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« La Rumeur » ou quand Hollywood aborda l’homosexualité

Synopsis : Deux amies, Karen Wright et Martha Dobie, dirigent une institution pour jeunes filles dans une petite ville de province. Alors qu'elle est punie, une élève insolente et menteuse lance la rumeur qu'elles ont une relation.

© United Artists.

A l’occasion d’un bel hommage rendu à l’actrice Audrey Hepburn au cinéma le Majestic de Lille, nous avons décidé à la rédaction de Lille La Nuit.com de revenir sur l’un des films sélectionnés, « La Rumeur » (The Children’s Hour »), de William Wyler.

Il y a déjà le plaisir de revoir Audrey Hepburn sur grand écran. On se souvient surtout de l’actrice pour les merveilleuses comédies dans lesquelles elle a joué (notamment « Vacances Romaines » et « Comment Voler un Million de Dollars », tous deux de William Wyler, et également présentés dans l'hommage). Mais il ne faut pas oublier qu’Audrey Hepburn pouvait être une grande tragédienne. C’est cette part plus sombre de l’actrice que nous vous proposons de découvrir  dans « La Rumeur ».

© United Artists.

Mais ce film est surtout l’un des premiers à Hollywood à avoir abordé de manière frontale le thème "tabou" de l’homosexualité. Et qui plus est, de l’homosexualité féminine.
Fait assez rare, il s’agit de la deuxième adaptation par le même cinéaste (un auto-remake, si on peut dire) d’une pièce de Lillian Hellman, « The Children’s Hour » (1934) qui fut un véritable succès à Broadway. « The Children’s Hour » s’inspirait d’un fait divers relaté par l'écrivain de romans noirs, Dashiell Hammett, le compagnon de l’auteur : au XIXème siècle en Écosse, une élève accusa ses deux maîtresses d’avoir une relation homosexuelle.

Wyler adapta donc une première fois pour le cinéma l’œuvre de Lillian Hellman en 1936 sous le titre de « Ils étaient Trois ». Mais ce film est une version édulcorée de la pièce. L’homosexualité en est complètement exclue, à cause de la censure de l’époque qui faisait rage aux Etats-Unis. L’abominable code Hays qui censure Hollywood est alors en vigueur (fr.wikipedia.org/wiki/Code_Hays). Il le sera de 1934 à 1967.

Wyler, sans doute peut satisfait de ne pouvoir aborder le sujet principal dans son film, décide d’en réaliser une nouvelle version en 1961, vingt-cinq ans après « Ils Etaient Trois ». Le code Hays connaît alors ses dernières funestes heures.

Peu de films abordent alors l’homosexualité. Ou alors de manière détournée comme dans le « Ben-Hur » déjà réalisé par William Wyler en 1959 (il faut voir comment sont traitées dans le film les retrouvailles de Ben-Hur et de Messala) ou encore « Certains L’Aiment Chaud » de Billy Wilder, réalisé la même année. Aborder l’homosexualité dans le cinéma américain est alors totalement interdit. C’est ce que rappelle le très beau documentaire « The Celluloid Closet » (fr.wikipedia.org/wiki/The_Celluloid_Closet) de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, adapté du livre de Vito Russo.

Il est d’ailleurs intéressant de se replonger dans un extrait d’un entretien donné par William Wyler en mars 1962 au journal « Combat »:

« J’ai attendu 25 ans pour mettre en scène La Rumeur, avec toute la liberté requise.

Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps ?
Le cinéma américain ne pouvait aborder ce sujet sans s’attirer les foudres de la morale. L’évolution des modes de vie et du niveau culturel permettent aujourd’hui de l’aborder. Le film est en nuances, c’est une étude de mœurs et une étude de la sensibilité de deux femmes, de leur amitié. »

Alors, évidemment, « La Rumeur » peut aujourd’hui paraître quelque peu timoré et daté sur le sujet. Mais rappelons que nous sommes en 1961 lorsque le film est réalisé. Il faut vraiment remettre cette oeuvre dans le contexte de l’époque. Pour la première fois dans le cinéma hollywoodien, on évoque l’homosexualité féminine.

© United Artists.

Il faut mesurer le courage qu’a eu William Wyler en s’attaquant à un tel sujet. En outre, on peut également voir « La Rumeur » comme étant une œuvre sur le puritanisme nauséabond qui gangrène une certaine Amérique. Sur ce point, le film est évidemment toujours bouillonnant d’actualité.

Oui, vraiment, il faut voir « La Rumeur ». C’est aussi l’occasion de se remémorer à quel point William Wyler est un grand cinéaste, aujourd’hui injustement sous-estimé. Sans doute est-ce dû au fait qu’il se plaisait à naviguer dans différents genres, de la comédie au mélodrame en passant par le polar. Il avait plusieurs univers. Et la critique aime tant cataloguer les cinéastes… Difficile de faire rentrer Wyler dans des cases. Dans un moule. Certains ont encore aujourd’hui beaucoup de mal à le considérer comme un auteur. Tant pis pour eux !

Pour nous, à Lille La Nuit.Com, « La Rumeur » est assurément le film de la semaine !

Pour Wyler, ses interprètes éblouissants (Audrey Hepburn, Shirley McLaine, James Garner) et, surtout, parce que ce film fut à n’en point douter une date importante dans l’histoire du cinéma.

Maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire !

Bande-annonce et affiche © United Artists et Lost Films.

Séances et horaires de la rétrospective Audrey Hepburn :
www.plan-sequence.asso.fr/cycle-details.php

A noter qu'en 2011, une nouvelle adaptation théâtrale de "The Children's Hour" fut montée à Londres avec Keira Knightley et Elisabeth Moss dans les rôles principaux.

  1. Mohamed

    C est marrant cette envie de cslesar tout le monde. On a d abord les ringards (avec ou sans Sardou? On peut y mettre qui on veut, meme des morts a 27 ans ? Moi je n aime pas Booba, j ai le droit de l ajouter dans les ringards?). Ensuite on a ceux qui ont revolutionne la musique, mais attention ! il y a une hierarchie dans les revolutionnaires ! Ensuite, on peut former des tas d autres classements. Il pourrait y avoir les chanteurs roumains encore vivants a 83 ans (ont-ils revolutionne leur genre musical ?)Pour ajouter un peu a la mauvaise foi et prouver que ce club des 27 n a pas tant de valeur, j ajoute que ces artistes ont tous signe avec une major (meme Nirvana, a partir de leur 2e album). Donc ce ne sont que des ripoux qui ont pense bizness avant tout, ou des gens qui cherchaient un moyen de financer leurs achats de drogues ?Au passage, tres bon dessin. On a presque l impression qu un autre sur le drame en Norvege ferait moins polemique.

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