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« L’Homme de Rio »: le Belmondo qui inspira Spielberg !

Synopsis: En permission pour une semaine, le soldat de 2e classe Adrien Dufourquet arrive à Paris pour retrouver sa fiancée Agnès. Au même moment, une statuette amazonienne est volée au musée de l'Homme. Elle fait partie d'un ensemble de statues rapportées par trois explorateurs : le professeur Catalan, le professeur Villermosa, tragiquement disparu, et Mario de Castro, un riche homme d'affaires brésilien. Quelque temps plus tard, le professeur Catalan est enlevé devant le musée. De son côté, Adrien rejoint Agnès, laquelle n'est autre que la fille de l'explorateur disparu. Hélas, la jeune femme est enlevée à son tour. Adrien se lance à la poursuite des ravisseurs…

 © Les Acacias Distribution-TF1 Droits Audiovisuels.

L’été, le spectateur retient avant tout les sorties des grosses productions américaines (une de plus, cette semaine avec le « Wolverine: Le Combat de L'Immortel » de James Mangold). C’est somme toute normal quand on voit la force de frappe déployée par les majors company (Warner, Fox, Disney…) afin d’assurer le succès commercial de leurs films.
Pourtant, juillet et août ne furent pas toujours des mois connus pour l’exploitation des blockbusters. Il y a des temps immémoriaux, que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, la saison estivale était considérée comme sinistrée en ce qui concerne les sorties de nouveautés américaines. On privilégiait alors davantage les reprises. En quelque sorte, l’association Plan Séquence remet cette tradition à l’honneur.
Alors plutôt que de vous parler d’un énième film de super-héros (on ne critique pas ici la qualité du film de Mangold, pas encore vu par la rédaction), Lille La Nuit.Com préfère se focaliser cette semaine sur la reprise au Majestic de « L’Homme de Rio », le chef-d’œuvre intemporel du grand Philippe de Broca.

Si vous n’avez jamais vu un film de Jean-Paul Belmondo au cinéma, voici le classique qu’il vous faut ! Réalisé en 1964, « L’Homme de Rio », est un peu la synthèse de tout ce qu’on aime chez Belmondo (qui n’est pas encore à cette époque le « Bébel » caricatural de films comme « Flic ou Voyou » ou « Le Guignolo ») . Il est espiègle, drôle, bondissant, charismatique, a un jeu d’une incroyable modernité (certains acteurs français contemporains feraient pas mal d’en prendre de la graine). Belmondo est magnétique. Il a apporté au cinéma français des années 60 et 70 une élégance et une désinvolture qu’on ne connaissait que chez certains acteurs américains (ne faisons pas de comparaisons car, comme chacun sait : comparaison n’est pas raison).

 © Les Acacias Distribution-TF1 Droits Audiovisuels.

Maintenant, parlons du film ! Evidemment, « L’Homme de Rio », c’est avant tout un festival Belmondo avec ses délires, ses cascades, son humour. Mais c’est surtout le film d’un véritable génie du cinéma français, Philippe de Broca, disparu en 2004.
On lui doit notamment « Cartouche », « Les Tribulations d’un chinois en Chine » (d'après Jules Verne), « Le Magnifique », « L’Incorrigible » (quatre merveilles où Belmondo est au générique). Ou encore le superbe et méconnu « Le Roi de Cœur ».
Ce qui frappe de prime abord, dans « L’Homme de Rio », c’est la vitesse du film. Ca va à 300 à l’heure durant quasiment deux heures. L’histoire n’est presque qu’un prétexte pour nous offrir l’une des plus réjouissantes courses poursuites de l’histoire du cinéma. C’est simple, on n’a pas une seule seconde le temps de reprendre son souffle en regardant les aventures d’Adrien. De Broca a compris que son film doit avoir du rythme s’il veut réussir une comédie à la hauteur de certains grands maitres du genre comme Blake Edwards.
Ca virevolte, ça court, ça pirouette, ça roule, ça vole. Ca ne s’arrête jamais. Mais grâce au charme des interprètes, à la qualité de l’écriture, le film ne confond jamais vitesse et précipitation.

© Les Acacias Distribution-TF1 Droits Audiovisuels.

Il faut aussi ajouter que « L’Homme de Rio » est également un grand film d’aventures. De Broca s’est inspiré très largement de bandes dessinées. Et plus particulièrement de « Tintin ». La statuette amazonienne du film est d’ailleurs une belle référence qui renvoie directement à l’univers d’Hergé.
Alors, de Broca, qui s’est tout de même beaucoup inspiré du cinéma d’aventures américain (on le soupçonne d’avoir vu le « The African Queen » de John Huston ou « La Mort aux Trousses » de Hitchcock) devient à son tour une référence absolue pour de jeunes cinéphiles d’Outre-Atlantique.

Spielberg, d’ailleurs, n’a jamais caché son immense admiration pour « L’Homme de Rio ». Il s’agit de l’un de ses films préférés. Et il a toujours reconnu s’être inspiré du film réalisé par de Broca pour créer le personnage d’Indiana Jones (l’autre référence étant bien sûr, le « Tintin » de Hergé, qu’il adapte au cinéma en 2011).
On dit même que la famille Kennedy au grand complet était fan du film.
En fait, de Boca invente avec « L ‘Homme de Rio » un cinéma totalement neuf. Une sorte de croisement entre le cinéma d’aventures très bien produit des grands studios américains et la folie, l’inventivité, la liberté imposée depuis 1959 par les jeunes turcs de la Nouvelle Vague (Godard et Truffaut, notamment).

Outre le plaisir de revoir Belmondo alors jeune homme au sommet de sa forme (il est âgé de 31 ans mais en parait facilement dix de moins), on retrouve la talentueuse et magnifique Françoise Dorléac, sœur de Catherine Deneuve. Elle a l’élégance, la grâce et la légèreté d’une ballerine. Et il fallait beaucoup d’aplomb pour réussir à s’imposer face à Belmondo. Quand on la voit jouer, espiègle mais ne minaudant jamais, on mesure à quel point la perte de cette actrice fut cruelle pour le cinéma français (elle se tue dans un accident de voiture à l’âge de 25 ans).

© Les Acacias Distribution-TF1 Droits Audiovisuels.

Courez voir ou revoir « L’Homme de Rio », d’autant plus que le film est présenté en version numérique et restaurée, grâce à Acacias Distribution (un distributeur qui fait toujours un boulot remarquable sur les films de patrimoine). Histoire surtout de se remémorer une époque quelque peu révolue où le cinéma français excellait dans le cinéma de genre.
Tout concourt à faire de ce film un chef-d’œuvre absolu du genre : la mise en scène de de Broca, le montage de Françoise Javet, la belle musique de Georges Delerue (compositeur nait à Roubaix et qui fit une splendide carrière à Hollywood), le scénario complètement zinzin de Philippe de Broca, Jean-Paul Rappeneau, Arianne Mnouchkine, Daniel Boulanger. Et les folles cascades réalisées sans doublure par l’athlétique Belmondo.

« L’Homme de Rio » est présenté du 24 juillet au 6 août au Majestic de Lille.
Et croyez-nous, il s’agit là du film parfait pour s’offrir deux heures durant, dépaysement, exotisme, vacances et voyage pour le prix d’une place de cinéma !

Film annonce © Fury Production Company-TF1 Droits Audiovisuels-Acacias Distribution.

Affiche © TF1 Droits Audiovisuels-Acacias Distribution.

Les autres sorties de la semaine.

Le programme de Plan-Séquence au Majestic de Lille (Juillet-Septembre 2013).

 

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