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« Les Moissons du Ciel » : Reprise d’un classique intemporel du grand Terrence Malick

Lille La Nuit fait le choix d’une reprise cette semaine dans son Actu Ciné avec Les Moissons du Ciel, second long-métrage du mythique autant que mystérieux Terrence Malick. Réalisé en 1978, Les Moissons du Ciel - interprété par Richard Gere, Brooke Adams et Sam Shepard - est de ces films qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie. Prix du meilleur réalisateur au Festival de Cannes 1979, le chef-d’œuvre de Malick ressort dans une version restaurée faisant renaître toute la beauté du film et de sa photographie. Incontournable !

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Les moissons du ciel de Terrence Malick : le jeune Richard Gere aux côtés de Brooke Adams.

Critique : Les moissons du ciel de Terrence Malick est de ces films qui impriment les rétines de spectateurs à tout jamais. Et ce, dès l'ouverture du film qui se déroule sur fond de Aquarium, l'une des pièces du Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet : petit flash-back ! Terrence Malick est né en 1943 au Texas.  Après avoir obtenu un diplôme de philosophie à l’Université de Yale, il devient journaliste pour Life, Newsweek et le New-Yorker (excusez du peu). Il entre parallèlement à l’American Film Institute école qu’il va financer en réécrivant des scripts comme celui de L'Inspecteur Harry (1971) de Don Siegel.

Malick se lance ensuite dans la réalisation de La balade sauvage (1974), financé pour la modique somme de 350.000 $. Interprété par Sissi Spacek - futur Carrie de De Palma - et Martin Sheen - futur Willard du Apocalypse Now de Coppola -, La balade sauvage s’inspire de l’histoire vraie d’un couple de jeune tueurs. Premier film. Premier choc. Premier chef-d’œuvre. Un cinéaste majeur vient de naître.

Malick s’attelle ensuite à ce second long-métrage, Les moissons du ciel. Le film contient toutes les futures obsessions du cinéaste. La présence de la nature y est capitale. Le cinéaste filme les champs de blé, les animaux. Les éléments sont au cœur de son récit : l’eau, le vent, le feu.

S’il est un cinéaste panthéiste, Terrence Malick n’en délaisse pas pour autant les hommes. Les moissons du ciel est un grand film social, profondément humaniste, qui montre la dureté du travail des « gens de peu », de ces fermiers se battant pour subsister au moment où des machines font leur apparition. Qui vont les soulager mais aussi les asservir. La grande dépression américaine n’est plus très loin.

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Les moissons du ciel de Terrence Malick : un grand film social, humaniste, qui montre la dureté du travail des « gens de peu ».

Soutenu par la composition magistrale de Ennio Morricone, les interprétations sensibles de Richard Gere - que ceux qui le considèrent comme un acteur fade voient à tout prix Les moissons du ciel - et Brooke Adams, par la performance du grand tragédien et auteur de théâtre Sam Shepard, voilà un film qu’on ose qualifier de parfait.

La perfection dans l’Art, est souvent ennuyeuse. On aime les petites imperfections qui rendent une œuvre sensible, fragile, humaine. Mais dans le cas de Malick (et dans la plupart de ses films), cette perfection équivaut pour l’auteur à une quête de l’absolu qui bouleverse.

Les images de Les moissons du ciel, photographiées par le regretté Nestor Almendros, font partie des plus belles de l’Histoire du cinéma. Méticuleux, Almendros et Malick ont filmé la quasi intégralité de leurs décors naturels en attendant ce qu’on appelle « l'heure magique » (cet instant très bref qui précède le crépuscule). Le film contient beaucoup de plans fixes dont la beauté équivaut à autant de toiles de maître.

Malick fait preuve d'une grande obsession au montage du film, qui durera deux ans. Mais quel résultat ! A l’image de grands cinéastes perfectionnistes comme David Griffith, David Lean, Stanley Kubrick, Francis Ford Coppola ou Michael Cimino, seule l’œuvre compte pour Terence Malick. On imagine bien que le quotidien de ses proches et collaborateurs ne doit pas être des plus simples. Mais quand on voit le résultat à l’écran, on ne peut que s’incliner.

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Les moissons du ciel de Terrence Malick : la beauté des images de Nestor Almendros équivaut à autant de toiles de maître.

Dans Les moissons du ciel, l’attaque des sauterelles - référence au chapitre 9 de l'Apocalypse - dévastant les champs de blé, sidère pour sa beauté tout autant qu’elle effraie. Châtiment divin ? A chacun de trouver sa réponse selon ses propres croyances.

Tout plan, point de montage, est à sa place dans Les moissons du ciel. Malick filme au gré des saisons, installant un climat et le rythme qui donnent au film sa pulsation. Les moissons du ciel est aussi un drame amoureux, une tragédie qui se nimbe de fantastique. Jeff Nichols saura retenir la leçon pour Take Shelter et Mud.

Après sa récompense à Cannes pour Les moissons du ciel, Terrence Malick disparaît vingt-cinq ans. Ce qui contribue grandement à sa légende. Des bruits sont colportés : Malick se cacherait en France, donnerait des cours de cinéma, parcourrait le monde, les déserts…

Il effectue son retour en 1998 avec ce qui, pour nous, est son plus grand film à ce jour : La Ligne Rouge. Vingt-cinq années se sont donc écoulés entre Les moissons du ciel et ce film de guerre (ou plutôt film sur des hommes au cœur de la guerre) adapté de James Jones.

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Les moissons du ciel de Terrence Malick : Le grand acteur et tragédien Sam Shepard. Vingt-cinq ans séparent Les moissons du ciel de La Ligne Rouge le film suivant de Malick.

Malick aurait pu facilement perde la main mais nourri d’expériences qui demeureront sans doute à jamais inconnues, il livre un chef-d’œuvre absolu.

Depuis, le cinéaste est devenu plus prolifique.

En 17 ans, il n'a pourtant signé que cinq films (Le nouveau monde, The tree of life - Palme d’or à Cannes en 2011- A la merveille, Knight of cups, le récent Voyage of time).

On attend Song to song pour le 12 juillet prochain. Le film, interprété par Ryan Gosling, Rooney Mara, Michael Fassbender, Natalie Portman, Cate Blanchett, Holy Hunter, Val Kilmer (quelle distribution !) aura sans doute ses fans et détracteurs. Tant mieux ! C’est souvent la marque des grands créateurs et artistes de ne pas laisser indifférent.

Pour patienter jusqu’au 12 juillet, rien de tel que de se replonger dans l’œuvre de Malick et, bien évidemment, Les moissons du ciel !

Synopsis : En 1916, Bill, ouvrier dans une fonderie, sa petite amie Abby et sa sœur Linda quittent Chicago pour faire les moissons au Texas. Voyant là l'opportunité de sortir de la misère, Bill pousse Abby à céder aux avances d'un riche fermier, qu'ils savent atteint d'une maladie incurable. Mais Abby finit par tomber amoureuse du fermier, ce qui déjoue les plans de Bill...Ce film est une oœœuvre poétique, métaphore du paradis perdu où s'entremêlent les passions et la nature humaine.

LES MOISSONS DU CIEL (DAYS OF HEAVEN)
Avec RICHARD GERE, BROOKE ADAMS, SAM SHEPARD, LINDA MANZ
Etats-Unis, 1978
PRIX DU MEILLEUR RÉALISATEUR  FESTIVAL DE CANNES 1979
OSCAR DE LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE 1979
VERSION RESTAURÉE
Durée : 1h34
SORTIE LE 17 mai 2017

Affiche, photos, film-annonce © Solaris Distribution

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