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« Les Lyonnais » sort aujourd’hui

« Les Lyonnais » sort aujourd’hui

Lyon, début des années 60. Edmond Vidal et Serge Suttel, 17 ans, volent un cageot de cerises. Ils sont condamnés à 63 jours de prison pour le vol mais aussi et surtout parce qu’ils sont gitans. Edmond alias Momond devient le protégé de voyous chevronnés dont il finira par prendre la place, il se hissera au rang de tête pensante du Gang des Lyonnais. Aujourd’hui âgé de 66 ans et retraité du grand banditisme il mène une vie paisible entouré par femme, enfants et petits-enfants dans la région lyonnaise. Décidé à ne « plus bouger une oreille » il se retrouve confronté à un choix cornélien lorsque Serge, son ami de toujours se fait serrer. Inspiré à la fois par l’autobiographie de Momond ("Pour une poignée de cerises") et d’une anecdote vécue, Olivier Marchal transcende la réalité en imaginant une suite rocambolesque à cette arrestation. La fraternité, l’honneur et les valeurs familiales sont au centre de ce film, elles humanisent le personnage d’Edmond. Lui qui a su être impitoyable et tuer de sang-froid devient alors empathique. Il représente « l’anti Mesrine » qu’Olivier Marchal souhaitait dépeindre, un homme qui n’est pas devenu voyou par choix mais par « accident ». Sans pour autant faire l’apologie de ces truands, on sent chez l’ancien flic devenu réalisateur une certaine admiration pour Momond et sa bande, ces bandits « à l’ancienne » qui se mettaient un point d’honneur à respecter leur code de conduite et qui n’utilisaient leurs armes qu’en dernier recours.
Pour la première fois Olivier Marchal met entre parenthèses les flics (36, quai des orfèvres; MR 73, Braquo) pour passer du côté obscur de la force, et de manière toute aussi inédite il introduit une partie époque à sa création. Exprimée sous la forme de flashbacks récurrents, elle est une véritable immersion dans la mentalité des braqueurs et de la genèse du Gang. Grâce notamment au traitement particulier des images que l’on doit à Denis Rouden, directeur de la photographie sur 36, quai des orfèvres et MR 73. Un récit épique des seventies sur fond de Janis Joplin qui aurait sûrement mérité de faire l’objet d’un film à lui tout seul. Cependant on ne peut que saluer l’interprétation de Dimitri Storoge, (Momond jeune) peu vu au cinéma pour le moment mais très prometteur. Le réalisateur est allé chercher du « sang neuf » pour interpréter l’équipe du Gang à l’âge de l’insouciance, et on l’en remercie étant donné la qualité des jeux d’acteurs. Il prouve sa maitrise du genre polar en nous offrant une mise en scène rythmée, qui contraste avec celle de MR 73 très sombre, des personnages et des dialogues acerbes, un scénario riche en rebondissements malheureusement pas toujours inattendus mais le tout soutenu par un casting irréprochable. Gérard Lanvin convaincant en « Parrain » rangé, qui, il y a trente ans avait déjà endossé le rôle d’Edmond Vidal pour une série télévisée. Mais aussi Tchéky Karyo, Daniel Duval, Lionnel Astier entre autres, des « gueules » qui ont du vécu, aussi charismatiques que leurs personnages. Du côté des gentils on retrouve Charles Bastiani (Olivier Rabourdin) inspiré de Charles Pellegrini, commissaire divisionnaire ayant réellement travaillé sur l’affaire du gang des Lyonnais et Patrick Catalifo incarne Max Brauner commissaire pas toujours droit mais juste, inspiré directement de l’ex numéro deux de la PJ lyonnaise Michel Neyret.
Imprégné de Léone (Il était une fois en Amérique) et de Coppola (Le Parrain) « Les Lyonnais » s’éloigne du film de gangster pur et dur, Marchal signe ici une fresque détonante sur fond d’amitié. C’est avant tout un film de copains où la violence parfois intrusive, s’édulcore en laissant place aux sentiments.

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