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Noor : Coup de coeur pour un film universel !

Synopsis: Noor veut être un homme. Il ne fait plus partie des Khusras, la communauté des transgenres du Pakistan. Et il a définitivement tourné la page de lʼhistoire dʼamour quʼil a eue avec lʼun dʼentre eux. Désormais, il a un travail dʼhomme dans un centre de décoration de camions, et il sait ce quʼil veut : trouver une femme qui lʼacceptera tel quʼil est...

© Zootrope Films

Critique: Auteurs de plusieurs courts-métrages et documentaires, Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti travaillent depuis plusieurs années, avec courage et abnégation, à la proposition d’un cinéma ouvert sur le monde.
Noor, leur premier long-métrage (un deuxième, Ningen, tourné au japon est attendu) est un film d’une grande maturité pour de jeunes cinéastes. Il s’affranchit de la barrière qui sépare les cinémas documentaire et de fiction.
Au départ, il y a un scénario qui sera ensuite considérablement enrichi, chamboulé, transformé par la rencontre avec Noor, pour lequel Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti ont un véritable coup de foudre. Les réalisateurs décident alors de revoir leur copie et de partir vers une toute autre histoire, plus que largement inspirée de celle de Noor. Çağla et Guillaume embarquent alors Noor dans l’aventure de ce projet cinématographique. Au départ, il accepte sans trop comprendre ce que la responsabilité de devenir le personnage principal d’un film signifie. Noor ne sait ni lire, ni écrire. Il n’a jamais voyagé. Lorsqu’il comprend qu’on lui demande de partir pour un périple de 2500 kilomètres avec la petite équipe du film, les choses se compliquent. Puis, finalement, il se laisse convaincre.

© Zootrope Films

Tout ce qui est raconté dans le film est la stricte vérité. L’histoire que vous allez découvrir est celle de Noor, à peine romancée. Oui, il ne fait plus partie des Khusras, la communauté des transgenres du Pakistan. Oui, il a connu une succession de drames dont peu d’êtres humains se relèveraient. Oui, il veut désespérément faire pousser sa barbe. Oui, il cherche l’amour d'une femme. Seule l’idée du camion (quasi un personnage du film) qui permet la progression tant du voyage que du récit est une pure invention. Mais la vérité au cinéma n’existe pas. Après tout, il est toujours une histoire de regard, la vision d’un ou plusieurs cinéastes. On peut même aller plus loin, en affirmant que le spectateur se fait lui aussi son propre film en regardant l’œuvre qui lui est proposée. L’une des grandes forces de Noor, c’est que chacun de ses spectateurs, quelque soit son origine sociale ou géographique, ne peut que se sentir immédiatement concerné par le personnage et les problématiques du film. Voilà une œuvre universelle. On y parle de différences, de ressemblances, de genres, de sexualité, d’altérité, d’identité, d’entraide, d’intolérance, …
En allant tourner au Pakistan, Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti nous offre un film à l’effet miroir grossissant. L’expérience est troublante pour le spectateur. Ce n’est donc pas un hasard si Noor fut sélectionné à travers le monde dans des festivals aux thèmes très différents (généralistes, gays et lesbiens, femmes, asiatiques, méditerranéens, …). Ce qui prouve bien l’universalité de ce film.

Une autre belle surprise de cette proposition cinématographique vient évidemment de son personnage principal. Noor est bien plus crédible, naturel, bouleversant, drôle aussi, que bon nombre d’acteurs vus dernièrement sur un écran de cinéma. Certains argueront qu’il n’y a rien de plus normal puisque ce dernier interprète son propre rôle à l’écran. On peut aussi penser que cela apporte davantage de difficultés à l’exercice. Comment jouer sa propre vie devant une caméra et une équipe de tournage ? Et quand on sait que des spectateurs du monde entier vont la découvrir ? Il fallait trouver la bonne approche, la bonne méthode pour diriger cet acteur non professionnel. La solution adoptée fut que Noor « improvise » ses dialogues à partir d’une ligne directrice proposée par les cinéastes. Cette technique fut d’ailleurs utilisée pour les autres interprètes du film.

Noor séduit également grâce à la beauté de ses décors naturels: montagnes, déserts, routes, … On peine à croire que le film fut tourné en à peine plus d’un mois tant le soin apporté aux cadres, à la lumière est grand. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti possèdent un sens de l’espace indéniable (belle utilisation de l'écran large). Preuve que nous avons bien affaire à deux réels talents de cinéastes.

© Zootrope Films

A Lille La Nuit, nous pensons que notre rôle est de vous parler de toutes propositions de cinéma : français, étranger, documentaire, de fiction, d’« auteur » et de divertissement. Voilà un film étonnant car il offre toutes ces formes de cinéma à la fois. Alors bien sûr, Noor ne sort pas sur une grande combinaison de salles, ne fera pas la « une » des magazines, ni celle des émissions de cinéma devenues des shows promotionnels insipides. Mais qu’importe ! Nous savons à Lille La Nuit, que vous soutiendrez le film de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti !

Pour finir, voici un petit détail qui a son importance : sachez que le prénom Noor d’origine à la fois grecque, latine et arabe signifie compassion, apaiser ou lumière. Des qualificatifs qui correspondent autant au film qu’à son merveilleux interprète principal.

Affiche et film-annonce © Zootrope Films

Noor de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti
France / Turquie - 2012 - drame
Caractéristiques techniques: 2.35 / Vo ourdou / pendjabi
Durée: 1h18
Production : Cristine Asperti, Svetlana Novak
Image : Jacques Ballard
Montage: Tristan Meunier, Michko Netchak
Son : Alexandre Andrillon
Musique : Abaji

- Rétrospectives et horaires Plan-Séquence

- Agenda Cinéma

  1. GREGORY MAROUZE

    Merci Jacques. A Lille La Nuit nous avons craqué pour ce film. Et nous voulions absolument faire partager notre enthousiasme. Merci à vous, pour votre belle lumière ainsi qu'à toute l'équipe ! Nous espérons que Noor rencontrera son public. Le film et le personnage le méritent. Longue et belle route !

  2. Ballard

    bonjour,
    Je suis le directeur de la photographie du film "noor", et je souhaite vous remercier pour ce bel article a propos de ce joli film qui a été si difficile a faire.
    Faute de place pour écrire plus : les réalisateurs n'ont a aucun moment donné des indications d'image ou de son a leur équipe.

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