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« Le Nouveau » : Coup de cœur pour une comédie sur les années collège

Synopsis : La première semaine de Benoit dans son nouveau collège ne se passe pas comme il l’aurait espéré. Il est malmené par la bande de Charles, des garçons populaires, et les seuls élèves à l’accueillir avec bienveillance sont des « ringards ». Heureusement, il y a Johanna, jolie suédoise avec qui Benoit se lie d’amitié et tombe sous le charme. Hélas, celle-ci s'éloigne peu à peu pour intégrer la bande de Charles. Sur les conseils de son oncle, Benoit organise une soirée et invite toute sa classe. L’occasion de devenir populaire et de retrouver Johanna.

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P'tite gueule d'ange et vrai talent : Rephael Ghrenassia est Le Nouveau

Critique : Aux Etats-Unis, il y a des films qu’on nomme des « sleepers ». Ce sont des films qu’on ne voit pas forcément venir mais qui étonnent, séduisent le public, et deviennent de vrais succès populaires au box-office. C’est le destin qu’on aimerait,  à Lille La Nuit, que connaisse Le Nouveau, premier long-métrage d’un réalisateur de 36 ans, Rudi Rosenberg.

Présenté au dernier Arras Film Festival, le film a raflé tous les suffrages. C’est d’ailleurs le cas dans tous les festivals où le film a été sélectionné. Et on ne parle même pas des avant-premières où le long-métrage a été vu par de nombreux spectateurs depuis plusieurs semaines.

On espère que cette « stratégie » adoptée par Mars Distribution - qui sort Le Nouveau - sera payante, qu’elle permettra au film de Rosenberg de se frayer une place auprès du public familial. Parce qu’il sera difficile d’exister face au rouleau compresseur Star Wars : Le Réveil de la Force durant les fêtes de fin d’année. Mais à Lille La Nuit, nous croyons encore aux vertus du bouche-à-oreille.

Maintenant, après vous avoir mis en appétit, entrons dans le cœur du sujet : Le Nouveau, qu’est-ce que c’est ? Hé bien, c’est tout simplement la comédie de cette fin d’année la plus drôle et attachante que vous puissiez voir.

Rudi Rosenberg fait le choix d’exclure quasiment tous les adultes de son film (excepté Max Boublil, nous y reviendrons) pour filmer une bande de jeunes collégiens. Ces gamins, les parents vont les découvrir tels qu’ils ne les voient quasi jamais.

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Le collège, c'est aussi les histoires de cœur (Johanna Lindstedt et Rephael Ghrenassia).

La force du film, en plus d’être extrêmement naturel (toutes les scènes de classe semblent prises sur le vif) est qu’il s’adresse à toutes les générations, qu’on soit un gamin forcément concerné par cette histoire puisqu’on a l’âge des personnages, ou bien un adulte qui fut lui-même collégien. Mais Le Nouveau se fait plus universel encore car en plus de nous remémorer des moments qu’on a tous connus à l’école, il permet aussi de nous confronter à notre quotidien, notre difficulté à nous insérer dans un cercle qu’il soit professionnel ou amical.

Ce gosse qui se retrouve dans un nouveau bahut, tombe amoureux, se fait de nouveaux potes et même des ennemis, c’est un thème fédérateur. En plus d’être une idée maline, il se trouve que le scénario est bon, que la réalisation ne filme pas les gosses comme des petits singes savants, et que le film se permet même d’être assez irrévérencieux. Le regard sur la gamine handicapée (interprétée par l'adorable Géraldine Martineau) est très juste. A aucun moment Rosenberg et ses personnages ne s’apitoient sur son sort. On se moque d’elle (gentiment), on ne la ménage pas. Et de ce fait, on la considère.

C’est drôle, humain, toujours juste. Et même parfois émouvant car Le Nouveau s'intéresse à un âge de la vie pas toujours idyllique. Alors qu’il aurait pu être un « produit » calibré pour les fêtes de fin d’année, le film étonne par sa fraicheur. Si on devait le comparer à un autre long-métrage - encore que comparaison n’est pas raison -, c’est peut-être Les Beaux Gosses de Riad Sattouf qui viendrait à l’esprit. Pour vous donner une petite idée du ton du film, on peut donc oser cette parenté : Le Nouveau, c’est un peu Les Beaux Gosses façon collège.

