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« Onoda » : Après « Diamant noir », Arthur Harari signe un grand film inspiré d’une incroyable histoire vraie

Pour son Actu Ciné, Lille La Nuit vous propose de découvrir un grand film : Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle. Second long-métrage d'Arthur Harari, Onoda a fait l’ouverture de la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes. Basé sur une histoire vraie à peine croyable, ce film humaniste, tout à la fois de guerre et d’aventures, drame et épopée historique, est aussi une œuvre métaphysique sur le temps qui passe. Vous ne verrez pas plus beau film qu’Onoda cette semaine.

Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle : un second long-métrage d'une maîtrise exceptionnelle.

Arthur Harari

On peine à croire qu'Arthur Harari, né en 1981, ne signe avec ce film que son second long-métrage, tant Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle, fait preuve d’une ambition, d’une maîtrise d’écriture, de mise en scène, du sens de l’espace, d’une assurance dans la direction des comédiens (le Français a intégralement tourné avec des acteurs japonais). Quand on sort des 2h47 d’Onoda (qui passent comme un rêve), on a l’impression d’avoir découvert l’œuvre d’un cinéaste confirmé, à la grande maturité, et dont le parcours artistique est riche d'une large filmographie. Si le premier film d’Harari, le très intéressant Diamant Noir, avec Niels Schneider, avait séduit, rien ne laissait présager un tel bon dans la maîtrise de son art par le cinéaste. Dès les premières minutes du métrage, nous voilà embarqués pour une expérience cinématographique, immersive, et sensorielle.

Une histoire incroyable... mais vraie

Le sujet d’Onora, pourtant vrai, est totalement dingue : un soldat japonais, perdu au cœur de la jungle philippine avec ses hommes, va continuer de croire plus de 30 ans après la fin de la seconde guerre mondiale et la reddition du Japon, que son pays est toujours en guerre. Paradoxalement, si l’on sait l’histoire réelle (Hiroo Onoda raconta son histoire dans un livre), il faut une sacrée dose de talent pour réussir à faire croire au spectateur un tel sujet, tant la réalité dépassa largement la fiction.

Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle : une histoire vraie qui dépasse toutes les fictions.

Le pouvoir de la mise en scène

Pour y arriver, Harari fait tout passer par la mise en scène. Le but qu'il semble vouloir atteindre est de nous faire ressentir le temps qui passe, sans jamais perdre ou ennuyer le spectateur. Ainsi, aux confins des cinémas de genre (le film d’aventures, de guerre, le survival, le western, le drame historique), le cinéaste signe une fresque qui travaille sur la temporalité. Sa mise en scène est à l’opposé d’un cinéma hystérique, construit avec un nombre de plans si nombreux, et un montage si épileptique, que la mise en scène en devient illisible. Harari filme les visages, paysages, décors naturels, marches dans la jungle, en n’ayant jamais peur de faire durer un plan, une séquence, un silence, un plan-séquence. Paradoxalement, le spectateur ne s’ennuie jamais car il entre en immersion. Par le pouvoir du cinéma, nous devenons acteurs du récit.

Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle : superbe photographie de Tom Harari.

D’illustres références

On sent qu’Harari a lu les grands auteurs de romans d’aventures (Au Cœur des Ténèbres de Joseph Conrad, dont Coppola tira Apocalypse Now, mais aussi Robert Louis Stevenson ou Jack London), qu’il a vu nombre de longs-métrages aux sujets ou ambiances similaires à son film (Apocalypse Now, encore une fois, mais aussi Duel dans le Pacifique, Délivrance, La Forêt D’Émeraude, tous trois de John Boorman, La Ligne Rouge de Terrence Malick…). Pour autant, Onoda échappe à la copie ou la redite. Arthur Harari a suffisamment de personnalité et de talent pour imposer sa vision de la guerre et des espaces naturels. Des hommes, aussi. On est fasciné par la relation qui se construit sur plusieurs années entre Hiroo Onoda et son second, Kozuka. Leur relation, tout autant basée sur un rapport hiérarchique, qu’amical, voire fraternel, ne s’abime jamais dans la caricature. On peut, peut-être, y déceler une minuscule ambiguïté qui n’est jamais levée par Harari. Il n’est pourtant pas interdit de penser aux rapports troubles (et pour le coup, très explicites) qui unissent les personnages du Furyo de Nagisa Oshima, avec David Bowie et Ryūichi Sakamoto. C’est au spectateur de décider… Mais Onoda est avant tout un film sur l’altérité.

Harari fait appel à des comédiens différents pour jouer, jeunes, puis vieux, les héros de son histoire. Endo Yūya et Tsuda Kanji incarnent Onoda, tandis que Matsuura Yūya et Chiba Tetsuya interprètent Kozuka, aux différents âges de leurs vies. Un choix casse-gueule qui s’avère payant tant on ne perçoit pas le changement des comédiens. Le temps qui passe nous paraît naturel.

Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle : un film sur l'altérité.

Un film à voir sur écran large

On ne saurait trop remercier les producteurs qui ont eu le courage de produire Onoda, et de laisser Arthur Harari imposer sa vision d'artiste. Il devient rare de voir des films français si ambitieux. Si l’on salue la section Un Certain Regard d’avoir sélectionné Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle au Festival de Cannes, on se demande pourquoi le film ne le fut pas en compétition officielle. Il est des mystères qui nous dépassent. In fine, réjouissons-nous que le film existe, et qu’il puisse être vu, dès cette semaine au cinéma. Un grand film, à voir absolument sur écran large !

Les infos sur Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle

Synopsis : Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu'il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l'Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s'achèvera 10 000 nuits plus tard.

Onoda – 10.000 Nuits dans la Jungle de Arthur Harari

Scénario : Arthur HARARI et Vincent POYMIRO Avec la collaboration de Bernard CENDRON librement inspiré de la vie de Onoda Hiroo
Musique : Sebastiano DE GENNARO, Enrico GABRIELLI, Andrea POGGIO, SATO Gak EtOlivier MARGUERIT

Avec ENDŌ Yūya, TSUDA Kanji, MATSUURA Yūya, CHIBA Tetsuya, KATŌ Shinsuke, INOWAKI Kai, Issey OGATA, NAKANO Taïga, SUWA Nobuhiro, YOSHIOKA Mutsuo, ADACHI Tomomitsu, SHIMADA Kyūsaku, Angeli BAYANI et Jemuel Cedrick SATUMBA

Durée : 2h47
Sortie le 21 Juillet 2021

Visuels : Le Pacte Distribution

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