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« Les Incorruptibles » de retour au cinéma !

SYNOPSIS: Années 30, à Chicago. À l'apogée de sa puissance, Al Capone fait régner la terreur et la corruption sur la ville. Racket, contrebande d'alcool, prostitution, jeux; rien n'échappe à son contrôle. Eliot Ness, un jeune agent fédéral fraîchement débarqué dans la métropole de l'Illinois, s'est pourtant mis en tête de saper son empire. Mais sa première descente dans un entrepôt suspect est un fiasco, et il devient aussitôt la risée de ses collègues et de la presse. Pour Ness, il est à présent clair que bon nombre de policiers et de magistrats sont à la solde de Capone. Il décide alors de rassembler autour de lui une équipe d'agents incorruptibles, et recrute ainsi le chevronné Jim Malone, le jeune George Stone, tireur d'élite, ainsi qu'Oscar Wallace, pour ses compétences en matière de comptabilité...

© Paramount Pictures et Flash Pictures

A Lille la Nuit, on aime les nouveautés en matière de sorties ciné. Mais on aime évidemment beaucoup aussi, comme vous l’avez certainement remarqué, les reprises qu’il faut découvrir en salles lorsque que cela est possible.
C’est le cas cette semaine avec la ressortie en copie numérique et version restaurée du classique de Brian De Palma, « Les Incorruptibles » (« The Untouchables »).

De Palma signe « Les Incorruptibles » en 1987. Le film est inspirée de faits authentiques et, surtout, de la série TV de Quinn Martin diffusée sur les chaines américaines de 1959 à 1963.
Vous connaissez certainement Brian De Palma. Il s’agit d’un des fameux wonderboys du cinéma américain des années 70. On compte parmi ces réalisateurs qui ont révolutionné Hollywood des gens comme Spielberg, Scorsese, Lucas, Coppola.*
De Palma a souvent été sous inspiration hitchcockienne mais a su imposer sa marque, se forger une œuvre très personnelle et un style qui lui est propre.

Au moment où il réalise « Les Incorruptibles », De Palma est un cinéaste adulé par de nombreux cinéphiles amateurs du cinéma de genre. Il est en revanche beaucoup moins respecté par une certaine intelligentsia qui a souvent un tramway de retard. Certains lui reprochent une mise en scène quelque peu clinquante et vulgaire. Alors qu’il s’agit d’un cinéaste baroque et lyrique. De Palma c’est le réalisateur de « Sœurs de Sang », « Phantom of the Paradise », « Carrie », « Pulsions », « Blow Out » (variation hitchcockienne du « Blow-Up » d’Antonioni) « Body Double » et bien évidemment de « Scarface », remake du film de Howard Hawks, interprété par un Al Pacino hallucinant et halluciné.

Dans « Les Incorruptibles », De Palma dirige l’autre ténébreux du ciné US, Robert De Niro. Comme l’acteur de « Scarface », De Niro a révolutionné le jeu d’acteur dans les années 70. Heureux les plus jeunes d’entre vous qui n’ont pas encore découvert De Niro dans le « Taxi Driver » de Scorsese.
Heureux les jeunes cinéphiles qui vont le voir pour la première fois au cinéma dans son incarnation géniale, brutale de Al Capone, le terrifiant parrain de la Mafia.

© Paramount Pictures et Flash Pictures

A ses côtés, on croise le jeune Kevin Costner qui reprend le rôle créé par Robert Stack dans la série télévisée. Mais aussi Andy Garcia et Sean Connery (éblouissant dans le rôle de Malone qui lui vaut un Oscar du meilleur second rôle masculin en 1988).

« Les Incorruptibles » version De Palma est assez différent de la série originelle. Notamment parce que le cinéaste obtient un budget record pour l’époque de 25 millions de dollars. Ce budget faramineux lui offre la possibilité de ne rien se refuser. La direction artistique est éblouissante. Les décors, les costumes (créés par Giorgio Armani) sont superbes. La musique de Ennio Morricone (compositeur attitré de Sergio Leone) est si belle qu’elle vous tire les larmes. Le scénario écrit par le dramaturge et cinéaste David Mamet est un modèle d’intelligence et d’efficacité.
De Palma fait de son film une grande fresque américaine. Et nous offre des moments de cinéma dignes d’un opéra flamboyant.

Pour ceux qui ne connaissent pas « Les Incorruptibles », on ne citera qu’une scène : celle se déroulant à la gare Union Station de Chicago où une fusillade éclate entre les hommes de Ness et le gang de Capone. De Palma hausse alors son film vers les sommets.
Quelle mise en scène ! Quel sens du découpage et du montage ! De Palma s’amuse comme un petit fou avec des ralentis d’anthologie. Il va même jusqu’à détourner l’une des scènes les plus fameuses de l’histoire du 7ème art, issue du « Cuirassé Potemkine » de Eisenstein : celle de la descente du landau dans les escaliers du port d’Odessa. Grand moment de pur cinéma qui annonce l’un des futurs sommets de De Palma, « L’Impasse » (peut-être le chef-d’œuvre du cinéaste) et sa fameuse scène de poursuite dans le métro.

© Paramount Pictures et Flash Pictures

« Les Incorruptibles » fait partie de ces classiques du cinéma américain qu’il faut voir et revoir en salles. Voilà un plaisir qu’il ne faut évidemment pas se refuser. Et c’est tellement plus jouissif que de le visionner chez soi en vidéo (même si on a la chance de posséder le film en Blu-Ray). On ne dit jamais assez que le cinéma est avant tout une expérience collective.

Par la suite, De Palma s’intéresse à une autre série culte de la télévision américaine : « Mission Impossible ». Le cinéaste en profite pour revisiter dans le premier volet de cette future franchise quelques-unes de ses grandes obsessions : les thème du double, du dédoublement et du voyeurisme.

Malheureusement, De Palma semble en panne depuis quelques années et ne retrouve de belles fulgurances que par intermittence (« Le Dahlia Noir », d’après Ellroy, possède de beaux moments de cinéma).
Mais l’inspiration semble avoir disparu comme en témoigne son remake médiocre du « Crime d’Amour » d’Alain Corneau. En effet, dans « Passion », De Palma nous inflige une complaisante et sinistre auto parodie.

Raison de plus pour faire un petit tour du côté du Majestic (reprise également nationale) afin d’y voir "Les Incorruptibles" (en vostf, comme il se doit), le film d’un maitre du cinéma américain alors au sommet de son art.

© Paramount Pictures et Flash Pictures

* Pour en savoir un peu plus sur cette incroyable génération de cinéastes nous vous recommandons de lire « Le Nouvel Hollywood » de Peter Biskind paru en poche aux éditions Points.

Affiche et film-annonce © Paramount Pictures et Flash Pictures.

Horaires séances "Les Incorruptibles"

Si vous souhaitez en savoir davantage sur le cinéaste des “Incorruptibles”, un conseil: procurez-vous en bibliothèque ou d’occasion (car il est épuisé) “Brian De Palma”, le superbe livre d’entretiens de Laurent Vachaud et Samuel Blumenfeld aux Editions Calmann Lévy.

Les autres sorties de la semaine.

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