Synopsis :
Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d'un puissant homme d'affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va romprela règle d'or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.
© Fabrizio Maltese - Recifilms - Axel Films - Les Productions du Trésor - Europacorp - France 3 Cinéma - Samsa Film - Artemis Productions.
Rochant. Enfin ! Il y a parfois de sacrées injustices dans le monde du cinéma. Et on a franchement l’impression qu’avec « Möbius », Eric Rochant, l’un des cinéastes les plus doués de sa génération vient enfin de sortir du purgatoire dans lequel il est prisonnier depuis 1994, date de sortie de son chef-d’œuvre, « Les Patriotes ». Sans doute, l’un des plus grands films français de ces vingt dernières années. Mais aussi, l’un des insuccès publics les plus injustes qu’ait connu notre cinéma hexagonal. Si on ajoute à cela quelques tristes sires de la critique française qui se sont acharnés sur « Les Patriotes » (pourquoi, au fait ?), il y a effectivement de quoi faire très mal à un film.
« Les Patriotes » était un film cher, ambitieux, hors normes dans la production française. L’histoire d’un jeune gars recruté par le Mossad, les services secrets israéliens. Un thriller d’espionnage mais aussi une fresque digne de grands cinéastes américains comme Sidney Lumet ou Alan J. Pakula. Oui, vraiment, l’échec du film a dû être cruel pour Eric Rochant. Il est temps de lui rendre justice, en allant voir « Möbius », dès cette semaine.
Après quelques films indignes de son talent (« L’Ecole pour Tous », pour n’en citer qu’un), Rochant revient avec ce thriller d’espionnage pas tout à fait comme les autres. Le succès de la série « Mafiosa » (dont Rochant a réalisé des épisodes) l’aura certainement remis en selle. Tant mieux !
Lors de la conférence de presse de « Möbius », le cinéaste a confié à Lille La Nuit.Com avoir voulu retrouver le charme de films comme « Les Enchaînés » de Hitchcock. Et cite comme influence déterminante les romans d’espionnage de John Le Carré.
© Fabrizio Maltese - Recifilms - Axel Films - Les Productions du Trésor - Europacorp - France 3 Cinéma - Samsa Film - Artemis Productions.
Oui, c’est vraiment cela « Möbius ». Une intrigue tarabiscotée comme on les aime tant dans les romans d’espionnage et une grande histoire d’amour passionnée qui fait penser au film de Hitch avec Cary Grant et Ingrid Bergman.
D’ailleurs comme le signalait Jean Dujardin (qui tient le rôle principal au côté de Cécile de France) à la conférence de presse, « Möbius » est un film courageux. C’est du travail à « l’ancienne ».
Il aura fallu pas moins de quatre ans d’écriture à Eric Rochant pour construire cette histoire qui est, c’est vrai, un thriller d’espionnage mais peut-être plus encore une love story.
Rochant ne choisit pas la facilité. Il aurait pu avec le casting dont il bénéficie s’assurer d’emblée un grand succès public, en multipliant les scènes d’action et les figures imposées du genre. Mais il est un vrai cinéaste, qui fait des choix. Alors, il privilégie les ambiances, réduit au minimum les scènes d’action (une se passe dans une cage d’ascenseur et elle fera date). Il préfère installer une vraie tension nerveuse, psychologique. C’est une guerre des nerfs qu’il filme. Cela doit ressembler au quotidien très dur des vrais espions. Pas à un monde de super héros comme on a l’habitude de nous le montrer. Et ce sont davantage les scènes d’amour que Rochant filme comme des combats extrêmement physiques.
Film singulier. Film courageux qui va à l’encontre des modes. Mais « Möbius » est également une œuvre populaire, dans l'excellent sens du terme. Nous sommes tenus en haleine durant les deux heures du métrage. Dujardin n’a jamais été aussi bon. Il est meilleur que dans « The Artist ». Voilà, c’est dit ! Cécile De France est impeccable, comme d’hab. Et en plus, cette fois-ci, elle est totalement glamour. Ce qui lui va à ravir. Emilie Dequenne confirme tout le bien que l’on pense d’elle. Tim Roth, le méchant du film, est excellent. Il fait froid dans le dos. Poisseux à souhait, le mec.
© Fabrizio Maltese - Recifilms - Axel Films - Les Productions du Trésor - Europacorp - France 3 Cinéma - Samsa Film - Artemis Productions.
Voilà de bons acteurs au service d’un excellent scénario et d’un vrai film de cinéma. Il faut ajouter à cela une scène de séduction d’anthologie, sur laquelle repose toute la crédibilité du film, et la belle photographie de Pierre Novion.
Décidément, avec « Möbius », Rochant réalise un come-back assez éblouissant. Et il n’y a pas à dire, il sait très bien filmer un monde sans pitié.
Affiche et film-annonce © EuropaCorp.
