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Nos plus belles années : Un classique avec Streisand et Redford

Synopsis : Printemps 1937. Katie Morosky (Barbra Streisand), étudiante issue d’un milieu modeste, ardente militante communiste, fait la rencontre de Hubbell Gardiner (Robert Redford), charmeur, désinvolte, riche et doté d’un don pour l’écriture. Pendant la guerre, à New York, Katie retrouve Hubbell, devenu lieutenant dans la Navy. Leurs caractères opposés s’attirent, ils s’aiment et se marient. Après la guerre, le couple s’installe à Hollywood: Hubbell prépare un scénario adapté d’un de ses livres, Katie est enceinte. Mais la peur du communisme envahit Hollywood, la « chasse aux sorcières » commence.

© Columbia Pictures / Ciné Sorbonne

Critique : Nos plus belles années (The Way We Were en vo) est l’une des œuvres les plus ambitieuses de Sydney Pollack, l’homme qui signa des classiques comme Jeremiah Johnson, Les Trois Jours du Condor, Tootsie ou Out of Africa.
Eclectisme ! Voilà bien l’un des maîtres mots d’un cinéaste autant à l’aise dans la comédie romantique que le thriller ou le film de guerre.
Dans Nos plus belles années, Pollack retrouve son acteur fétiche Robert Redford auquel il associe Barbra Streisand pour en faire l’un des couples les plus glamours du cinéma américain.
Nos plus belles années c’est d’abord une grande histoire d’amour, romanesque, fiévreuse, passionnée entre deux personnages que tout oppose. Elle est militante communiste, c’est un play-boy qui semble un peu superficiel. Leurs routes n’auraient jamais dû se croiser, ils tomberont fous amoureux l’un de l’autre. Dit comme ça, le film de Pollack semble ne pas sortir des sentiers battus. Le macho amateur de cinéma d’action se dit déjà qu’en accompagnant sa belle voir ce film, il va s’ennuyer grave. C’est vrai, Nos plus belles années possède toutes les caractéristiques du mélodrame. Mais comme dans tout bon film du genre, un bonheur apparent, un confort matériel, une vie luxueuse dissimulent mal fêlures, déchirures et duretés de l’existence.

© Columbia Pictures / Ciné Sorbonne

L’humour et l’amour sont de la partie mais les différences de classes sociales, la politique, le jugement moral d’une société corsetée, la lassitude, l’usure du couple, l’érosion des sentiments sont des thèmes au cœur du film de Pollack.
Surtout, le cinéaste poursuit sa déconstruction du rêve américain. Quatre ans plus tôt, avec On achève bien les Chevaux, sublime adaptation d’un roman de Horace McCoy, Pollack avaient filmé sans complaisance des marathons de danse inhumains organisés sous la Grande Dépression, et auxquels participaient de pauvres gens pour gagner quelques malheureux dollars. Dans Nos plus belles années, le propos semble moins dur. Pourtant, le vernis craque très vite. Pollack n’oublie pas ses origines juives russes, ni qu’il est issu d’un milieu social relativement modeste. Le film, qui se déroule de 1937 à 1950, permet au cinéaste de relater tout un pan de l’histoire américaine.
Ainsi, il fait une critique impitoyable du maccarthysme sous lequel furent dénoncés et black-listés de nombreux artistes, cinéastes, acteurs, scénaristes par certains de leurs petits camarades pour leur supposées amitiés communistes.

Réalisé en 1973, Nos plus Belles Années affiche un sacré culot car à cette époque les Etats-Unis sont en guerre contre le Vietnam. La peur du rouge, du communisme sont toujours d’actualité. La guerre froide ne s’achèvera qu’en 1991. C’est dire le courage de cette œuvre qui peut se lire à différents degrés. Pour le prix d’une romance, vous avez le droit aussi à un film politique relativement subversif sur les Etats-Unis. Mais Nos plus Belles Années peut se voir aussi d’une manière bien plus universelle et reste brulant d’actualité. Dans le monde, on continue de dénoncer et d’emprisonner des hommes pour leurs idées ou leurs rêves. Le film de Pollack se classe bel et bien parmi les oeuvres intemporelles.

© Columbia Pictures / Ciné Sorbonne

Soulignons une fois de plus la présence de Barbra Streisand et Robert Redford. Ces deux là n’ont jamais été aussi beaux. Quels merveilleux interprètes ! On sent que Pollack est amoureux de son couple de cinéma. Comme il les filme bien ! On craque littéralement pour cette fille tellement insupportable qu’elle en devient irrésistible. On est sous le charme de ce garçon faussement détaché, qui aspire jouir d’un bonheur qu’il sait illusoire. Leur histoire d’amour est souvent cruelle et désenchantée. C’est ce qui fait sa force et sa beauté. Cela ressemble à la vie. Et à ceux qui argueraient que le cinéma n’est pas la vie, on rétorquera que lorsque Pollack la filme cela a tout de même davantage de souffle que lorsqu’un tâcheron le fait. Cela s’appelle une fresque.

Beaucoup de romanciers fantasment d’écrire ce qu’on appelle le Grand Roman Américain, nourri de grands sentiments, grands personnages, grandes envolées lyriques, grands espaces, grande nostalgie, … Certains y sont parvenus tels Mark Twain, Faulkner, Hemingway, Salinger, Tom Wolfe, … Sydney Pollack en a fait de même pour le cinéma. Il est de ces superbes cinéastes qui ont su tourner de Grands Films Américains. Nos plus Belles Années fait indéniablement partie de cette catégorie de longs-métrages qui saisissent toutes les complexités, beautés et contradictions d’une grande nation qui jamais ne cessera de nous fasciner.

Nos plus Belles Années est programmé par Plan Séquence jusqu’au 15 avril en version numérique restaurée au cinéma Le Majestic de Lille.

Le superbe film-annonce où l'on entend la chanson The Way We Were, interprétée par Barbra Sreisand et récompensée par un Oscar. Nos plus Belles années est projeté en version originale sous-titrée en français.

Nos plus belles années
(The Way We Were)
Réalisation : Sydney Pollack
Avec Robert Redford, Barbra Streisand, Bradford Dillman, Lois Chiles, Patrick O’Neal, Viveca Lindfors

• 1973
• 118 mns
• Couleurs
• numérique

Affiche et film-annonce © Columbia Pictures

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