L’association s’arrête là car le film de Rudi Rosenberg possède une véritable personnalité. Et ce qui fait que Le Nouveau fonctionne à plein régime, c’est qu’on sent ce jeune réalisateur venant de la pub (et ex-comédien) constamment sincère.

Lille La Nuit a rencontré Rudi Rosenberg et Max Boublil. La question qui nous intéressait était de savoir d'où est venue au réalisateur (également scénariste) l’idée du film ?

Rudi Rosenberg : « C’est pas mal autobiographique. Il y a beaucoup d’anecdotes qui me sont arrivées quand j’étais jeune. Max (Boublil) était l’un de mes meilleurs potes quand j’étais ado. On a fait pas mal de conneries ensemble. Je me suis pas mal inspiré de ça. Mais, ce n’est pas qu’autobiographique… »

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Max Boublil, drôle et touchant dans le rôle de l'oncle Greg.

Max Boublil : « Moi, la première fois que j’ai lu le scénario du film, je me suis dit mais c’est très personnel en fait. Il est en train de raconter notre histoire. Notre enfance, qui peut sûrement ressembler à beaucoup d’enfances. J’ai retrouvé tous les jeux, l’organisation d’une soirée, tous les p’tits jeux qu’on avait ensemble. J’ai trouvé très touchant de voir tout ça retranscrit dans un film. Ça m’a semblé logique de faire partie du film. Rudi ne me l’avait même pas dit quand il a écrit. Mais c’est vrai qu’il a écrit sur notre enfance, notre adolescence et les conneries qu’on faisait tous les deux. Lui s’apparente à Benoit, le nouveau dans le collège et je lui dis : « Moi je fais lequel ? Il me répond : ben l’autre ! » Oh putain, merde, il m’a donné le rôle du petit gros, Joshua, qui a minci depuis ! »

Ce qui est amusant, c’est que lors de notre conversation avec Boublil et Rosenberg, on retrouve la décontraction et le naturel du film. On sent poindre aussi une petite inquiétude chez le réalisateur car il s’agit d’un premier long-métrage qui lui tient forcément à cœur tant il est personnel. C'est touchant et ça nous change des "professionnels de la profession" (comme disait Godard) qui, parfois, sont trop dans le contrôle.

Du côté de l'interprétation : Max Boublil fait de l’oncle Greg, un adulescent, drôle, décalé, flirtant parfois avec le pathétique. Dans ce rôle, Boublil démontre sa capacité à être un vrai comédien. Il confirme après Les Gamins, son talent d’acteur.

Et puis, il y les deux « héros » du film : Rephael Ghrenassia, incarne Benoit : le nouveau !  Avec sa p’tite gueule d’ange, sa sincérité, il nous cueille dès le début du métrage. Joshua Raccah qui interprète son pote - et porte le même prénom dans le film - possède une véritable nature comique. Si ces deux là n’attrapent pas la grosse tête (faites attention les p'tits gars !), ils pourront peut-être faire un p’tit bout de chemin dans le cinéma. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.

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Joshua Raccah, véritable nature comique du premier film de Rudi Rosenberg : Le Nouveau.

Les autres enfants sont tout aussi étonnants, drôles, émouvants. On ne peut tous les citer (désolé) mais on en a tout de même repéré quelques-uns : Johanna Lindstedt, Guillaume Cloud Roussel, Pauline Leblond... On reconnaît en eux certains petits voisins, enfants, gamins d’amis, petits cousins. Ou plus simplement, des kids qu’on croise dans la rue… On salue l’énorme travail de casting - plus de 5000 enfants auditionnés - qui permet à ce film de bénéficier d’une distribution nickel chrome.

On recommande assez rarement une comédie française sur Lille La Nuit alors on le fait avec d’autant plus d’enthousiasme. Le Nouveau est dès à présent dans les salles. Voilà un film qui peut devenir un petit phénomène et, peut-être, un film générationnel.

Le Nouveau
Un film de Rudi Rosenberg
avec Max Boublil, Rephael Ghrenassia, Joshua Raccah, Guillaume Cloud Roussel, Géraldine Martineau, Johanna Lindstedt
81 minutes
Sortie le 23 décembre 2015
Affiche, film-annonce et photos © Mars Distribution

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