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Le Promeneur d’Oiseau : Belle fable chinoise par un cinéaste lillois !

Synopsis : Afin de tenir la promesse faite à sa femme, ZHIGEN décide de retourner dans son village natal pour y libérer son oiseau, unique compagnon de ses vieilles années. Il prévoyait de faire ce périple en solitaire, mais on lui confie RENXING, sa petite-fille, jeune citadine gâtée, contrainte de partir avec lui.
Au cours de ce voyage aux confins de la Chine traditionnelle, dans une nature magnifique, ces deux êtres que tout sépare vont se dévoiler l'un à l'autre, partager des souvenirs et des aventures.
La petite fille va découvrir de nouvelles valeurs, et particulièrement celles du cœur.

© EnvisionsFilms-StellarMegaFilmsLtd-PanEurasiaFilms

Critique : Il en a fait du chemin le réalisateur Philippe Muyl depuis sa naissance à Lille et son enfance passée à Lambersart. D’abord directeur artistique dans des agences de pub, il réalise ensuite de nombreux films publicitaires et industriels. L’air de rien, cette expérience lui en apprend long sur le travail de metteur en scène.
En 1993, Cuisine et Dépendances, adaptation d’une pièce de Bacri et Jaoui, connaît un beau succès public et critique. Mais Philippe Muyl est surtout connu pour ses films qui mettent en scène l’univers des enfants. La Vache et le Président et Le Papillon sont de jolies fables, sincères, qui savent toucher au cœur des spectateurs. S’éloignant quelque peu de cet univers, Muyl réalise Magique ! en 2008, une comédie musicale interprétée par le chanteur Cali. Le succès n’est pas au rendez-vous.
Cinq ans plus tard, le réalisateur revient avec un projet cinématographique qu’on qualifiera de gonflé. Un producteur chinois en est à l’origine. Il propose à Muyl de réaliser un remake du Papillon. Le film a connu un succès foudroyant en Chine, bien qu’il n’ait pas été distribué de manière officielle. Muyl n’est pas très intéressé à l’idée de signer le propre remake de son film. Et puis, le papillon n’a pas une très forte portée symbolique en Chine. Mais il décide tout de même d’y réaliser un film qui s’en inspire.
Autant le dire tout de suite aux esprits chagrins, Le Promeneur d’Oiseau n’est pas un film politique sur le régime chinois. Voilà du cinéma qui ne fera pas trembler les autorités de Pékin. Il n’est pas fait pour cela. Philippe Muyl n’est pas un cinéaste de la contestation. Il n’est ni Boisset, ni Costa-Gavras. Ce n’est pas son tempérament de cinéaste. Et puis, il voulait à tout prix sortir des clichés ressassés à longueur de journée sur la Chine, dans les médias. Le Promeneur d’oiseau est avant tout une belle fable écologique, un film sur l’enfance, la vieillesse, la transmission, l’incommunicabilité, …

© EnvisionsFilms-StellarMegaFilmsLtd-PanEurasiaFilms

Mais ce film est tout de même l’occasion pour le réalisateur de montrer un pays qui a connu des mutations sociales, économiques, culturelles énormes sur un laps de temps relativement court, une trentaine d’années environ. L’intérêt du film est de montrer deux visages de la Chine : l’une prospère, bourgeoise, capitaliste, qui s’occidentalise au point de perdre sa propre identité, dont les petits enfants ne savent même plus qu'elles sont leurs racines. L’autre est traditionnelle et quelque peu ancestrale. Le temps semble s’y être arrêté. Elle est nimbée de paysages somptueux, de forêts, d’arbres gigantesques, …
La confrontation de ces deux visages de la Chine est remarquablement illustrée par le biais des personnages du film. Les parents habitent dans un building luxuriant, la petite fille ne pense qu’à ses Iphone et Ipad. Mais elle va connaître un choc culturel et esthétique en partant quelques jours avec son grand-père sur la terre de ses ancêtres.

