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« Manhattan Stories » : Quand un jeune cinéaste indépendant filme New-York sur fond de musique noire

Cette semaine l’Actu Ciné de Lille La Nuit fait le choix de Manhattan Stories, second long-métrage de Dustin Guy Defa. Manhattan Stories présente plusieurs histoires et leurs personnages. Le lien entre eux : la ville de New-York ! Et comme Manhattan Stories est rythmé par une excellente bande originale, Lille La Nuit ne pouvait qu'en parler...

Manhattan Stories de Dustin Guy Defa : Wendy (Tavi Gevinson), une jeune femme s’interrogeant sur sa sexualité et qui n'aime rien, ni personne.

Critique de Manhattan Stories

Manhattan Stories est le second long-métrage - le premier s’intitule Bad Fever - de Dustin Guy Defa, réalisateur dont les courts-métrages furent sélectionnés dans de nombreux festivals et eurent même droit, en 2015, à une rétrospective à la Film Society du Lincoln Center.

Manhattan Stories reprend dans sa version originale le titre d’un court-métrage réalisé en 2014 par Dustin Guy Defa (Person To Person), sélectionné à Sundance et au Festival de Berlin.

Dustin Guy Defa : « Je n’ai jamais eu l’intention que le long métrage soit une extension du court : ce sont au contraire deux films bien distincts. La vérité, c’est que le long métrage devait porter un autre titre, Human Right, dont j’ai fini par me lasser. L’équipe et moi-même en avons listé d’autres, mais le titre du court métrage apparaissait comme le meilleur pour ce film. Je savais que les gens qui me connaissaient pourraient penser qu’il s’agissait d’une extension du court métrage, ce qui fait sens dès lors que les deux films partagent une même écriture, un ton, un humour, le personnage de Benny, l’histoire autour des disques… » *

Manhattan Stories de Dustin Guy Defa : le réalisateur originaire de Salt Lake City signe son second long-métrage.

Du cinéma US indépendant qui en évite les travers

Ce qui frappe d'emblée dans Manhattan Stories c’est que le film a tout du petit film indépendant, fabriqué pour le Sundance Film Festival (fondé par Robert Redford). On en voit chaque année des dizaines de ces longs-métrages qui ne sont en définitive que des produits roublards au même titre que certains blockbusters.

Manhattan Stories évite cependant de trop tomber dans les travers du ciné indépendant US. On est d'abord charmé par l’utilisation que le réalisateur fait de la musique noire, qu’elle soit jazz (le sublime titre de Charlie Parker Relaxin' at Camarillo, qui revient à plusieurs reprises) ou gospel.

Le film nous conte cinq histoires. On y retrouve un journaliste fan de métal (impayable Michael Cera : l'acteur de Scott Pilgrim), un passionné de musique obsédé par son look, une jeune femme s’interrogeant sur sa sexualité tout en n’aimant rien ni personne, un jeune gars un peu à côté de ses pompes qui a mis des photos de sa petite amie nue sur le net, … Mais Dustin Guy Defa a le bon goût de ne pas tomber dans le piège du film à sketches.

Manhattan Stories de Dustin Guy Defa : Phil (Michael Cera), journaliste et fan de métal.

Le plaisir de Manhattan Stories est aussi procuré par ses comédiennes, comédiens qui forcent toutes et tous la sympathie. Abbi Jacobson, Tavi Gevinson, Bene Coopersmith, Michaela Watkins… sont relativement peu connu(e)s ce qui procure une vraie fraîcheur au film.

New-York, New-York !

Mais le véritable personnage de Manhattan Stories est évidemment New-York, avec ses quartiers, rues, boutiques, parcs... La ville n'est pas filmée en numérique mais en pellicule 16 MM. On voit d'ailleurs de menus défauts à l’image (rayures, cassures) qui donnent au film tout son cachet. On a presque l’impression de revoir le New-York du cinéma US des seventies (époque épique du cinéma américain).

Manhattan Stories de Dustin Guy Defa : le véritable personnage du film est  New-York, avec ses quartiers, rues, boutiques, parcs.

 

Dustin Guy Defa : « Ce n’est pas délibéré mais, oui, c’est le genre de choses qui m’attirent, le côté passé, « analogique » des choses, même si ce truc rétro des années 70 et 80 peut me sembler parfois un peu déprimant ! Mais je savais par exemple que chez l’horloger on ne trouverait pas de montres ni d’horloges à affichage digital. C’est aussi pour ça que j’ai tourné en pellicule 16mm, pas tant pour situer le film dans une époque, comme ils ont choisi de le faire pour Jackie par exemple, que pour conserver une cohérence avec ce goût qu’ont mes personnages pour les vieilles choses. Je dois aussi avouer ne pas comprendre comment on peut être réalisateur aux Etats-Unis sans être influencé d’une manière ou d’une autre par le cinéma américain des années 70, je n’y ai pas pensé délibérément mais ça a dû avoir un impact. Il ne s’agissait pas de jouer la nostalgie, il y a aussi la contrainte budgétaire qui m’a emmené dans ce sens : mon premier choix pour les bureaux de Michael Cera s’était par exemple porté vers des bureaux flambant neufs, mais notre budget nous a contraints de nous replier dans un quartier de Harlem, Amsterdam News, où tout a l’air vraiment vieux. Mais c’était parfait finalement, mieux même que ce que nous envisagions. »*

Si Manhattan Stories évoque en mode mineur le cinéma de Jim Jarmusch, Robert Altman, Jerry Schatzberg ou Woody Allen, il n’en demeure pas moins que Dustin Guy Defa y délivre sa petite musique personnelle.

Synopsis : Une journée à Manhattan. Dès le réveil, Benny, fan de vinyles collectors et de chemises bariolées n’a qu’une obsession : aller récupérer un disque rare de Charlie Parker. Mais il doit aussi gérer la déprime de son coloc Ray qui ne sait comment se racheter après avoir posté en ligne, en guise de vengeance, des photos de nu de sa copine. Pendant ce temps, Claire, chroniqueuse judiciaire débutante passe sa première journée sur le terrain aux côtés de Phil, journaliste d’investigation pour un tabloïd ayant des méthodes douteuses pour obtenir un scoop. Leur enquête va les mener jusqu’à Jimmy, un horloger qui pourrait détenir, sans le savoir, les preuves d’un meurtre. Quelques blocks plus loin, Wendy, une étudiante désabusée du monde actuel, tente de persuader sa meilleure amie Mélanie qu’idéaux féministes et désirs sexuels ne sont pas incompatibles. S’ils ne se croisent pas toujours, une connexion existe entre tous : l’énergie de New-York.

Manhattan Stories de Dustin Guy Defa
Avec  Abbi Jacobson, Michael Cera, Philip Baker Hall, George Sample III, Tavi Gevinson, Olivia Luccardi
Durée : 1h25
Sortie salles 16 mai 2018

Affiche, photos, film-annonce © UFO Distribution
*Propos issus du dossier de presse du film.

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