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Minuit à Paris

Minuit à Paris

Film d’ouverture du 64ème Festival de Cannes, « Minuit à Paris » crée, depuis quelques mois, l’effervescence. Et ce davantage pour les apparitions furtives de la première dame de France que pour sa présence sur le tapis rouge. Nul besoin de lire le synopsis, on se doute, d’ores et déjà, qu’il y sera question d’amour et de romance, patte de Woody Allen oblige.

Pourtant, la dernière réalisation du new-yorkais se démarque, ne serait-ce que par son protagoniste, le très bankable Owen Wilson. Habitué à camper des personnages potaches dans des comédies romantiques grand public (Marley et moi) et des blockbusters américains (En territoire ennemi), le blondinet gagne en crédibilité lorsqu’il s’agit de s’inscrire dans des registres plus sérieux.

Au vue des premières séquences, « Minuit à Paris » déçoit. Allen nous sert les clichés d’un Paris pittoresque où les femmes, toutes élégantes, cela va de soi, se pavanent sac Dior aux bras. Derrière la caméra, il met l’accent sur des lieux communs. Ainsi, on n’échappe pas aux plans sur le Sacré-Cœur, le Moulin Rouge ou encore sur le Jardin du Luxembourg. Malgré cet aspect « carte postale » qui se manifeste essentiellement lors des premières minutes du film, Woody réussit à nous embarquer dans un conte fantasmatique et onirique.

L’histoire est impulsée par Gil Pender (Owen Wilson) écrivain paumé et rêveur venu séjourner dans la ville lumière en compagnie d’Inez (Rachel Mac Adam), sa future épouse. A l‘aune de leur mariage, les tourtereaux n’ont pas l’air très épris l’un de l’autre. Aux yeux des spectateurs, Inez se révèle être un brin pimbêche. Totalement désintéressée de sa moitié, elle préfère écumer les musées au bras de Paul, un vieil ami, lui aussi venu à Paname, pour y tenir quelques conférences à la Sorbonne. Tel Sam Mendes dans « American Beauty », Allen dresse une belle satire de la société américaine et pointe du doigt les us et coutumes de sa bourgeoisie. Menée avec humour et légèreté, il peint le portrait de personnages snobs se goinfrant de culture (et de bonne cuisine) sans véritablement en saisir les tenants et les aboutissants. Tous, sont emportés dans un consumérisme très prégnant à l’écran.

A la manière de Robert Zemeckis dans « Retour vers le futur », Gil prend place, non pas dans une De Lorean, mais dans une Peugeot aux lignes rétro. C’est à bord de cette dernière qu’il traverse les époques pour se retrouver dans la mouvance artistique et culturelle des années folles. C’est ainsi que l’écrivain déchu va se surprendre à côtoyer Picasso et Hemingway dans les salons de Gertrude Stein. Un saut dans le temps auquel on prend goût. Quand les douze coups de minuit sonnent, nous aussi, on espère croiser d’autres chefs de file du monde des arts et des lettres. Et c’est chose faite : Zelda et Scott Fitzgerald, Luis Buñuel, Salvator Dali et bien d’autres sont au rendez-vous. Cependant, on regrette que ces personnalités érudites ne soient davantage exploitées. Emmené par une belle brochette de comédiens (Mickael Sheen, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Adrian Brody…), le scénario gagne en relief. Quant au jeu de Carla Bruni-Sarkozy, il s’avère sans éclats et ne nécessitait pas autant de tapages médiatiques.

Les moult voyages anachroniques bénéficient d’une mise en scène léchée où chaque détail a son importance.Quant aux traits d’humour, ils ne manquent pas à l’appel et on se délecte devant les débats d’opinion qui opposent Gil à ses beaux parents un tantinet réac’. La présence inattendue de Gad Elmaleh dans la peau d'un détective privé nous amuse.

Avec finesse, le réalisateur aborde un pan de la psychologie relatif à la quête identitaire. Tout ce qu’on peut vous révéler, c’est qu'en sillonnant Paris sous la pluie, Gil finira par se trouver…

Malgré quelques longueurs, Woody Allen signe une production atypique, toute en légèreté, empreinte d’une morale pertinente. La prestation d’Owen Wilson est remarquable. Egalement à l’affiche du dernier film des frères Farrelly « Bon. A. Tirer », on constate que varier les genres lui réussit plutôt bien. 
 


 

  1. Nalachat Campouche

    Il est vrai que beaucoup de clichés sont présents dans ce film. Il est à prendre comme un voyage divertissant aux côtés des plus grands artistes du début du 20ème siècle. C'est une vision Allenienne au final.

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