière (“L’Esprit de Caïn”). On frôle parfois, il faut le dire, la mauvaise auto-parodie.

Alors, tout est-il à jeter dans le dernier film de De Palma? Non, évidemment ! On sent que l'auteur de “Phantom of the Paradise” peut encore en avoir sous le capot. Parfois, on est ébloui par la beauté de sa mise en scène. Notamment un superbe plan-séquence caméra épaule qui suit Noomi Rapace dans un parking sous-terrain. On est aussi scotché par certaines audaces formelles. De Palma ose encore des plans de folie, quitte une nouvelle fois, à frôler les limites du bon goût.

De Palma a de l’humour, aussi. On a l’impression qu’il a demandé à Pino Donaggio (compositeur de quelques-unes de ses plus belles musiques de films) de signer volontairement une bande originale digne des pires films érotiques des seventies. Et l’on ne parle pas de la photographie qui semble rendre hommage à quelques bons vieux nanars du genre. Alors on est amusé, certes. Mais très vite on se lasse. Car cela ne va pas beaucoup plus loin que le brillant mais vain exercice de style.

© ARP Sélection

On a alors le regret de constater que la descente est un peu rude pour Brian De Palma. A l’image d’un autre grand metteur en scène des années 70-80, Dario Argento. Et faire le parrallèle entre le parcours de ces deux cinéastes peut être intéressant.

On espère donc revoir un jour le Brian De Palma de “L’Impasse”. Certains cinéastes, comme William Friedkin, ont eux aussi connu des heures sombres. Avant de revenir avec des films de premier plan. Espérons que ce soit le cas avec le prochain projet de Brian De Palma, “Happy Valley”. Dans ce film, l'auteur de “Scarface” retrouverait Al Pacino dans le rôle d’un entraineur injustement accusé de pédophilie. Quel sujet ! Alors, vite Brian, redevenez brillant !

Affiche et film-annonce © ARP Sélection

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