Odette Toutlemonde, un premier film réussi pour Eric Emmanuel Schmitt

Le 7 février sort dans les salles le premier film d’Eric Emmanuel Schmitt, Odette Toutlemonde, une ode au bonheur et à la tendresse. Lors de l’avant première du film à Lille au cinéma UGC le 8 janvier 2007, Schmitt venait présenter modestement son « Odette Toutlemonde », qui a ébloui et émerveiller la salle et pour cause…

>> UN FILM AUX ALLURES SUREALISTES

Ce film relate l’histoire d’Odette Toutlemonde (interprétée par Catherine Frot), une femme d’une quarantaine d’années qui vit à Charleroi avec ses deux enfants Rudy et Sue Helen. Odette mène une vie simple, travaille au rayon maquillage d’un grand magasin et elle est aussi une fidèle lectrice de Balthasar Balsan (joué par Albert Dupontel). Lors d’une séance de dédicace, elle le rencontre mais Odette n’arrive à exprimer l’admiration qu’elle a pour lui. Elle décide de lui écrire une lettre qui changera la vie de l’intéressé…

Cette histoire peut apparaître sans grand intérêt, mais Schmitt comme dans ses livres ne se limite à une histoire simplette. En effet, Schmitt est avant tout un écrivain et dramaturge, qui reçu en 2001 le Prix de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre.

Et cette année, il nous offre un film à mi-chemin entre réalité et imaginaire, où Odette s’envole quand elle est heureuse, arrive à faire danser des articles de maquillage à l’aide d’un plumeau et côtoie régulièrement Jésus..

Schmitt nous ébloui et nous transporte, et ses lecteurs se réjouiront avec quelle adresse il parvient à transmettre les même émotions au travers le livre que le film. En effet, après avoir réalisé ce film, le réalisateur a écrit l’histoire dans un recueil de nouvelles Odette Toulemonde et huit autres histoires, qui est par ailleurs depuis le 1er Novembre 2006 figure en seconde tête des ventes en France. Certains détracteurs diront qu’après tout c’était facile pour lui car c’est lui qui a écrit les deux et je leur répondrais que c’était le cas également le cas pour d’autres œuvres dans lesquelles l’auteur intervenait dans l’écriture ou la réalisation de l’œuvre. Mais malgré tout, cette procédure n’eut jamais l’effet escompté.

Pour un premier film, Schmitt réussi parfaitement à accrocher le spectateur à son siège et à passer outre toutes les erreurs de premier film. Ici, on ne retrouve pas de longueur, bien au contraire, un scénario bien huilé, des dialogues bien écrit, et une musique totalement enivrante tout cela mélanger à un peu de magie et vous obtenez ce merveilleux film..

>> HISTOIRE DE CLICHES

Selon Hitchcock « Vaut mieux partir du cliché que d’y arriver », et c’est Schmitt lui même qui le cite lors de l’avant première à Lille. Le réalisateur part en effet de clichés pour construire ses personnages principaux. Odette est considérée, au premier regard, comme une petite vendeuse, pas très cultivée, ayant un air un peu strict avec ses jupes droites et ses chemisiers. Quant à Balthasar Balsan, lui aussi est le cliché même de l’auteur à succès, accumulant, belles femmes, argent, notoriété. Mais au fur et à mesure du film, Schmitt va les montrer plus complexe, plus profond que de simples clichés. C’est peut être cela la force de l’auteur de faire de ces personnages des images que l’on connaît, qui pourrait être proche de nous, pour à la fin leur donner ce petit quelque choses d’exceptionnel.

On peut noter la qualité du jeu d’acteur de Catherine Frot et d’Albert Dupontel qui joue à la perfection leur rôle. De plus, le spectateur a réellement l’impression que les personnages ont été écrits pour eux, Schmitt nous a avoué « Je n’ai pas pensé pas à eux lors de l’écriture. » Mais il n’hésite pas, malgré tout à tarer d’éloges sur le travail des acteurs.
De plus, ce qui ajoute du charme à ce film est qu’il est rare de voir ces deux acteurs dans ce type de rôle, ils apportent une fraîcheur au film et leur originalité respective.

>> RELATION ENTRE UN AUTEUR ET SON LECTEUR

Odette Toutlemonde illustre également les relations entre l’auteur et le lecteur. En effet, un lecteur va « voir » dans son auteur préféré, l’inverse est un peu plus difficile. C’est d’ailleurs, l’une des peines de Balthasar Balsan, c’est de croire qu’il est qu’un auteur pour « caissière », et non un prétendant au Prix Nobel de Littérature. Par ce biais, Schmitt montre que les deux ne sont pas forcements incompatibles. Après tout qu’est-ce que ça veut dire être écrivain pour caissière ? C’est souvent un raccourci facile que l’on effectue lorsqu’un écrivain a un gros succès populaire. Est-ce pour autant un œuvre ne faisant pas parti de la littérature.

Le film souligne cet aspect que d’un coté comme de l’autre, un écrivain aura tendance à idéaliser son lecteur et vice versa, et que cette attente crée quelque chose de particulier.
Lors de l’avant première, l’auteur nous a confie « Durant une de mes promotion en Allemagne, j’ai reçu une lettre d’une lectrice dans un papier à lettre incroyablement Kitsch mais j’ai étais incroyablement touché par cette lettre, malgré les préjugés que j’ai pu avoir en la voyant aussi bien au sujet de la personne qui l’avait écrite que sur le contenu de l’objet »
C’est d’ailleurs, cette lettre qui lui donna l’idée d’écrire ce film et ce livre.

Un écrivain, un artiste est avant tout un personne qui s’ouvre et qui propose au lecteur, au spectateur de le suivre dans une histoire, une chanson, une musique et de lui procurer quelque chose qui est plus que du plaisir ou du divertissement et peut parfois nous donner à nous aussi envie de s’envoler…

Schmitt sera présent au Salon du Livre de Bruxelles du 2 au 4 Mars 2007 et le 10 Mars au festival du cinéma du film belge à Moustier.

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