D’abord reconnaissons l’excellence des interprètes, tous plus convaincants et attachants les uns que les autres.
La palme revient au grand-père , interprété par l’excellent Baotian Li, et la petite fille incarnée par Yang Xin Yi. Elle commence par nous agacer prodigieusement en interprétant une impressionnante tête à claques puis, nous bouleverse, nous émeut, nous faire rire avec le professionnalisme des plus grandes actrices (et sans le cabotinage de certaines). Leur duo fonctionne à merveille. Les parents sont tout aussi convaincants, ainsi que les quelques acteurs non professionnels recrutés dans les campagnes chinoises.

L’autre grand intérêt du film est de nous présenter des décors de toute beauté. Qui plus est, ce qui devient relativement rare, très bien photographiés. On voyage à Pékin et dans la province du Guangxi, à Yangshuo, Guilin, près de Sanjiang, dans des villages de la minorité Dong.

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Deuxième coproduction officielle entre la Chine et la France, Le Promeneur d’Oiseau est un road movie qui ose prendre son temps. Mais rassurez-vous, l’ennui ne gagne jamais le spectateur. Et qui dit road movie, dit voyage intérieur comme l’a signalé très justement Philippe Muyl à Lille La Nuit. On assiste à l’initiation d’une petite fille, et peut-être à la perte de son innocence puisque, sans trop en dévoiler du film, elle sera confrontée à la mort.
La notion de temps, revenons-y, est très importante dans Le Promeneur d'Oiseau. On découvre une société où tout va toujours plus vite, et une autre où l’on peut encore regarder la nature, l’écouter, être attentif aux autres. Dit comme cela, on peut penser que le film est caricatural, avance avec de gros sabots. Il n’en est heureusement jamais rien.
Une scène où la famille tente vainement de se joindre avec des téléphones portables, au même moment et sans succès, restitue avec beaucoup d’humour le manque de communication de nos sociétés modernes. Et sans jamais s’appesantir d’une morale à deux balles.
En allant filmer en Chine, Philippe Muyl nous offre un beau miroir de notre monde. Qu’on vive à Pékin, Rome, Londres, Paris, Bruxelles, Lille, ou ailleurs…

Le Promeneur d’Oiseau est une belle surprise. Voilà un film charmant qu’on n’attendait pas forcément. Il est beau plastiquement, bien écrit, offre des thématiques riches (on peut le lire à différents degrés selon l’âge qu’on a, enfant ou adulte). Et à certains qui trouveront le message un peu simple, on répondra qu’il correspond bien à la personnalité d’un auteur aux véritables obsessions (l’enfance et l’environnement sont au cœur de ses préoccupations) mais qui ne la ramène pas. Voilà un homme dont la modestie fait plaisir à voir.

Philippe Muyl sur le tournage © EnvisionsFilms-StellarMegaFilmsLtd-PanEurasiaFilms

Lille La Nuit vous encourage à voir Le Promeneur d’Oiseau dans une belle salle de cinéma, pour profiter de l’écran large. Nous sommes d’autant plus heureux de vous le recommander, qu’on a failli ne jamais pouvoir le découvrir. La faute à un acteur, star en Chine, qui a eu l’indélicatesse de quitter le tournage après seulement trois jours, entrainant le retrait d’investisseurs et la perte de la moitié du budget du film.
Hé oui, le cinéma se fait parfois dans la douleur. Heureusement, la production et le capitaine Philippe Muyl, ont su mener leur projet à bon port. Et sans que jamais on ne devine à l’écran les gros problèmes de fabrication du film. Un tel courage pour faire exister une œuvre cinématographique inspire le respect. Voilà un argument supplémentaire pour réserver au Promeneur d’Oiseau le beau succès qu’il mérite !

Affiche et film-annonce © EnvisionsFilms-StellarMegaFilmsLtd-PanEurasiaFilms

Le Promeneur d'Oiseau
Un film de Philippe Muyl.
Avec Li Bao Tian, Yang Xin Yi, Li Xiao Ran, Qin Hao.

Durée: 1h40.
Sortie le 7 mai 2014.

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