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« Parasite » : La Palme d’Or réjouissante, insolente, corrosive, explosive de Bong Joon ho !

LillelaNuit ne pouvait passer à côté de Parasite : première Palme d’Or attribuée à la Corée et au cinéaste Bong Joon ho. Décernée à l'unanimité par son jury, il y a longtemps qu'une Palme n’avait suscitée autant d’attente et de passion. A la fois fable sur la lutte des classes, charge politique corrosive, comédie noire, film à suspense et d'épouvante, Parasite est un uppercut qui fait renouer le grand cinéma de divertissement avec le film dit d'auteur. Un choc !

Parasite à La Semaine de la Comédie

L'acmé du cinéma de Bong Joon ho

Bong Joon ho n’est pas un inconnu. Ce coréen du sud a déjà quelques beaux faits d’armes à son actif. Memories of Murder (2003) (matrice du film moderne de serial-killer), mais aussi The Host (2006), Mother (2009), Snowpiercer - Le TransPerceneige (2013) (à la revoyure, sans doute son film le moins convaincant) Hokja (2017).  Bong Joon ho fait partie du club fermé des grands cinéastes qui célèbrent les noces du cinéma de genre avec un supposé film d’auteur (qui n’a jamais vraiment existé : tous les genres cinématographiques, même les moins respectés par une certaine "intelligentsia", ont des auteurs).

Bong Joon ho passe allégrement du film de monstre au cinéma policier, du mélodrame à la fable dystopique. Mélangeant souvent, pour le plus grand bonheur de ses admirateurs, plusieurs genres dans une même œuvre.

C’est ce qu’il fait de nouveau avec Parasite. Qui apparaît comme l’acmé de son cinéma.

Bong Joon ho sur le tournage de Parasite.

Parasite présente une famille pauvre - les  Ki-taek - vivant dans un logement d'une insalubrité inimaginable. Un à un, ils vont s'arranger pour trouver un travail dans une famille richissime - les Park - sans que ces derniers puissent soupçonner un seul instant que les Ki-taek sont issus de la même famille. Évidemment, les choses vont peu à peu dégénérer…

Bong Joon ho n’épargne personne (surtout pas la Corée du Nord et son dictateur Kim Jong-un, qui s’en prennent plein la gueule) : les pauvres sont prêts aux pires infamies pour s’en sortir. Tandis que les riches sont d’un égoïsme sans nom et d'une bêtise crasse.

Cependant, on comprend vite pour quelle famille Bong Joon ho a le plus de sympathie.  Le parasite n’étant évidemment pas celui qu’on croit.

Fable drôle, méchante... politique !

Parasite est une fable féroce, méchante, insolente, caustique. D'une cruauté qui rappelle les grandes heures du cinéma politique italien. En regardant le film, on pense à une variation explosive du Théorème (1968) de Pasolini, tout autant qu’au cinéma d’Elio Petri et d'Ettore Scola. Mais Bong Joon ho lorgne aussi du côté du français Claude Chabrol qui se faisait un malin plaisir, en tant que grand bourgeois, de pulvériser une caste qu’il connaissait si bien.

Bientôt, ça va saigner !

La critique sociale se fait par le scénario, mais aussi par la confrontation des décors. Et la façon de les mettre en scène. D’un côté, on trouve un appartement miteux en sous-sol, rongé par les cafards. De l’autre, une maison de designer, au luxe tout aussi envoutant qu’indécent.

Bong Joon ho reproduit le même schéma qu’il avait utilisé dans SnowPiercer, le Transperceneige, inspiré du génial Metropolis (1927) de Fritz Lang. Les riches vivent au sommet de la pyramide, tandis que les misérables croupissent dans des «terriers », hors de la vue de la bonne et riche société sud-coréenne. L’idée est brillamment exploitée par le dispositif installé par le cinéaste. Les mouvements d’appareils et travellings, d’une élégance rare, dessinent une métaphore terrifiante et universelle de la lutte des classes, de la société de consommation et de l’ultra-capitalisme.

L'idée pourrait être apparaître démagogique. Mais ce serait oublier que Bong Joon ho creuse ce même sillon depuis plusieurs films. On ne peut le taxer d’opportunisme. Encore une fois, le réalisateur ne tire pas que sur une seule cible. S’il aime ses personnages, il ne leur fait aucun cadeau et ne leur offre point de répit.

Rêver à un ailleurs.

Parasite, Une grande Palme d'Or

Drôle et terrifiant, s'adressant à tous les spectateurs, Parasite est une Palme d’Or qui fera date. Le film aurait pu rafler tous les prix à Cannes. Son scénario est un bijou à la construction machiavélique. Sa mise en scène est au cordeau. Son interprétation aurait largement méritée un prix collectif. Quelque chose nous dit que Parasite est promis à un large succès public. Tout simplement parce qu'il est un grand film, nécessaire, salutaire, en ces temps difficiles.

Les infos sur Parasite

Synopsis : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne...

Parasite de Bong Joon ho
Avec SONG Kang-ho, LEE Sun-Kyun, CHO Yeo-Jeong, CHOI Woo Shik, Park So-dam, CHANG Hyae Jin
2019 / Corée du Sud / Corée

Durée : 2h12
Sortie le 5 juin 2019

« Parasite » est disponible jusqu’au 21 mai sur arte.tv.

Tous publics + Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Affiche, photos, Film-annonce ©  Les Bookmakers / The Jokers 

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