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« L’Arnaque »: Newman et Redford dans le film aux 7 Oscars !

Synopsis : Criminel de petite envergure, Johnny Hooker et son complice, Luther, flouent sans le savoir un employé du très puissant et très violent gangster Doyle Lonigan. Lorsque Hooker découvre que Lonnegan leur court après, il tente d’avertir Luther mais arrive trop tard pour le sauver.
Désirant venger la mort de son ami, Hooker demande l’aide d’Henry Gondorff un arnaqueur de grande réputation. Ils décident de monter une arnaque audacieuse mais risquée contre Lonnegan …

© Moonriver Entertainment et Universal

Critique : Qui se souvient aujourd’hui de George Roy Hill ? Il fait partie de ces grands cinéastes, à l’image de Robert Wise ou Richard Fleischer, dont le public se rappelle des films qu’ils ont réalisés mais quasi plus de leurs noms.

Mort le 27 décembre 2002, à l’âge de 81 ans, Roy Hill a signé  Butch Cassidy et le Kid, Abattoir 5 (son chef d’œuvre) fable métaphysique impressionnante ou Le Monde selon Garp, d'après John Irving.
Remarquable directeur d’acteurs (il fut lui-même comédien), Roy Hill avait de plus un grand sens du rythme. L’Arnaque, récompensé par sept Oscars dont ceux du meilleur film et réalisateur, en est une preuve éclatante.
Qui pouvait mieux que Roy Hill reformer le duo gagnant Newman-Redford, après les l’immense succès (et quatre Oscars) de Butch Cassidy et le Kid ?

Chez Universal qui produit L’Arnaque, on sait que ce réalisateur est un technicien hors pair qui saura « gérer » une production aussi lourde. Les décors sont nombreux, le budget est important et il faut à la tête du film un homme qui ait la confiance de Paul Newman et Robert Redford. Le passé de Roy Hill avec les deux acteurs est la garantie que tout se passera au mieux sur le plateau. La production doit être assurée que les deux stars du film seront traitées de manière équitable afin d’éviter la moindre susceptibilité.

Quand on revoit le film quarante et un ans après sa réalisation, on est d’abord frappé par le soin apporté à la direction artistique, aux décors, aux costumes, à la photographie (remarquable qualité de la profondeur de champ), … Tout dans le film est luxueux, mais d’un luxe jamais ostentatoire et vulgaire. L’Arnaque est un film qui a de la classe ! Preuve que les producteurs de l’époque respectaient leur public et n’étaient pas de simples financiers à la solde des grands studios. Il n’est jamais bon de faire de généralités mais quand on voit aujourd’hui la laideur de nombreuses directions artistiques de films en provenance de Majors, on est tout de même abasourdis.

© Moonriver Entertainment et Universal

Pour en revenir au rythme, on sent que Roy Hill a retenu les grandes leçons du cinéma muet. Tout est tempo dans L’Arnaque : le jeu des acteurs, les mouvements de caméra, le montage, … On pourrait presque couper le son du film et tenter l’expérience de le regarder dans une version « muette ». On est quasi assuré qu’il fonctionnerait aussi bien. Impression renforcée par le thème principal de L’Arnaque, The Entertainer (qu’on doit à l’artiste majeur du Ragtime, Scott Joplin) qui aurait pu accompagner un film de la grande époque du muet. Aujourd’hui, The Entertainer est indissociable de L'Arnaque et a beaucoup fait pour son succès.

Et puis devant les caméras de Roy Hill, il y a deux Rolls du cinéma américain. Redford et Newman sont éblouissants. Aucun des deux acteurs ne tire la couverture à lui. Dire qu’ils sont d’immenses acteurs relèveraient de la palissade mais quelle élégance de jeu. Ils sont magnifiques dans les rôles de Johnny Hooker et d’Henry Gondorff et « poussent » davantage la complicité qu’ils montraient déjà dans Butch Cassidy et le Kid. Là aussi, quelle classe ! La classe des grands acteurs américains.

N’oublions pas la prestation de Robert Shaw, immense comédien disparu trop tôt (à l'âge de 51 ans) et que vous avez certainement vus dans Les Dents de la Mer  de Spielberg. Il est un adversaire à la hauteur de Redford et Newman et rend inoubliable son personnage de gredin, Doyle Lonnegan.

© Moonriver Entertainment et Universal

On est heureux à Lille La Nuit de voir sur grand écran une version numérique restaurée d’un film qui fait aujourd’hui figure de véritable classique du cinéma hollywoodien. Heureux ceux qui ne connaissent pas encore le film et vont le découvrir…
L’Arnaque est à programmé en v.o.s.t.f. en sortie nationale un peu partout en France et à Lille au cinéma Le Majestic jusqu’au 27 mai. Preuve s’il en est que certaines reprises valent bien de trop nombreuses et insignifiantes nouveautés.

Affiche et film-annonce © Moonriver Entertainment et Universal

L’Arnaque (The Sting): Etats-Unis / 1973 / 112 min /
Réalisation : George Roy Hill avec Paul Newman, Robert Redford, Robert Shaw, Charles Durning,
Scénario : David S. Ward
Musique : Marvin Hamlisch, d’après un thème de Scott Joplin
Direction artistique : Henry Bumstead
Décors : James Payne
Costumes : Edith Head
Photographie : Robert Surtees
Ingénieurs du son : Robert Bertrand et Ronald Pierce
Effets spéciaux : Albert Whitlock
Montage : William Reynolds
Producteurs : Tony Bill, Michael Phillips, Julia Phillips, Richard D. Zanuck,
David Brown et Robert L. Crawford

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