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Le nouveau film d’un réalisateur du Nord : René Féret


Sorti le 14 février, Il a suffi que maman s'en aille ... a trouvé son public au Métropole de Lille, face à la Môme d'Olivier Dahan. Réalisateur du Nord, René Féret était présent jeudi dernier pour une rencontre suite à  la projection du film.

Olivier, maître d’œuvre dans le Limousin, n'a pas vu le temps qui passe, pas plus qu'il n'a vu sa femme, plus jeune que lui, prendre le large, jusqu'à s'en aller vivre ailleurs. Désemparé, furieux, blessé, il réclame la garde de leur fille Léa... La juge optera pour laisser la fillette dans ses habitudes.
Dans la grande maison, le gros ours meneur d'hommes va se retrouver en tête à tête avec cette gamine au physique de garçon manqué, qu'il ne sait trop par quel bout prendre...
Au bord de la soixantaine, il sait, il sent comme est précieux ce lien qui se tisse entre lui et sa fille... Tout cela change son rapport aux choses, à son boulot, à la vie, à sa première fille - qui l'a déjà fait grand-père - à la terre entière... Quant à Léa, elle mesure peu à peu le prix d'un père qui vous aime éperdument et qui entre dans son cœur à jamais.

Dans son nouveau film, René Féret joue la carte de la sobriété : Pas de pathos, de scènes larmoyantes ou de grands changements évidents chez les personnages mais des scènes de vie ordinaires, filmées simplement comme pour mieux coller au naturel des comédiens. Tout se fait en douceur, en finesse, presque imperceptiblement. Jean-François Stevenin, tout en retenue face à la vitalité de Marie Féret qui joue sa fille Léa de 10 ans, nous prouve une fois de plus l’immensité de son talent. Leur complicité née peu à peu sous nos yeux, sans aucune évidence si chère aux guimauves hollywoodiennes. Et la douleur sourde éclate dans cette scène magnifique où Stevenin pleure sur les épaules de sa fille aînée, dont il ne s’est jamais occupé, pour lui dire combien est importante pour lui sa relation avec Léa.

Un budget restreint, une petite équipe de quinze personnes, on est loin, très loin des gros blockbusters américains. Mais Féret puise sa force dans cet handicap. L’aspect humain du tournage, où tout le monde vit ensemble dans une ambiance conviviale, se retrouve ainsi sur la pellicule. De même, il tourne en numérique (avec deux caméras au rendu cinéma impressionnant) ce qui lui offre plus de mobilité et la possibilité d’effectuer des retakes. En effet, le tournage s’est déroulé sur 3 parties, tournées dans le désordre : Printemps, Automne et Hiver. Le montage se faisant au fur et à mesure et en vu de la configuration de l’équipe, il était simple de retourner des scènes pour les améliorer, de modifier la fin ou de rajouter des parties.

L’aspect humain, on le retrouve aussi dans l’investissement des lieux. A l’instar d’un de ses précédents films, Les frères Gravet, René Féret a fait beaucoup participer la région du limousin où le film fut tourné. Une bonne partie de la ville du Dorat a ainsi fait partie de l’aventure. Ceci renforce encore cette sensation de cinéma du réel que prône depuis le début de sa carrière René Féret.

Prix jean Vigo avec son premier film Histoire de Paul en 1975, sélectionné en compétition officielle à Cannes en 1977 avec son deuxième film La communion solennelle, René Féret, avec une dizaine de long-métrages, a crée son cinéma autour du souvenir, de l’autobiographie. L’histoire de sa famille, de ses parents, de son enfance a ainsi nourri ses films. Professeur de scénario à la faculté de Lille III, il basera d’ailleurs son enseignement sur l’utilisation d’émotions personnelles pour l’élaboration de scripts réalistes.
Mais pour Il a suffi que maman s’en aille, Féret avait l’impression d’en avoir fini avec son passé. Il s’est inspiré de l’histoire d’un de ses proches du même âge que lui, maître d’œuvre dans le limousin qui, plaqué par sa femme, demande la garde de son fils de 10 ans et l’obtient.
Père de deux filles, Féret s’est servi de cette histoire pour parler indirectement de sa relation avec elles. Il a beaucoup observé sa fille Marie pendant l’écriture du scénario, il était donc logique pour lui que Léa soit incarnée elle.

Le film, œuvre d’un véritable auteur, permet donc une nouvelle fois au réalisateur de parler de ce qui le touche au travers de son expérience personnelle. Il nous emmène dans une histoire toute en sobriété où l’émotion pointe derrière des évènements de la vie ordinaire en apparence insignifiants.

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